Hier
matin, trois dépités socialistes ont fait savoir (via Libé évidemment) qu’ils ne voteront pas en l’état le
programme de stabilité mardi prochain. Et pas n’importe qui : la 1°
vice-présidente de l'Assemblée nationale, le bras droit de Martine Aubry à
Lille et un ancien ministre ! En fait d’ancien ministre, ce n’est que
Christian Paul. Ça ne vous dit rien ? C’est pas grave… Il fut fugace
Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer sous Jospin en 2000-2002, le temps de
mettre en application dans les DOM les lois mémorielles Taubira et Cie sur
l’esclavage. Pour ça, fallait bien un énarque député de la Nièvre. Mais je
m’égare…
Les
trois guignols ne pourront plus se dédire sans perdre la gueule (c’est déjà fait), d’autant qu’ils sont tous bien
bordés et ne risquent rien du côté des sanctions du Parti… Lequel, stricto
sensu, passe donc d’une voix de majorité absolue à moins deux. Et il s’emble qu’il
s’en est ajouté d’autres depuis. On comprend mieux que Valls ait choyé
Jean-Michel Baylet avec deux ministres et un secrétaire d’Etat pour son PRG de
mes deux. Ceci-dit, les trois dépités socialos et leurs suiveurs se sont gardé
une porte de sortie : ils ne le voteront pas "en l’état"... Il
suffira d’une virgule changée de place, on a déjà vu ça. Pas de panique, le
programme va se ramollir encore d’ici le vote, là où ça fait trop mal à
certains. J’y reviendrai car je m’égare encore…
"Vers chez les Mous" justement (on dirait le nom d’un
hameau en Suisse romande…)
on sent que ça branle un peu du manche. Comme dit l’adage ploukèmien :
"Il y aura toujours un Raffarin pour faire l’appoint". D’aucuns pense
et le disent : "Ce putain de programme de stabilité contient bien des
points positifs et nous pourrions le
voter" (non,
ils n’ont pas dit putain, ce n’est pas leur genre)
Du
côté des mous, donc, tout épouvantés d’être classés à drouâte, peut-être même un
peu embarrassés de l’ampleur de la victoire au municipales, on n’oublie pas les
fondamentaux giscardo-centristes et la parousie fantasmée des deux-Français-sur-trois. En géométrie linéaire,
ne l’oublions pas, le centre n’est qu’un
"point" (donc
sans épaisseur) ne se
définissant que relativement aux valeurs propres des extrémités du segment.
Et, dans un espace à deux dimensions ou plus, si ce point est parfois
pompeusement qualifié de centre de
gravité, il reste un point (sans poids) dont le positionnement
découle directement et exclusivement des déplacements que lui impose la figure
au gré de ses déformations…
Le
centrisme n’est donc pas un humanisme mais un relativisme existentiel dépourvu de fondamentaux logiques propres.
Il ne peut donc s’identifier que par rapport aux autres ; et à ce que disent les autres plus encore qu’à ce qu’ils
font…
Le
discours "Valls avec les mous",
comment être contre ? Bien sûr, il ne va pas assez loin ; bien sûr, en
fait d’économies, les rares mesures
un peu (très
peu) détaillées
permettent d’espérer tout au plus stabiliser ou au moins freiner la… hausse des
dépenses. Mais la tchatche y est ! N’est-ce pas l’essentiel ?
-
Les brutos du PS ont la pétoche d’une
dissolution qui les priverait des ors de la République, laquelle, bonne fille, les
recaserait pour la plupart dans sa fonction publique plutôt que dans les files
d’attente de Pôle Emploi.
-
Les mous de l’opposition ont aussi la
pétoche d’une dissolution qui les laisserait tout nus à devoir faire le job
dans les pires conditions…
Sur
Fwance-cul et ailleurs, le tout-Paris est en émoi. Voilà qui arrangerait tout
le monde !
-
Les commentateurs auraient de quoi se
renouveler et leurs invités de quoi
justifier leurs cachets.
-
Grâce aux mous supplétifs, les brutos du PS pourront gagner en visibilité et se poser en statue du
Commandeur sans risque et à moindre frais.
-
Les mous centriformes se croiront une
fois encore indispensables en gagnant
une visibilité éphémère en attendant de faire pschitt une fois de plus, comme d’habitude…
Je
vois se dessiner un nouvel avatar de l’UDSR ; il y en aura d’autres… L’UDSR,
ça ne vous dis rien ? C’est pas grave… L'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (excusez du peu) était une formation politique de la
IV° République dont la spécialité consistait à faire l’appoint (en touchant les portefeuilles
qui vont avec) dans les
gouvernements de gauche comme de droite se succédant tous les six mois. Ses
figures tutélaires, Eugène Claudius-Petit et René Pleven, sont à elles seules
tout un programme… Ce qui devait arriver arriva. François Mitterrand s’en
empara (les
fourrés de l’Observatoire s’en souviennent),
en fit sa chose et, en gauchissant le discours, le fit digérer par une
soi-disant Convention des Institutions Républicaine. Laquelle besogna si
virilement les reins de cette vieille pute fardée de SFIO qu’elle finit par lui
faire accoucher du PS. Mais je m’égare encore…
C’est
toujours ça le lot du centrisme en fleurs qui se fanent. Regardez l’UDF. Après
ses riches heures giscardiennes, François Bayrou s’en empara, en fit sa chose
et toussa finit en MODEM…
Aujourd’hui,
la cruauté du calendrier et l’urgence électorale de définir une position sur l’Europe
met le feu à l’UMP, ce qui occulte un peu dans les médias les hésitations de ses
mous au regard du programme de stabilité. Mais la césure entre drouâte et
centre est à peu de chose près la même sur ces deux questions essentielles.
L’inefficacité
pour la France de ce programme hollandien à la con devrait conduire chacun à
rester cohérent avec soi-même :
-
S’il est cohérent avec son catéchisme économique et libéral soucieux d’efficacité
pour le pays, le centre ne devrait ni s’abstenir ni voter pour cette opération
de vent.
-
S’il est cohérent avec ses objectifs déclarés, Valls ne devrait pas ramollir
son texte et sortir l’article 49.3 de la Constitution autant de fois que
nécessaire. Ses nains de jardin suivront…
En
revanche, si ses brutos ne suivent pas et que les mous s’y collent pour leur
sauver la mise, ça pourrait avoir des effets très positifs en accélérant l’éclatement
de l’UMP, cette connerie majeure inventée par Juppé qui plombe la vie politique
de ce pays depuis 2002 en ayant marié de force la carpe et le lapin.
"et toussa finit en modem"... pour finir aujourd'hui en eau de boudin mi-Udi, mi-Alternative, mi-rien du tout. Zut, ça fait 3 "mi" ça, pas grave on n'est pas à une incohérence près avec les ventres mous.
RépondreSupprimerexcellent billet
Sympa, la géométrie vue comme ça...
RépondreSupprimerOn devrait l'enseigner aux enfants des écoles de cette façon