"Le paralytique se leva, prit son brancard
et marcha vers la sortie…"
(Marc, 2-12 más o menos…)
Tout est bon pour créer de la présence afin de masquer le vide. Qu’elle soit sans contenu importe peu. Le vide ?
Que le chômage augmente inexorablement, que des tueurs de l’Etat islamique
rentrent chaque jour chez nous où les attendent cellules de réinsertion et d’assistance
psychologique, que le parti du gouvernement subisse une Berezina électorale,
tout ça doit passer au second plan, à la rubrique des faits divers. Et même que
la radio d’Etat soit en grève depuis trois semaines n’est pas un "sujet"
à évoquer dans les brèves d’actualité avant la météo… Pour masquer le vide de
dirigeants qui se tordent fébrilement les mains de ne savoir quoi faire, oser faire ; le vide qu’ils
ont dedans…
Il n’y a donc pas d’autre chose à faire que d’inventer de la présence en saturant le livre d’images.
Depuis bientôt trois ans, le Pédalonaute nous
avait progressivement habitué à la dérive de la fonction présidentielle. Par un
effet de gravitation naturelle bien connu de Newton, l’incompétence, la
procrastination et le manque de courage aidant, des envolées lyriques du
discours du Bourget on en est venu à la fonction de simple commentateur
distancié d’évènements qui ne dépendent pas de lui. Un commentateur dont le
rôle bienveillant se résume à faire de la pédagogie
pour nous expliquer que c’est comme ça et que ça va passer…
Mais face à la lassitude des usagers du livre d’images, il faut toujours en rajouter car la
présumée qualité des commentaires ne suffit plus pour assurer l’audience. Il faut que la tête d’affiche agisse. Que faire pour rester présent ? Que faire quand non seulement on
ne sait pas faire mais qu’on n’osera jamais dire qu’on est convaincu qu’il n’y
a plus rien à faire ? Que reste-t-il dans la boîte à outils ? Même pas d’aller inaugurer des usines, il n’y
en a plus. Restent les chrysanthèmes…
Alors, il va présenter ses condoléances au nom de la Fwance, inaugurer des
chapelles ardentes, recevoir les familles, accueillir à l’aéroport, et… il sort
marcher… Et pour ça, il faut évidemment être aux aguets pour ne rater aucune
occasion. Le drame, c’est que lorsqu’il ne se passe rien de quelque gravité
plusieurs jours de suite (ça arrive), il lui faut
alors quand même se manifester pour des riens. Et du coup, il faut qu’il le
fasse pour tout afin de ne peiner personne… Le pli étant pris, il ne pourra
désormais plus en sortir avant 2017. Il n’est désormais plus que deux choses :
- 1° Un présentateur télé qui sait annoncer les derniers faits divers avant ses
concurrents des chaînes d’info en continu. - 2° Un préposé, genre ordonnateur
des pompes funèbres, celui qu’on voit toujours au premier plan sur les images
chaque fois que des célébrités ou des enfants des écoles viennent déposer des
fleurs, des bougies ou des dessins sur une scène
de crime…
On vient encore de voir ça en de tristes
circonstances.
Mais cépatout.
Le crash aéronautique a judicieusement meublé
72 heures durant lesquelles on a carrément pu oublier les élections en pleine
derrière ligne droite, ce qui a permis à Manu de faire une indispensable cure
de sommeil. Mais après ?
Pas grave ! Il suffit d’annoncer que le
Pédalonaute se rendra dimanche à Tunis pour une marche contre le terrorisme. Un
petit remake local de Paris le 11 janvier.
L’avantage, c’est que si rien ne se passe d’ici-là,
ou pourra en causer toute cette fin de semaine en tricotant des hypothèses sur
les retombées possibles en marge de l’évènement
de la présence attendue de Mahmoud Abbas soi-même et de Matteo Renzi, sans
oublier Federica Mogherini, celle qui va nous changer de Lady Ashton que je
vous dis pas…
L’avantage, aussi, c’est que les occasions de
renouveler ce genre de marches vont se multiplier dans les mois et les années
qui viennent. Les Je suis X ou Y vont
avoir d’autres occasions de marcher. Voilà qui assure un plan de charge prometteur
pour l’agenda du Charlie en chef.
Ce pays est vraiment foutu.
J'espère qu'on ne va pas lui trouver un pilote "suicidaire"... Enfin, paraît-il. C'est le nouveau mot pour kamikaze.
RépondreSupprimerParce qu'imagine un instant que tu aies ensuite 10 millions de cons qui défilent avec pancarte "je suis Hollande".
Le cauchmar !