Avant-hier
soir, en zappant d’une soirée d’élections
à une autre pendant les pubs entrelardant la série policière que je suivais
distraitement, je suis tombé sur Bayrou "en duplex depuis Pau" sur je
ne sais quelle chaîne. Disons que j’éprouve pour Bayrou une sorte d’estime et d’indulgence
qui tient à son bon sens terrien rendu inopérant par le fond de sauce
démocrate-chrétien dans lequel il est tombé comme Obélix quand il était petit.
Entendons-nous bien : je ne voterai jamais pour mettre ce type aux
manettes (il
ne faut jamais dire jamais, oui je sais)
On reconnaît l’arbre à ses fruits, et outre son manque de discernement dans
certaines circonstances ou certains domaines, son passage au ministère de l’Education
Nationale me suffit. Il est vrai que son principal titre de gloire fut alors,
après avoir dit qu’on allait voir ce qu’on allait voir, de remettre au bout de deux
mois aux syndicats les rares dernières clefs de la boutique qu’ils n’avaient
pas encore… Faut dire, il est vrai, qu’à l’impossible nul n’est tenu…
Cela
dit, malheureusement contaminé par le politiquement
correct qui tue la parole publique,
il a sûrement plus que de vagues souvenirs des fondamentaux non négociables pour la survie de l’espèce. Au
demeurant, il lui arrive d’avoir des idées et, faute d’être aux affaires, il
ferait sans doute un visiteur du soir
très convenable…
Lundi
soir donc, la gonzesse co-animatrice du débat (une tête déjà vue souvent mais ne me
demandez pas qui s’était)
lui demande comment il se positionne par rapport au "ni-ni" prôné par
Sarko dans le cas de duels FN-XX, persuadée qu’il allait enfoncer le clou du mol-Zentrum manière Juppé-Lagarde et
Cie. Effectivement et comme on s’y attendait, notre Bayrou réfuta la pertinence
du ni-niisme. Toute réjouie, la dame
en conclut donc forcément qu’il appelait
à voter en bon petit soldat du Front
républicain. Moment de silence et Bayrou reprend, ce qui, en substance, donne
à peu près ceci : "- Madame, vous n’avez pas compris ce que j’ai dit. Tout
n’est pas dans l’étiquette. L’électeur privé de son champion au second tour n’a
pas besoin de consignes de partis ; il lui faut juger de la valeur des
hommes et des femmes restant en présence, au regard de ce qu’ils sont, de leur
adéquation à la fonction, de la solidité de leurs convictions, etc."
Du
coup, la fille enfonce le clou : "- Donc, bien évidemment, vous
appelez à faire barrage au FN !" L’autre : "- Vous n’avez
toujours rien compris, le choix est dans la qualité des individus." La
fille : "- Ben oui, en fonction des valeurs ; c’est tout vu !" Et c’est parti sur les valeurs… Bayrou
n’en démord pas ; on sent qu’il voudrait dire que les valeurs dont il
cause lui n’ont pas forcément grand-chose à voir avec les "valeurs" dont se gargarise la
gonzesse. Mais il ne peut pas, ça-ne-se-fait-pas et c’est au-dessus de ses
forces…
Plus
le temps passe, n’arrivant pas à lui faire dire ce qu’elle attend, comme il est
désormais d’usage chez les animateurs de
débats et les interviewers, la
fille affiche son camp sans vergogne avec des reflets dans le regard et des rictus
tordant la bouche qu’on imagine chez une chienne de garde de Ravensbrück dans
un film gore…
Sauvé
par le gong… L’annonce que je-ne-sais-plus quelle grosse pointure allait
prendre la parole permet alors de couper brusquement le sifflet à Bayrou (et à la fille qui
devait commencer à inquiéter son collègue)
Ainsi
vont les valeurs en Socialie…
Ce
qui vaut ne peut pas toujours être évalué et ce qui peut être évalué ne vaut pas
forcément.,
(en
paraphrasant Albert Einstein...)
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