Sans nous faire trop d’illusions, nous avons tous
notre petite idée sur le fonctionnement interne du Parlement européen. C’est une de ces superstructures hors-sol, une
de ces "institutions" qui n’a de compte à rendre qu’à ses mandants, c’est-à-dire
aux électeurs d’ici et de là, c’est-à-dire à personne…
Un "machin", comme disait De Gaulle.
Dans toute personne
morale, quel que soit son rôle dans le bousin, il faut distinguer deux
choses : D’une part le job qui
est le sien et, d’autre part, les moyens qu’elle se donne pour le faire,
disons pour simplifier les frais généraux
et ce qu’on met dedans (ou parfois tolère qu’on mette dedans…)
- Dans les grosses structures du secteur
marchand, comme par exemple les multinationales, il y a toujours au final un
juge de paix qui constate combien de cents
ont été gagnés ou perdus par dollar engagé. C’est clair et (en théorie) sans bavures. Pourtant on y
en voit des vertes et des pas mûres… Cépabien
mais c’est comme ça et il ne faut pas trop en faire un fromage. Il y a les gagne-petit
qui rapportent les rouleaux de PQ de la boîte à la maison ou qui téléphonent à
la belle-mère en Australie, ceux qui bossent pour leur compte dans les bureaux,
les petits meurtres entre amis… C’est la nature humaine qui veut ça. Et accessoirement,
même si c’était l’autre jour la journée
de la femme, comme disait le poète : Il faut bien que la chair exulte…
- La particularité d’un parlement en démocratie est d’une autre nature : Pour
faire le job (lois, etc.) il a la maîtrise de ses frais généraux puisqu’il en fixe le budget comme
il l’entend et sans limites. Vous me direz que celui-ci va impacter la loi de
finance et qu’au final l’électeur sera le juge de paix… qu’on ne convoque en
assemblée générale qu’une fois tous les cinq exercices comptables, généralement
pour lui parler d’autre chose…
- On voit déjà bien ce que ça donne au Palais
Bourbon. Mais à Strasbourg on a ça multiplié par vingt-huit… En plus, le juge
de paix est saucissonné par "grandes régions" arbitrairement définies
hors-sol avec un scrutin de liste où les candidats n’ont comme seule légitimité
que la manière dont ils ont su se pousser du coude dans leurs réseaux et les
organigrammes de partis qui ne représentent plus rien.
En général, quand on rassemble ce genre de gens dans
un même organe, ils ne se tirent pas vraiment dans les pattes, chacun ayant au
moins une bonne raison personnelle de ne pas critiquer les petits errements du
voisin…
Je me souviens d’avoir vu un jour sur je ne sais
plus quelle chaîne un reportage télévisé réalisé en caméra cachée sur un
échantillon de députés européens de diverses nationalités. Les types arrivaient
le matin, signaient la feuille de présence de la réunion – plénière ou en
commission – tournaient les talons et repartaient illico se faire voir
ailleurs. Bien sûr, on n’allait pas en faire un fromage, il ne faut rien faire
qui puisse décrédibiliser l’institution,
n’est-ce pas ?
Mais ces
jours-ci (comme c’est curieux), le président du Parlement européen, Martin Schulz soi-même, aurait saisi
l’Office européen de lutte anti-fraude.
Il suspecte 20 sur 24 des assistants parlementaires engagés par les élus
du Front national de ne jamais travailler au Parlement européen alors qu'ils
sont payés sur le budget communautaire, ce qui représenterait un préjudice de 7 500 000 euros sur cinq ans de
législature. Bien entendu, il aurait aussi averti M’ame Taubira, notre estimée
ministre de la Justice, "ces faits pouvant être assimilés à un financement
illicite de parti politique". Evidemment…
C’est que le Parlement européen a enquêté : " L'organigramme de
la direction nationale du FN reprend 4 assistants accrédités à Strasbourg ou à
Bruxelles et 16 assistants de circonscriptions. Et parmi ces derniers, dix ont
conclu un contrat de travail qui indique comme adresse du lieu de travail celle
du siège du FN à Nanterre et certains ne travaillent pas pour le député auquel
ils sont liés par un contrat de travail".
Appréciez les efforts brusquement déployés pour étayer le dossier de
saisine de l’Office anti fraudes ! On n’avait pas encore vu ça. Il a bien
fallu rémunérer un cabinet de détectives privés pour réunir et recouper au
préalable tous ces documents. Sans décision judiciaire de diligenter une
enquête préliminaire, ce n’est quand-même pas la police qui s’en est chargée !
On est des Etats de droit n’est-ce
pas ? Euh… Ôtez-moi un doute…
Mais bon, il faut que Transparence et Exemplarité progressent enfin.
Puritanisme et Tartufferie ne sont après tout que des dommages collatéraux sans
importance…
On va me dire que j’ai l’esprit mal tourné, mais je ne pense pas qu’une
telle enquête ait été envisagée à titre
de précaution sur les assistants parlementaires des élus EELV par exemple…
Ni sur les occupations d’Olivier Besancenot durant les deux années où, détaché
en disponibilité par la Poste, il a été assistant parlementaire d’Alain Krivine,
alors député européen,… juste avant d’être lancé dans la campagne
présidentielle…
A part ça, c’est aujourd’hui la journée nationale de l’audition.
2P2M c'est magique
RépondreSupprimerPopeye