J’évoquais hier les "printemps" (de fleurs, de couleurs, etc.)… Je disais qu’ils seraient "éternels". Le
mot était mal choisi : ils m’ont semblé "éternels" dans leur répétition
seulement ; seulement chez nous et
depuis pas si longtemps. Et, de par leur nature de printemps, ils font pschitt
au bout de quelques mois. Parfois parce que ça lasse mais surtout et souvent
parce qu’ils avaient bénéficié d’une gonflette exagérée de la part de nozélites,
lesquelles ne veulent jamais rien savoir des effets secondaires de leurs
produits dopants…
Il est vrai que nozélites ont une fâcheuse tendance à voir des printemps
partout. Même dans les plaines d’Ukraine ensemencées par Tchernobyl, c’est
dire. Pourtant, il y a des évènements dont on est sûr qu’ils ne seront jamais
qualifiés de printemps ; et qui bénéficient même curieusement d’une
discrétion étonnante de la part de médias toujours en quête de tirer à la ligne
dès qu’il y a neuf morts et quarante blessés…
C’est le cas des récents évènements de Kumanovo en Macédoine. La république
de Macédoine, vous connaissez ? Pas trop. Bien plus près de nous qu’Athènes,
faut dire que ce morceau de l’ex-Yougoslavie, membre de l’ONU, n’y a même pas
le droit d’y être appelé par son nom à la demande de la Grèce… Faut dire aussi
qu’il est peuplé à plus des deux-tiers de Slaves orthodoxes avec une minorité
de 25% de musulmans albanophones. Jusqu’à avant-hier soir, ça se passait plutôt
bien…
Et voilà que brusquement ça bouge. Concrètement, ce sont des "milices"
albanaises fortement militarisées ayant leur base arrière au Kosovo voisin qui
ont attaqué la ville géostratégique de Kumanovo, très proche des frontières du
Kosovo et de la Serbie. On relève 8 tués et 37 blessés dans les rangs de la
police.
N’ayant formulé aucune revendication claire, les assaillants se réclament d'une
organisation ne bénéficiant du soutien d'aucun parti macédonien ni… d'aucun
pays voisin.
Pourquoi n’en parle-t-on si peu, quasiment à la rubrique des faits divers ?
D’abord, manifestement, entraînés et bien équipés, les assaillants étaient
d’anciens membres de l’UCK, l'Armée de libération du Kosovo. Or, la
démilitarisation de l’UCK était un des points clé de l'accord de 1999 mettant
un terme à l’intervention de l’OTAN contre la Serbie avec la création de l’Etat
maffieux du Kosovo. Et l’OTAN s’est bien gardée de veiller au désarmement des
bandes de l’UCK qu’elle avait porté au pouvoir, pas plus qu’elle ne s’intéressait
aux trafics d’organes… Mais ce n’est pas pour ça que les occidentaux ne s’intéressent pas à ce qui est en train de démarrer
en Macédoine…
Comme par hasard, résonnent les trois coups d’un nouveau théâtre d’instabilité dans les Balkans.
Il est vrai que, depuis quelque temps, quelques mouvements et autres ONG
locales du genre qu’affectionnent et subventionnent les occidentaux tentaient d’agiter la rue sur le thème des minorités
brimées ; sans grand succès, d’autant que l’Albanais est plus porté aux
activités maffieuses qu’au rêve d’une grande Albanie ou à l’envie de tomber
sous la coupe d’un khalifat. Du coup, on passe à la lutte armée…
Pourquoi ? On ne peut pas s’empêcher de penser qu’après les pressions
exercées sur la Bulgarie, déstabiliser la Macédoine proche viendrait encore
contrarier le projet du South Stream,
cet énorme gazoduc qui acheminerait le gaz russe en Europe via la Turquie en
contournant l’Ukraine. Ce que les USA ne veulent à aucun prix pour deux raisons :
D’abord cela réduirait au profit de Poutine la valeur du pion Ukraine dans l’affrontement
USA-Russie. Ensuite, ça ruinerait
la valeur des actifs des consortiums américains qui sont en train d’acheter
à prix de braderie les gazoducs ukrainiens !
Ni les USA ni l’Europe (tu m’étonnes !) ne se sont manifestés après l'attaque du 9 mai dernier à Kumanovo. Les intérêts à
court terme, mon bon monsieur. Et tant pis si on met une allumette dans un
petit pays multiethnique et multiconfessionnel avec déjà quelques tensions
intercommunautaires en plein Balkans après les films de Bosnie et du Kosovo…
Heureusement qu’on a Charlie !
à Kumanovo
lundi après les combats
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