Le
transfert des cendres au Panthéon, solennité
apériodique mais fête d’obligation du culte républicain, est un rite qui
perdure depuis 224 ans malgré les aléas des régimes politiques successifs. Les Saintes Espèces utilisées pour susciter
si possible l’adoration des fidèles ou, du moins, l’expression de leur respect administratif, ne servent qu’une
fois. Il en faut donc beaucoup. Si 27 offices seulement ont été célébrés en 224 ans, il y a parfois eu des fournées nécessitant au total le
déplacement de 71 cadavres ! Autant dire qu’il y avait de tout et une
majorité de dépouilles d’enfants du bon Dieu dont nous avons perdu la mémoire.
Si
les restes d’un escroc nommé Mirabeau, premier du lot, et d’un tueur en série
nommé Marat ont été après coup discrètement virés, il doit bien en rester d’autres…
On
notera que si la 5° République n’a panthénoïsé
que dix de ses enfants en 56 ans, un seul l’a été en onze ans sous De Gaulle (Jean Moulin) et un en douze ans sous Chirac (Alexandre Dumas), le record absolu revient à
Mitterrand qui a déplacé huit cercueils durant ses deux mandats !
A
l’évidence – et ça se retrouve sous la 3° République dans sa période 1884-1908 –
ce théâtre funéraire est particulièrement prisé par la sensibilité "sinistre"
(laïque, progressiste, toussa…), d’autant
que le cérémonial se déroule dans un temple volé en son temps à l’Eglise, donc
foncièrement républicain.
Il
va de soi que le Pédalonaute ne devait pas être en reste. D’autant qu’il n’a
plus grand-chose dans sa boîte à outils pour meubler.
Et
le nouveau transfert, temps fort de
la liturgie républicaine, est particulièrement grandiose :
Sans
doute pas grandiose au sens de la qualité théâtrale du spectacle, des décors,
de la chorégraphie et de l’accompagnement musical, non. Ça risque même d’être
assez kitch, quelque chose à mi-chemin entre la descente aux flambeaux d’une
cohorte de hallebardiers d’opéra et le convoi funèbre de Mozart rasant les murs…
Mais grandiose tout de même par sa manière de concrétiser en un seul tableau,
de synthétiser en une seule représentation solennelle, de symboliser dans une
unité de temps et de lieu la substantifique moelle du quinquennat :
-
Le mémoriel, toujours le mémoriel. Et, surtout, le mémoriel des HLPSDNH, seule
référence cultuelle qui reste pour valider la religion républicaine, la
justifier par la foi comme par les saintes écritures.
Va
pour Pierre Brossolette, haute figure de la Résistance et convenablement
socialiste. Mais pourquoi aller déranger
ses cendres, les bousculer ? Il y a déjà celles de Jean-Moulin pour faire
le job. Pourquoi ajouter encore un symbole au symbole ? Pour meubler l’ère
pédalonautique… Fallait en trouver un. Ça me fait penser aux efforts qu’il
fallait faire il n’y a encore pas si longtemps pour trouver dans les hôpitaux
encore un ou deux poilus de 1918 à décorer…
-
Et puis Jean Zay. Paix à son âme. S’il n’a, semble-t-il, rien eu à se reprocher
comme soldat en 40, le seul titre de gloire à son… actif est d’avoir été
assassiné par des sbires de la milice. Bien d’autres l’ont été aussi et on ne s’en
souvient pas. Mais lui avait été rad-soc’, franc-maçon, ministre du Front
Populaire et avait accessoirement conchié le drapeau français… Le symbole, là,
c’est que l’adresse "Aux grands
hommes la Patrie reconnaissante" peut dorénavant être attribuée à n’importe quel politicien ayant eu la chance de se faire flinguer
par des méchants (pour
peu qu’il soit du bon bord)...
Mais
le plus grandiose n’est pas là ! Il est dans la nécessaire intervention de
la parité, nouvelle dimension
indispensable à la validité du culte. Germaine Tillion et Geneviève De
Gaulle-Anthonioz, chacune dans son genre, font l’affaire. OK.
Et
là, on atteint le sublime ! Les familles de ces deux dames, sans se
concerter et en dépit des pressions qu’on imagine, ont farouchement refusé qu’on
vienne exhumer leurs proches de leurs caveaux de famille pour aller les balader
en spectacle. Puis les fourguer dans un recoin de ce mausolée glacial où il est
interdit aux familles de venir mettre un pot de chrysanthèmes à la Toussaint !
Et toussa, pour servir peut-être de
fond d’écran aux selfies de quelque
Japonais de passage…
Bref,
le plus grandiose c’est qu’on va rentrer en grande pompe dans ladite nécropole
deux cercueils vides lestés d’un peu de sable… Et Moi-président fera au
prompteur le joli discours bien senti qu’une "plume" aura écrit avec
les mot-valise de rigueur et en pompant sur Wikipédia pour meubler les blancs…
La
hollandie dans toute sa splendeur !
Si le mec pantheonise du sable, c'est qu'il veut faire la promotion de l'industrie du verre
RépondreSupprimerVendu à saint Cobain et à Murano, je vois pas autrement....
Ou alors une régression infantile, sur le mode bains de mer et châteaux de sable ?
RépondreSupprimerPossible, après tout, on a vu pire, entre Félix qui retrouvait puis perdait sa connaissance et Paul qui, harcelé de jour comme de nuit en venait à se gourer de porte ( se retrouvant sur le quai alors qu'il retournait au lit) ,les exemples ne manquent pas qui illustrent la toxicité du job
Attention la terre proviendra des tombes de ces 2 grandes dames !
RépondreSupprimerLa laïcité qui se met aux reliques ! Et avec ces cercueils symboliques !
C'est grotesque et affligeant pour la mémoire de ces héroïnes. Une plaque à leur nom ne suffisait pas, il fallait du théatral, du paraitre...
Je me demande s'il va oser se faire filmer avec une rose... Ce qui est certain, le discours sera, heuh, imprégné, heuh, d'un élan heuh, statique.
Droopyx
C'est à dire ?
SupprimerIls grateront un peu autour du caveau à Colombey ?
Le gardien de cimetière arrivera, mostach' casquette tarin vernissé par le cote du Rhône, en se hâtant "hé kes vous faites là ? hé c'est interdit, là ! hé vous entendez ? foutrebouc, à trois je tire !" en dégainant son simplex ( Manufrance, deux canons, idéal pour la sauvagine..... pour la bartavelle, par contre......)
On verra ensuite dans les journaux, la tronche à Gaspar Ganzer sur un lit d'hôpital avec l'infirmière lui retirant le petit plomb à coup de pince à épiler.....
Le père mondragon, le gardien de cimetière, sera en préventive, où il fera un pré delirium.....
On ira à ses funérailles et on portera des ticheurtes "je suis gardien de cimetière"....
La question qui reste, c'est" qousque tandem..... "
Elle est pas à Colombey la dame ! Pour elle, ce n'était que le bled où son vieux tonton Charles s'était acheté une résidence secondaire avant guerre pour s'y retirer dans ses vieux jours... Pas son truc ! Elle est inhumée selon ses voeux aux côtés de son mari dans le douar d'origine d'icelui en Haute-Savoie...
SupprimerAlors le gardien se nommera Minjoz ou Vuillermoz au lieu de Mondragon !
SupprimerC'est autant souchard, donc en plombant le conseiller zpesial en kommunicazion de François dernier, il se retrouvera au gnouf tout pareil
À moins qu'il se débarrasse du corpus delicti.....
On lui suggère un autre outil que le simplex Manufrance pour la première partie de la chose
Pour la deuxième, ma foi, on est dans un cimetière, pas vrai ?
Et là, j allume la télé et j entend une pub pour un téléfilm qui passera mardi sur France 3 ( tele publique) mardi soir. Bref...
RépondreSupprimerJean zay, le conchieur de drapeau;;; voila qui en dit long sur les choix du pédalonaute.
Les deux femmes..; parité oblige, les pauvres, se faire honorer par un gusse comme Hollande , de quoi les reveiller... quelle pitié !
J'ai entrevu cette annonce. Et noté qu'on le présentait non seulement comme un grand ministre du Front popu, initiateur d'un tas de trucs pour les enfants des écoles, mais aussi comme un "résistant" !! Le téléspectateur lambda déculturé voit tout de suite le type risquant sa peau dans les maquis ou les réseaux... Arrêté par Vichy dès l'été 40 et condamné aux procès de Riom montés pour juger les "responsables du désastre", il a passé toute l'occupation désoeuvré en taule. Avec pour seule "héroïcité" d'avoir eu la malchance d'être assassiné par ses geôliers en 44 à l'approche de leur déroute...
SupprimerJe suis tombée sur une citation que ces commémorateurs à tout va devraient méditer: "La tradition est la passation du feu, non la vénération des cendres." (Gustav Mahler)
RépondreSupprimerallez , oubliez tout ceci
RépondreSupprimersur vronze cul , y a une émission ( non pas séminale ,mais bon.....) sur les dessous de la panthéonisation de geneviève anthonioz de gaulle
c'est comme si c'était fait en somme
sitôt dit sitôt fait , non?