Je
me vois encore à Palmyre. Il y a vingt-deux ans de ça… J’avais alors la chance
de loger quelques nuits dans le vieil hôtel d’allure coloniale, le seul dans
l’oasis au plus près des ruines ; pas dans l’espèce de motel en béton
blanc sans âme "des touristes" à la sortie de Tadmor, le bled
moderne. Je me revois surtout le soir où j’étais parti à pieds grimper jusqu’au
"château arabe", le Qalat ibn Mann qui domine le site. J’y étais allé
pour avoir une vue générale de la cité de la bien fugace reine Zénobie, site
immense, plus grec que romain avec ses canalisations en pierre et non pas en
terre cuite. J’y allais non seulement pour avoir une vue générale, mais surtout
en présageant le spectacle, unique et changeant, qu’allait m’offrir jusqu’au
crépuscule le jeu doré du soleil couchant sur les pierres et les colonnes. Je
n’ai pas été déçu…
Hier,
tant qu’à faire, les tueurs de l’Etat islamique ont profité des gradins du
théâtre romain du lieu pour que la foule qu’ils y avaient rassemblée manu
militari profite dans les meilleurs conditions visuelle et acoustique de
l’égorgement de vingt civils chiites et alaouites prévu en lever de
rideau…
Si
mon âge en est désormais une, ce n’est pas la principale raison qui fait que je
ne verrai plus Palmyre. Et bientôt personne d’autre d’ailleurs…
Et
cela m’a ramené en pensée vingt ans encore auparavant, en Afghanistan : Je me
revois encore à Bâmiyân avoir pu grimper sur la tête d’un des trois Bouddhas
taillés dans la falaise. Ceux-là non-plus on ne les reverra plus. Ça fait déjà
14 ans que les Talibans les ont réduits en poussière à coups de canon… Depuis,
les mêmes causes produisent les mêmes effets mais nous savons bien que ça n’a rien à voir…
C’est
bien sûr l’actualité causant de
Palmyre qui m’a fait repenser à toussa
avec un peu plus qu’un brin de nostalgie et de regret de voir disparaître, hier
et bientôt demain, ces morceaux de patrimoine.
Mais ça n’aurait sans doute pas suffi pour justifier un billet purement sentimental.
Hier
soir, j’ai lu chez Tak un texte d’un certain Joseph Mann. Parfois brutal comme un
coup de poing, parfois excessif, paradoxal, voire contradictoire, ce brûlot m’a
fait réfléchir. Il s’intitule "Palmyre contre Palm-beach" C’est LÀ et je vous invite à le lire. J’insiste.
C’est même un ordre…
Vos billets, Monsieur P.E, sont bien souvent édifiants; celui-ci en est un et je vous en remercie.
RépondreSupprimerJ'ai lu, grâce à votre lien, l'article de tak.fr: j'en reste troublé.
Evoquer avec grâce notre lourdeur et avec beauté notre laideur ne laisse pas indifférent.
Ainsi que pourrait dire Hashtable, notre monde est foutu.
J'en ai, certainement moi aussi, une part de responsabilité, par désinvolture peut-être...
Mes amitiés.
j'ai suivi ton conseil, c'est effectivement un bel article, parfois très excessif et souvent très juste !
RépondreSupprimerDans les deux decennies passée deux images m ont de manière égale profondément bouleversé: les twins towers en feu et la destructions des boudhas de Bâmiyân.
RépondreSupprimerVous voulez parler de l'hotel construit autour des bains d'eaux chaudes ??
RépondreSupprimerLe septuagénaire que je suis ne se souvient pas des bains d'eau chaude. En tout cas, c'était un petit hôtel vieillot dans la palmeraie avec une douzaine de chambres... J'avais 48 ans à l'époque (et seulement 27 à Bâmiyân...)
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