L'agression, ce
week-end à Reims, d'une jeune femme par cinq autres jeunes filles et femmes a
déclenché des réactions parfois très vives ces derniers jours, incluant des
débats et des réflexions parfois hâtives
sur une éventuelle composante
religieuse à l'agression…
Résumons. Donc une
jeune fille accompagnée de deux amies profite de la canicule pour faire
bronzette (non
pas en bikini mais en short et soutien-gorge de maillot de bain) sur la pelouse d’un
parc en bordure du stade de Reims. Passe alors un groupe de cinq gazelles âgées
de 16 à 24 ans, "originaires de
divers quartiers" dont une lui lance d’aller se rhabiller ! En ajoutant que… ce n’est pas l’été (!) L’interpellée réagit par quelque propos jugé
blessant par son interlocutrice qui
la gifle ; s’en suite semble-t-il une autre en retour. Aussi sec, les cinq
se jettent sur la baigneuse virtuelle. Laquelle n’a dû son salut qu’à des
passants qui ont quand-même pris sa défense et appelé les pompiers. Admise aux
urgences de l’hôpital, elle en est ressortie avec 4 jours d’ITT. Les trois
majeures seront convoquées en Correctionnelle mi-septembre. Les deux mineures (+ de 16 ans…) iront se marrer en
écoutant la bonne parole du juge pour enfants…
Bon. Ce fait-divers a évidemment été rapporté
par L'Union-L'Ardennais, éminent
organe local de la PQR. Et, bien évidemment, l’affaire a fait le buzz sur les réseaux sociaux tant l’acuraba
de base est plein de bon sens terre à terre. Et les commentaires ont inondé la
toile : "Défense de la laïcité" ;
"Menace sur le mode de vie à la
française" ; "Morale de l'oppression" ; "Laboratoire
de la charia"… Il est vrai que le pisse-copie de l’Union, tout aussi plein de bon sens que
ses lecteurs, n’avait pas jugé contraire au dit bon sens de suggérer quelque
rapprochement entre les faits et des "relents
de police religieuse". Les cinq donzelles ayant d’ailleurs confirmé lors
de leur interrogatoire leur statut de musulmanes "quoique tolérantes"…
Tout aussi
évidemment, les hommes politiques n’ont pas été en reste pour prendre le train
en marche tant il est vrai qu’aucune occasion ne doit être ratée pour adresser à
leurs followers 140 signes et espaces…
Que croyez-vous qu’il
advint ?
- Pour la commissaire
de permanence chargée du dossier, il s'agit d'"une altercation entre
jeunes filles qui dégénère et c’est avec insistance qu’elle précise : "Aussi bien dans les déclarations de la
victime que des mises en cause, aucun élément à caractère religieux ou moral
n'est évoqué pour expliquer l'agression".
- Le parquet, en la
personne de la vice-procureure de Reims, évoque une "embrouille entre filles"
et réfute expressément tout motif religieux.
- Aussi sec, L'Union-L'Ardennais rectifie la position,
s’excuse auprès de ses lecteurs d’une "formulation
jugée maladroite" due à
une rédaction prématurée insuffisamment informée… Et titre pour se faire
pardonner : "Décryptage d'un emballement"…
- Dès hier, Apolline
de Malherbe, chroniqueuse politique sur BFM-TV a fait son show quotidien sur l’affaire.
Le fil rouge de son propos était axé sur l’irresponsabilité des politiques (on voit surtout
lesquels)
qui prennent la balle au bond de n’importe quoi et "créent des divisions au lien d’apaiser". Elle trouve même là l’occasion
de dédouaner les journalistes qui seraient bien plus responsables que les
politiques en ces matières…
- Enfin, cerise
habituelle sur le gâteau, Libération
titre :
"L’affaire du maillot de bain à Reims s’est dégonflée
en banale embrouille entre filles". En se gaussant de la "fachosphère" et de la droite qui n'a pas été en reste…
Circulez, y a rien à voir !
Pourquoi vous causer ici de ça que vous avez
sûrement tous lu quelque part ?
- D’abord, parce que
nous avons là un signe : A l’évidence, le moindre incident sur-émotionne désormais l’acuraba moyen bien-de-chez-nous.
Trop souvent agressé - ne serait-ce que par des petits riens -, son épiderme sur-réagit
de plus en plus au moindre effleurement. Une allergie s’installe… Plus ça va,
plus - comme dit l’autre – il suffirait d’une
étincelle…
- Ensuite et surtout,
parce que nous avons là un signe de la convergence chaque fois de plus en plus automatique
et spontanée du comportement des diafoirus sensés veiller sur la santé des dits
acurabas. Pour éradiquer la peur de l’Autre, l’ordonnance est
toujours la même (et
la seule remboursable par la Sécu) : inoculer la peur et la soumission. "La
saignée, je vous dis !"…
Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare faisait dire Molière à l'ignorant Argon. Il est vrai que la médication que nous donnent les politiques d'aujourd'hui n'est guère différente, ils nous enfoncent le clystère bien profond, ils nous purgent de nos mauvaises pensées avant que nous passions à la saignée par tranchage de la gorge.
RépondreSupprimerJe suis certain que le malade mourra guéri !
Le Nain
cette affaire m'a bien fait marrer Je sais je devrais pas rira bien qui rira le dernier mais malgré la gravité du sujet je n'aurais jamais pensé que l'on puisse aller si loin dans le déni C'est du "cacher ce sein que je ne saurais voir" puissance 10
RépondreSupprimercinq musulmanes cassent la gueule d'une non-musulmane parce qu'elles lui reprochent une nudité indécente. Pas de quoi faire monter la mayonnaise. Nous vivons dans une société multiculturelle ou toutes les sensibilites doivent etre respectees et il faut savoir s'accommoder de quelques incidents pour favoriser la paix sociale entre communautes. Et evitons de donner du grain a moudre au FN.
RépondreSupprimerAh Brindamour ! Vous êtes charmante ! Oui, nous vivons dans une société multicul, que c’est beau ! A ceci près que, quelles que soient leurs cultures juxtaposées, la majorité de nos contemporains et voisins de palier n’ont pas, comme dit Christophe Guilly, "les moyens de la frontière" pour éviter les conflits… Et ça, que ce soit aux USA ou au Liban, au Brésil ou à Londres, à Palavas ou dans nos piscines urbaines cet été… In fine, cela génère toujours de la violence ; il n’y a pas de contre-exemple. Vous dites "qu’il faut savoir s’accommoder de…" Vous dites ça avec l’autorité (?) du maître d’école à ceux qui n’ont pas "les moyens de la frontière", qu’ils soient "divers" des "quartiers" (sûrs d’être l’avenir et qui en rigolent) ou bouseux de Pellouailles les Vignes (qui ne se sentent plus "chez eux"…) Ça vous est facile car vous êtes sûrement (comme moi) de ceux qui les ont (les moyens de la frontière : mobilité réelle, stratégie foncière, évitement de la carte scolaire, etc.) Evitez, vous aussi, vous surtout, de… donner du grain à moudre au FN !
SupprimerJ'espere que vous avez note le caractère ironique et provocateur de mon texte qui tentait une imitation
RépondreSupprimerdu discours implicite d'un journaliste de France Inter ou du Monde.
Mais j'aime bien le concept de la frontière.
Nous hésitions en fait. Votre imitation était un peu trop bien faite.
SupprimerSémaphore.