Que ce soit à l’ENA ou dans les couloirs de Solferino, on
n’apprend pas les règles les plus élémentaires de la négociation. Je sais,
aucun de ces guignols n’a mis les mains dans le cambouis pour diriger une PME
ou quoi que ce soit de ce genre en se coltinant des clients madrés, des
fournisseurs futés et des banquiers qui ne vous suivent qu’après vous avoir
fait les poches. Mais tout de même ! On aurait pu croire qu’étant arrivés
"aux affaires" à force d’avoir tué les copains, ils avaient fini par combler
sur le tas les lacunes de leur "formation initiale" généralement
payée par nos impôts. Ben non. C’est sans doute dû aux CV qu’ils ont tous et
qui se ressemblent. Qu’ils soient tombés directo de l’ENA ou de la rue d’Ulm
dans les cabinets ministériels ou qu’ils aient trouvé leur premier emploi comme
attaché parlementaire en sortant d’une Sciences Po de province, c’est pareil :
Depuis lors, ils ont toujours eu en face d’eux, dans les collectivités, les préfectures
et les ministères, des fonctionnaires zélés et obséquieusement soucieux de leur
carrière prêts à leur mâcher le travail, à éviter de les contredire et à tenter
souvent de rattraper leurs conneries.
Et une fois qu’ils sont arrivés au point d’être ce qu’on
appelle avec indulgence "l’exécutif" ou d’avoir la chance de tourner
autour de près, le décorum des palais nationaux et les huissiers à chaînes et
gants blancs ne facilitent pas de salutaires remises en question.
De quoi je cause ? Ben des réactions de nos
dirigeants à la grandiose claque que les Grecs ont flanquée dimanche à toutes
les instances de l’Union Européenne, qu’il s’agisse de la Commission, du
Conseil Européen, de l’Eurogroupe ou de la majorité du Parlement.
Alors même que le politique
– voire le social – ont été exclus du
champ de ce que sont les fins dernières de l’Union Européenne et que seules les
sujets économiques, financiers et commerciaux sont des objectifs convenables,
il est curieux que les négociants
fassent tant défaut aux manettes de ce boxon.
Regardez-les. Je n’évoquerai que pour mémoire parce que
je suis bon notre Président Pédalonaute. Après avoir eu au téléphone (longuement… dit-on) la maîtresse d’école Merkel,
Tsipras, Junker, le belge, je ne sais qui d’autre et même Poutine, il a pondu
hier un communiqué officiel qui se résume à ceci : "- J’en appelle à la solidarité. Il y a urgence
pour l’Europe, urgence pour la Grèce". Autant dire un enfilage de mots
creux qui n’engagent à rien. Le seul signal qu’envoie peut-être cette
déclaration d’une vacuité sans nom est à usage de politique intérieure en
prévision des Présidentielles : "Le Président est au-dessus de la
mêlée" et –en creux- "que Valls s’en démerde"… Mais ce n’est pas
le sujet et je m’égare.
Et que dit Valls justement ? "- La zone
euro doit rester cohérente et fiable (...) La France est convaincue que nous ne
pouvons pas prendre le risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro"
Et il résume :
"- La
France fera tout pour que la Grèce reste dans la zone euro"
Vous avez bien lu. Passons sur l’affirmation que la zone Euro est "cohérente
et fiable". C’est de l’intro lyrique. Que nous ne puissions "prendre
le risque" est en revanche déjà plein d’enseignement. Mais le plus
important, la seule chose qui compte, c’est "La France fera tout pour que
la Grèce reste…"
Elle fera tout. Lui fera tout et
nous – vous et moi – feront tout ce qu’il faut pour.
Bessif…
Les autres de tous bords ne valent guère mieux. Même Juppé qui dit aux
Grecs : OK les gars. On va vous aider à sortir. Alors qu’ils n’ont pas
encore avancé ce pion-là dans la négo…
Bref, on en viendrait presque à regretter la vieille méthode du "ce
qui est à moi est à moi, ce qui est à vous est négociable" chère à Staline ;
d’autant qu’elle est toujours pratiquée de par le monde, pas seulement par nos
syndicats mais aussi par la Chine et bien d’autres encore…
Quoi qu’il en soit, ce qui est dit est dit : Bien sûr, on y mettra les
formes et ça prendra du temps. Mais avant même de revenir s’asseoir à la table
de négociation l’assurance est donnée aux marchand de tapis d’Athènes que, quoi
qu’il arrive, petit morceau par petit morceau, on finira par céder tout ce qu’il
faudra céder pour le garder dans l’Euro quoi qu’il en coûte…
A lui de jouer… Au jeu du chat et de
la souris, il sait désormais que, s’il le veut, au final ce sera lui le chat.
Et en changeant de ministre des finances, il montre qu’il sait aussi mettre les
formes quand il faut…
Et nous, avec un ministre des finances de la France – un des poids lourds
de l’UE - qui ne trouve rien d’autre à dire que de comparer SYRIZA au FN, on a
tout compris quand à la capacité de nos dirigeants à peser dans la négociation…
Timeo danaos et dona ferentes…
Affligeant en effet, je me faisais les mêmes réflexions. Mais il y aurait eu pire avec cette pensée magique de notre Président, émise hier soir tardivement et repris par tout twitter: " le court terme n'est valable qu'à moyen terme..." C'est pas de la balle, ça ? !
RépondreSupprimerP'tain le con ! Je ne regarde jamais les infos à la télé et j'ai raté ça !
Supprimer" le court terme n'est valable qu'à moyen terme..." Faut que j'en fasse fissa un court billet.
Merci pour l'info.
@à noter quee cette reflexion de notre grand président n a été passée qu une fois sur BFM et itélé puis Kouik ! plus rien !
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