Or donc, la
malheureuse El Khomri, successivement
préposée à la machine à café de Solferino, porte-serviette à la mairie de Paris
puis transparents secrétaire d’Etat à la ville,
s’est vue convoquée d’un claquement de
doigt il a juste six mois pour devenir le la ministre du chômage du
travail-de-l’emploi-de-la-formation-professionnelle-et-du-dialogue-social (je
crois que je n’ai rien oublié) La malheureuse, disais-je, car elle ne s’attendait
pas à se voir balancée comme un sac de son sur le fauteuil de René Viviani,
occupé avant elle, entre autres, par Joseph Fontanet, Jean Auroux, Philippe
Seguin… Maipourkoidonc ?
Ben, voyez-vous, il
ne fallait pas que la loi en gestation s’appelle Macron-2 (ou 3 ; je ne
sais plus), question d’équilibrage des ambitions personnelles… Et puis personne
ne voulait se coller à ce bâton merdeux…
Bref ; l’historique
on s’en fout. Les faits sont là. La déchéance-truc ayant fait flop, la
politique étrangère étant minable et l’inversion de la courge nous faisant le
coup de Grouchy, ce n’est pas à l’entrée de la dernière ligne droite qu’on change
une tactique qui gagne. Et la tactique est inchangée depuis mai 2012 : Suffit
que le casting de music-hall soit respecté et le reste suivra. Dès lors que l’équipe
alignée sur l’estrade respecte la parité avec un bon quota de patronymes
exotiques, on devrait avoir tout bon…
Las ! Il y a des
bâtons merdeux pour lesquels il faut une largeur d’épaule et un savoir-faire
fruit d’une longue expérience à savoir tirer dans les coins qui ne sont pas
donnés à tout le monde…
Bref, la malheureuse
s’est noyée et ce n’est pas de sa faute. La "loi El Khomri" n’est
plus que la "Loi Travail" et Manu-la-Mâchoire se retrouve en première
ligne à se déjuger dans les grandes largeurs pour porter tout seul un texte de
plus en plus vide pendant que Macron rigole et qu’on nous prend pour des cons.
C'est "un nouveau départ, un compromis dynamique et ambitieux"
qu’il a dit Manuel.
Non seulement l’ensemble
de ces cinq mots puisés dans les éléments
de langage et agencés ainsi est un petit bijou de la langue de bois de
trituration reconstitué, mais chacun d’eux mériterait une analyse approfondie. Non
pas une analyse grammaticale, mais une analyse lexicale à la lumière du Grand n’importe
quoi !
Mais on s’en fout. Ce
qui compte, c’est le devenir du contenu de cette loi.
Or donc,
Manu-la-Mâchoire a réuni les syndicats pour en causer. Les syndicats, c’est-à-dire
les apparatchiks d’espèces de corporations d’Ancien Régime. Des monopoles
représentatifs pour l’essentiel des fonctionnaires non concernés par la loi en
question et dont la raison d’être se résume à maintenir les emplois de ceux qui
en ont déjà. Mais passons…
En gros, Manu il leur a dit quoi ? Ceci :
« - Non !
Non ! On s’est trompé ! Sans
doute est-ce comme pour la loi sur la biodiversité ; juste un oubli de
cliquer sur "Delete" après
avoir mis à juste titre en surbrillance
des lignes ajoutées "un
peu trop précipitamment par les services qui ont cru bien faire".
Bien évidemment, on ne s’est pas compris : le plafonnement des
indemnités de licenciement n’est qu’une ébauche de barème purement indicatif
qui se veut une aide à la décision pour les juges prud'homaux bas de
front. De même, il n’est pas question d’autoriser les TPE/PME à négocier
directement et individuellement avec leurs salariés la modulation du temps
de travail. Pas question non plus de permettre sans autorisation préalable de
faire marner les apprentis plus de trente-cinq heures !
C’est comme pour le référendum d'entreprise,
rassurez-vous : Les décrets d’application, c’est promis, ne les
autoriseront que pour certains sujets précis de façon à ce que le plafond sous
toujours au-dessous du plancher…
Quant à la réforme du licenciement économique par
des filiales françaises de groupes
étrangers en "bonne santé", n’ayez crainte : Les juges pourront vérifier
que les multinationales n'ont pas artificiellement organisé leurs difficultés
économiques chez nous pour licencier. Soyez tranquilles ; les
licenciements indus pourront toujours être requalifiés en licenciements sans
cause et annulés avec réintégration, indemnisations, arriérés, etc. au bout de
cinq ou dix ans de procédures…
- Bon. Cépatout. Comme on sent qu’on
vous a troublé en laissant passer
dans notre premier brouillon des bêtises qui ont pu être mal interprétées
- et on s’en excuse – c’est volontiers qu’on va rajouter à la bafouille ce que
vous avez bien voulu nous suggérer : D’abord, on précisera que le Compte Epargne-Temps ne sera pas inclus
dans le futur Compte Personnel d’Activité
encore à définir mais s’y ajoutera. Ensuite, le plafond du Compte Personnel de Formation sera
relevé de 150 à 400 heures pour les salariés sans diplôme (ça va ? vous
suivez ?) Enfin, la Garantie-Jeunes,
ce truc inventé pour "accompagner
des décrocheurs vers l'emploi", va
devenir un droit d’une durée d’un an pour tous les jeunes sans emploi ni
formation avec une allocation mensuelle de 450 euros. Ça vous va ? »
Ils ne sont pas d’accord. Encore un petit effort…
Rien à voir avec les syndicats
évoqués ci-dessus. Là, ce sont nos grands décideurs de la Nation qui passent
leur temps qui-est-précieux à tenter en vain de convaincre leurs interlocuteurs
de l’UNEF, seule machin représentatif
des étudiants de France. Regardez comme c’est beau !
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