La Déséducation Nationale avait déjà inventé l’harmonisation des notes par les examinateurs du Bac (notation des copies sur 22 ou plus ;
relèvement collectif à postériori...) pour
atteindre ses objectifs de "taux". C’est se donner beaucoup de boulot ;
ne serait-il pas plus simple, en effet, de supprimer carrément des sujets
distribués aux candidats les questions, problèmes et thèmes de dissertation les
moins faciles à traiter ?
On pourrait certes les maintenir au programme, ce-qui-fait-sérieux, mais
cela présenterait l’avantage collatéral de ne pas avoir – de fait – à les
traiter en cours, ce qui donnerait aux enseignants, sinon plus de moyens, au moins plus de temps pour approfondir les
connaissances des élèves quant aux richesses insoupçonnées du Monomotapa. Mais
je m’égare.
Pas vraiment. Car il y a là un gisement de productivité que la divine Najat
aurait tort de négliger dans le cadre de la refondation
de l’école à laquelle elle s’emploie avec tant de brio dans la discrétion
et l’à-peu-près… Pas besoin pour cela de faire preuve d’imagination ; il
lui suffit de s’inspirer de la méthode adoptée dans l’urgence par la Délégation
à la Sécurité et à la Circulation routière :
Effective ce mois-ci, la nouvelle version de l’examen au code de la route s’est
traduite par des résultats aux examens tellement catastrophiques (brusque baisse de 70 à 50% du taux
de réussite) En conséquence, la décision a été
prise de retirer de l’épreuve à
partir de lundi prochain les questions pour
lesquelles les plus bas taux de réussite ont été observés…
La décision a été rendue publique hier soir par un communiqué de la DSCR
qui rassure : Ce retrait n’est que provisoire, les questions devant être progressivement
réintroduites dans l'épreuve, "parfois
reformulées" et "au fur et
à mesure de la familiarisation des candidats avec la nouvelle approche de
l'examen du Code"…
Je ne sais ce qu’il faut "techniquement" en penser ; à
chacun son métier. Mais on peut imaginer diverses hypothèses, non exclusives l’une
de l’autre :
- Une préparation de la réforme, précipitée à la va-comme-j’te-pousse,
voire entachée d’amateurisme, a négligé de suffisamment informer à temps la
myriade d’officine d’auto-école qui quadrille le pays (ce qui semble confirmé par les
syndicats d’inspecteurs du permis)
- Les dites officines n’ont pas fait leur boulot. Mais vu l’étendue du désastre
ce ne serait qu’à la marge.
- L’hystérie écolo-automobilophobe et l’addiction au risque-zéro ont peut-être
conduit à surcharger le programme de l’examen de sujets portant sur des
situations de probabilité 0,01% voire hors sujet (à l’instar de cette loi US des
années 70 annulée par le bon sens la Cour suprême, loi qui imposait aux
fabricants de jouets de porter les qualités ignifuges des vêtements de poupée au
niveau de celles des scaphandres de cosmonautes…)
- Le fait qu’on ait eu besoin de faire passer de 700 à 1.000 la "base
de questions" (40 sont
posées aux candidats qui doivent répondre "juste" à au moins 35…) milite en faveur de l’alinéa précédent…Si les
questions nouvelles abordent parfois des aspects légitimes telles les "usagers
vulnérables" (comme les cyclistes,
of course), on y cause de secourisme d’éco-conduite, de technologie… Elles
pèsent le même coefficient qu’une question nécessitant une réponse aussi vive
qu’adaptée à un imprévu de circulation tel qu’on en rencontre plusieurs fois
dans sa vie au volant…
On va d’autant plus remédier à toussa
que ça fait désordre à l’approche de la Grande Election. Le délégué interministériel
n’a-t-il pas déclaré hier "- Le but,
ce n'est pas que personne n'ait son code, c'est une réforme pour la jeunesse ! "
- Il y a aussi dans cette histoire un aspect que personne n’a relevé :
Le correcteur de l’examen du code est un logiciel ; cétotomatique… Et le réel est cruel…
Quoi qu’il en soit, la méthode consistant à supprimer dans l’évaluation des
savoirs tout ce qui est trop compliqué
est devenue tellement mainstream que
je m’étonne de vous avoir infligé ce billet…
Elle finira par l'avoir...
j'aime bien votre dernière phrase "quoi qu'il en soit , supprimer dans l'évaluation des savoirs tout ce qui est trop compliqué...."
RépondreSupprimeron peut même poser son corollaire "qu'est ce qui n'est pas trop compliqué?"
on progressera plus vite....
exemple "vous savez combien ça fait deux et deux? bon, voilà vous l'avez votre bachot"
sauf lorsqu'on tombe sur un petit malin "ben oui en arithmétique péadique de rang trois c'est quatre et de rang sept c'est neuf...." patatras !
tout est à recommencer!
Elle l'aura comment ne pourrait-elle pas l'avoir.
RépondreSupprimerPour aller encore plus loin que Kobus, on pourrait remplacer les examens en général par une déclaration assurant que l'on sait, sans préciser d'ailleurs quoi, ce qui à coup sur serait trop intrusif, voire discriminant et chacun sait que c'est interdit.