La lassitude m’étreint devant ce que nous apporte la suite des jours
emmaillotés dans un ça-va-mieux auquel personne ne croit (pourtant, si, si je vous assure, les
Fwançais n’ont jamais été aussi confiants depuis 2008, c’est l’INSEE qui le dit) La suite des jours, disais-je. C’est chaque jour un peu plus qu’hier et moins que demain ;
mais ça n’a rien à voir avec l’Amour. On croit qu’ils vont se décider à baisser
un peu l’abat-jour, mais non. Ce ouiquende
encore, ils en ont rajouté une couche à Verdun avec des trépignements de
mongoliens qui ne comprennent pas pourquoi cépabien de déféquer sur la tapisserie d’Aubusson. Que voulez-vous
que je vous dise devant la pantomime grotesque de ce flash mob sur pelouse
autrefois gorgée du sang de nos pères ? Que vous en dire de plus que ceux
qui en ont déjà très bien causé ? D’autant que ce n’est pas fini ;
demain on nous en rajoutera une autre couche…
Alors quoi ? Alors je ne parcours plus qu’en surface les infos que les
médias bien-comme-il-faut ont la bonté de nous donner, non pas à mâcher, mais à
avaler tel quel sans se poser de question. Et je ne lis que les titres (les "gros mots" comme
disait ma grand-mère), c’est
bien suffisant.
Ce matin, je m’en suis donc tenu à regarder les titres des
"sujets" que Google-Actualité
a jugé indispensable de nous proposer au saut du lit en têtes de
rubriques :
- "A la Une", au top des infos du jour :
« Harcèlement
sexuel : les témoignages contre Denis Baupin s’accumulent »
Ouaouw ! La news ! Sûr qu’il n’y a pas plus croustillant pour
faire bander l’acuraba, et pour l’apaiser
par les temps qui courent…
Mais il y a mieux. Dans la rubrique "France" (ça existe), Google-Virtualité reprend en tête de rubrique un
titre de l’Express.fr. Oui, le
magazine concurrent de Paris-Match, celui de Patrick Drahi cornaqué par l’autre
là, l’espèce d’étudiant attardé à écharpe rouge :
« Législatives partielles : match nul
entre Les Républicains et le PS »
Goûtez toute la saveur de ce titre : "Match nul entre…" On
sent le coude-à-coude, le 50/50 où rien n’est joué. Suivez mon regard : La
gauche est toujours là et remonte au score ; Juppé a du souci à se faire ;
n’oubliez pas d’acheter l’Express…
Alors que le titre aurait dû être quelque chose comme ça :
« Législatives
partielles : chacun garde ses billes »
Car de quoi s’agit-il ?
- A Strasbourg, dans une circonscription ancrée à gauche depuis 20 ans avec
des scores jamais inférieurs à 60%, le candidat PS devient le député "le plus mal élu du Bas-Rhin" (rue89), battant de quelques centaines de voix un vague conseiller municipal LR d’opposition
allé au charbon par devoir. Toussa dans
un scrutin avec près de 80% d’abstention !
- A Nice, dans une circonscription plus-à-droite-tu-meurs, une gamine de 29
ans groupie d’Estrosi lui garde le siège au chaud. Très largement en tête au
premier tour, elle l’a emporté face au FN, le PS s’étant liquéfié au premier
tour avec 6,5% des voix soit moins que le Front de Gauche. Toussa dans un scrutin avec 77% d’abstention !
Bref, ce sont là des non-évènements à même titre qu’un "heureux
évènement", c’est-à-dire une chose parfaitement attendue. Alors pourquoi
en parler ?
Parce que cette expression « match
nul » concrétise, synthétise en
deux mots cette façon de dire les
choses qui caractérise nos médias, cette manière désespérée de tordre le
vocabulaire pour maintenir tout à la fois la fiction de la représentation
populaire et le suspens nécessaire à
la survie des journaux…
Dans le même ordre d’idée, Le Figaro.fr a titré ce même jour :
« L’Etat reprend en main le camp de Grande Synthe »
Voilà un camp de "migrants" créé sans recours à
l’Etat et contre son gré par une collectivité locale et des ONG "humanitaires".
Lesquels initiateurs, n’ayant ni les moyens financiers ni le professionnalisme
suffisant pour maîtriser la bête, refilent finalement le bébé à l’Etat qui va s’en
occuper, bien obligé.
Le titre aurait dû être quelque chose comme « L’Etat prend en charge »…
Mais « L’Etat
reprend en main », c’est mieux. On sent l'autorité, tu vois...
ëtre élu avec 70% d abstention... pas de quoi pavoiser
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