Ce week-end de trois
jours, c’est plutôt "relâche". Manière d’en rappeler un peu l’origine
qui n’a rien de "républicaine" à certains, mais sans trop me fouler, c’est
l’occasion d’une simple republication (mai 2012),
Tout étant si éphémère sur la toile blogueuse, je peux me le permettre :
Pentecôte.
Fête chrétienne majeure : Début de la Mission… Ravalée par sa reductio ad
festivum au statut de "droit acquis" à un week-end prolongé pour
réunions sportives et congrès associatifs, elle célèbre pourtant le mémorial du
démarrage de la Mission apostolique de l’Eglise sous la bannière de l’Esprit.
Fête du prosélytisme donc (oui, j’assume…)
Finie la frileuse nostalgie entre potes planqués bien au chaud au cénacle.
Quand faut y aller, faut y aller !
Ad majorem Dei gloriam (sans oublier le Salut du Monde…)
Pour marquer ce jour saint (et oublier l’actualité de la semaine), j’ai décidé de vous présenter mon tableau préféré : "La vocation de St Matthieu" du Caravage qui orne la chapelle Contarelli en l’église San Luigi dei Francesi à Rome. [ "- Suis-Moi ! " - Mt 9,9 ]
La
scène se passe dans ce qui pourrait être un de ces bouges des bas-fonds de Rome
que le peintre fréquentait assidûment. Les personnages profanes sont en
costumes contemporains (de l’époque…), occupés à leurs affaires de pognon. Les
uns restent absorbés dans leurs combines, indifférents à l’irruption de Jésus
et de l’apôtre Pierre ; Les autres, à peine dérangés, ont l’air de se dire :
"- Qu’est-ce qu’ils nous veulent, ces deux-là…" Celui qui est de dos
a même un côté un peu hargneux et agressif ; le plus jeune, de face et en
pleine lumière, a l’air de se poser un peu plus de questions… Peut-être est-ce
un signe d’Espérance pour l’apostolat ?
Jésus et Pierre, eux, sont vêtus comme des galiléens du 1° siècle et pieds nus (en quelque sorte ils sont "hors du temps"…) L’attitude de Jésus incarne toute l’autorité du Christ et sa main tendue vers Matthieu rappelle celle de Dieu tendue vers Adam au plafond de la Sixtine. L’attitude de Pierre est nettement plus hésitante (même si le coq n’a pas encore chanté…) Sa main aussi appelle, mais avec plus de retenue. J’aime à penser qu’il laisse au Patron le soin de recruter son futur collègue de la bande des douze et que, "visant moins haut", son geste apostolique s’adresse plutôt au petit jeune. Mais sans doute n’y a-t-il pas mis assez de conviction…
Quant à Matthieu ("- Moi ? "), son visage, son regard et son geste manifestent ce mélange confus de surprise, d’étonnement, d’incompréhension et d’inquiétude déjà éprouvé par nombre de prophètes de l’Ancien Testament. Matthieu est ici l’expression de la pleine et prosaïque humanité confrontée à l’appel de la transcendance…
Et puis, il y a cette lumière qui vient éclairer les personnages, c’est à dire les hommes (tous, qu’ils soient de "bonne volonté" ou non…) Et cette lumière ne vient pas du Verbe Incarné mais de derrière Lui, d’au-dessus de Lui et on ne peut en voir la source... Enfin, (détail ?) il y a cette fenêtre, simple accessoire meublant du vide supérieur du tableau, mais dont la croisée banale rappelle que toute cette histoire doit faire un détour par le Golgotha…
Il
est vrai que Le Caravage, paillard débauché s’il en fut devant l’Eternel, grand
amateur de rixes et de filles faciles, avait aussi de bonnes connaissances
théologiques… Fasse le Ciel que se poursuive la transmission si ténue et si
fragile du Message. Le Ciel, certes, mais à condition aussi qu’on s’y colle…
Le Caravage, j'ai l'impression qu'il ne savait pas que l'Europe n'avait aucune racine judéo-chrétienne, comme nous l'a si justement rappelé (ou appris, pour les plus ignares) ce Moskovitchi de mes deux. Enfin, même sans aucune justification judéo-chrétienne, le lundi de Pentecôte est un "droit acquis" bienvenu, y compris sans doute pour M. Martinez, qui ne va pas en faire cadeau aux patrons pour faire plaisir à Moskovitchi. Non, mais des fois !
RépondreSupprimerBelle analyse de ce très beau tableau
RépondreSupprimer