Je vous écris aujourd’hui de mon douar d’élection, en cette soirée de la saint Sylvestre 2012. Ça vous surprend ? Cherchez pas à comprendre ; je n’ai rien compris moi-même. Sans doute une erreur de manip’ sur le Blackberry de l’agent spatio-temporel Valérian passé me voir hier… Bref, c’est comme çà.
Du coup, j’ai constaté que j’avais enfin mis en pratique l’an prochain ma résolution si longtemps différée d’écrire mon journal. Dilemme… Vous avez tous supporté au moins une fois l’exaspérant babil d’un fâcheux vous racontant par le menu l’intrigue et la fin du film que vous aviez l’intention d’aller voir (un drame psychologique de préférence) Mais vous n’avez pas forcément l’intention d’aller voir ce film…
Et comme j’ai du mal à me retenir, voici mon journal de l’année, tant pis pour vous. C’est un peu fouillis, mais bon, je vous le livre tel quel.
Le net étant encore un des trucs qui marchent ici et maintenant, vous devriez recevoir mon courrier au début de l’année dernière…
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Début janvier.
- Le traditionnel exercice des vœux est passé inaperçu. Notamment ceux du président de la République à la télé. Ils revêtaient pourtant un grand intérêt : totalement axés sur l’Alterprogrès Sociétal, nouvelle donne pour la France, c’était un vrai discours-programme d’ouverture de campagne. Bien que diffusés en direct sur les trois principales chaînes généralistes, leur audience cumulée n’a pas excédé celle de l’émission littéraire chiante de minuit. En effet, outre la retransmission du match Algérie-Côte d’Ivoire (878 voitures brûlées), d’autres chaînes satellites ou TNT offraient à la même heure les épisodes inauguraux des deux nouveaux realityshows tant attendus : "The multi-purpose condom Academy" et son concurrent "More gender diversity" ainsi que, en rediffusion, Les Tontons flingueurs et Amélie Poulain…
- Hormis celles de la Préfectorale et du Corps diplomatique (où l’absence du Nonce apostolique fut remarquée), les cérémonies des vœux à l’Elysée ont toutes été annulées par souci d’économie en période de crise (d’autant que tout le monde s’était préalablement fait porter pâle…)
Les autres évènements du mois sont sans intérêt :
- Routine quasi mensuelle, l’exécution d’otages français est désormais reléguée en page des faits divers. Il est vrai que, le journaliste de terrain se faisant rare, le renouvellement du stock est surtout constitué de naïfs humanitaires ; ceci expliquant peut-être cela…
- Le stock de résistants et internés étant dorénavant épuisé, y compris dans les maisons de retraite et les hôpitaux psychiatriques, de nouveaux critères citoyens ont heureusement permis de garnir la promotion de janvier dans l’ordre de la Légion d’Honneur en honorant principalement les associations oeuvrant dans les quartiers et les corporations sous-représentées des groupes de rap et des intermittents du spectacle…
- Le meurtre de la fillette de Champignac-en-Cambrousse relance le débat sur la récidive…
Surtout, tout le monde a la tête ailleurs et les média - fait exceptionnel – font profil bas. Il est vrai que personne ne s’est encore remis de l’inénarrable bordel que fut, au 2° semestre de la défunte année 2011, le feuilleton dit des primaires socialistes…
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NDLR : Petit retour en arrière 2011 (très résumé) :
- Plus le printemps avançait, plus les prétendants donnaient de la voix pour se distinguer les uns des autres dans les média (ça s’appelle discriminer mais ils ne le savaient pas) Avec cette précipitation qu’ont les politiques par peur de ne pas être cité sur tous les sujets, les dites voix se révélèrent vite discordantes. Evidemment, les média se tournaient chaque fois avec gourmandise vers Dame Aubry pour solliciter son avis. La taulière responsable de la boutique se devait alors chaque fois de rappeler la doxa du Parti, de la marteler sans cesse. Quelle doxa ? Ben… Euh… Le programme du Parti sur l’Egalité Réelle, plate-forme imposée à tout candidat potentiel et qu’avec Benoît Hamon elle défendait bec et ongle afin de conserver leurs places dans l’appareil.
- Tous les autres attendaient DSK, seul susceptible, disait-on, de leur assurer carrières ou strapontins sans trop avoir à se fouler. Tous s’annonçaient partants mais tous laissaient explicitement entendre qu’ils se retireraient à son profit dès avant la bataille. Vachement efficace pour motiver leurs troupes…
En attendant DSK donc, comme en attendant Godot… Vaclav Avel a dit un jour : "Attendre Godot, c’est attendre la floraison d’un lys qu’on n’a pas semé…"
- Evidemment, Ségolène faisait entendre sa petite musique perso suivant un business-plan très professionnel. Hollande et Valls réagissaient à chaque rappel à la Loi par Dame Martine, devenue à leurs yeux une insupportable statue du commandeur. Curieusement, on n’entendait plus Montebourg…
- Vint enfin la clôture du dépôt des candidatures. Les deniers jours, la tension fut palpable. On était suspendu à une ultime ambassade de Cambadélis et Moscovici à Washington. Hélas ! Rien…
Après une journée de silence aussi atterré qu’inhabituel chez ces gens, chacun se lança dans la révision, parfois déchirante, de son propre business-plan. La campagne interne débuta alors vraiment, abondamment relayée par les média mais sans faire lever une paupière aux estivants somnolents du mois d’août.
- A la rentrée, sentant la lassitude du public devant l’étalage récurrent de crocs en jambes et de petites phrases assassines à la signification incertaine, ne sachant plus, surtout, comment bavasser sur ce sac de nœuds, les média se focalisèrent par facilité sur l’intendance de la chose. C’est à dire l’organisation du scrutin et les bisbilles croustillantes qui vont avec : Mise à disposition de locaux et personnels par les municipalités socialistes, refus scandaleux de location d’une salle polyvalente par telle municipalité de droîîte, etc. On ne parla que de ça un mois durant… Puis vint le jour où un tribunal jugea recevable la plainte d’un grincheux réac et interdit la remise au PS de la copie de la liste électorale de sa commune. Cela sur le motif que si les listes électorales exhaustives sont librement consultables, les mettre à la disposition d’une organisation partisane pour ses propres besoins de scrutin interne mais ouvert lui permettrait de connaître, au vu des "abstentionnistes", identité et adresse des citoyens ne souhaitant pas se déclarer partisans de ladite organisation. Ce qui constituerait une violation du droit de ces derniers à la confidentialité de leur opinion et une atteinte au secret de l’isoloir… S’en suivit un barouf pas possible et une multiplication de jugements similaires malgré l’opposition du commissaire du gouvernement…
- C’est dans ce contexte que se déroula le 1° tour de scrutin avec des listes d’émargement d’origine variée selon les lieux. Alimentée par la sarkophobie, la participation fut assez élevée mais néanmoins décevante en regard des annonces faites. Il en sortit un éparpillement des suffrages où Valls, Fabius et deux guignols dont les noms m’échappent mordirent la poussière. Plus ou moins fermement ou mollement appuyée par l’appareil selon les fédérations, Aubry, arrivait en tête sans réunir plus de 31 % des voix, suivie par la Royal, appuyée par on ne sait trop qui, elle-même marquée à la culotte par Hollande (euh… pas à la petite, c’est une image, n’est-ce pas…) appuyé, lui, par une harde assez disparate d’éléphants mâles.
- Hollande s’effaça avec dignité. Le second tour se déroula avec de multiples cafouillages et quelques scores nord-coréens dans certaines fédérations, en particulier dans le Nord et à Marseille où, à en croire les émargements, même Gaudin serait venu voter… En définitive, au terme de recomptages qui durèrent trois semaines, du rejet des votes de l’Hérault jugés non "fiables" et d’un taux élevé de bulletins nuls, Aubry coiffa la diva des Charentes sur le poteau avec 0,81 % d’avance…
- Très sollicité par les média, le Sourire à visage humain refusa d’admettre sa défaite, cria à la fraude, forma (en vain) des recours, porta plainte, déclara ces primaires nulles et non advenues et annonça finalement que, seule apte à rassembler, elle faisait don de son corps à la République en étant quand même candidate…
- Publié sur une page entière par Le Monde, "L’appel des 300" signé derrière BHL par une tripotée d’intellectuels, pipeules et médiatiques supplia DSK de se déclarer. Silence radio…
- Bref, plus personne ne tenait compte de ces primaires…
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Donc, en cette mi-janvier, on n’est pas plus avancé…
(A suivre…)
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