C’est n’importe quoi mais c’est le titre. Après tout
pourquoi m’en priver ? Les gens qui nous gouvernent ou le croient n’arrêtent
pas d’enfiler des mots à la queue leu-leu, des formules piquées dans les
manuels de prépas, des incantations, des pléonasmes, des tautologies, etc. Quand
il leur faut causer pour causer, donc meubler,
ils mettent bout-à-bout quelques fondamentaux
piqués dans le manuel et que tout le monde attend par routine ; par
exemple exprimer sa solidarité, exiger que toute la lumière soit faite, condamner fermement… Heureusement, la
nécessité d’introduire dans le texte omnibus quelque chose ayant un rapport
avec le sujet du discours conduit parfois à nous faire lever une paupière ;
par exemple en entendant cette petite merveille : "il n’y a rien de pire pour un soldat inconnu
que de mourir anonyme". Heureusement aussi, quand, à la place des
points-virgules mais pas seulement, le type ponctue son discours par des sortes
de mini-arrêts respiratoires ça nous fait des nano-vacances.
Ce n’est pas le contenu qui compte mais le contenant. C’est
le nombre de minutes pendant lesquelles on a laissé le type postillonner à la tribune
sans lui couper le sifflet qui définit l’importance de l’orateur.
Pas vraiment en fait. L’important c’est évidemment le message contenu dans la jactance. Mais la
jactance étant par construction sans
consistance, le message se résume presque toujours à une phrase que le
journaliste ensommeillé a entendue par inadvertance et retenue d’un discours de
trente minutes qui aurait dû en durer dix. Qu’il a retenue ou peut-être pas. C’est
sans importance car, de toutes façons, la première chose qu’il fera ensuite c’est
de consulter la dépêche AFP et les tweets de ses collègues. S’il a retenu la
même phrase que tout le monde, il peut se dire "- J’ai bon" En
revanche, s’il a retenu autre chose, il s’alignera discrètement…
Où je vais, là ? Je m’égare.
Bercy pour ce moment disais-je. J’ai aussi entendu parler
de "sédation profonde et continue
sur directives anticipées"… Toussa est bien long et alambiqué, donc je
contracte, je concentre. Bref j’abrège (sic)
A défaut d’abroger le début de vie, abrégeons-en la fin. Mais je m’égare
encore.
J’étais parti avec l’idée de vous dire qu’en dépit de la
vacuité du contenu des discours, ils contiennent souvent un message subliminal
n’ayant rien à voir avec la phrase retenue par les titres gros mots des journaux comme disait ma
grand-mère.
Il n’y a pas vraiment de message de ce type dans la
prestation de Montebourg au concours d’éloquence du barreau. En fustigeant
avec sa bouche, et rien que sa bouche, la
gauche caviar et l'ENA, "école
de l'arrogance", il rappelle juste qu’il existe encore et ne compte
pas se faire euthanasier. Vulgaire et banale opération de com’ pour préparer l’avenir
en faisant risette au populisme qui lui
a fauché ses parts de marché. Bref, une commande d’épicier emballée dans un
amusant papier sulfurisé.
Il n’en est pas de
même pour le Pédalonaute. Vous aurez remarqué qu’il évite dorénavant de causer
d'économie, de fiscalité, et même de
croissance et d’emploi. Que Valls et Macron s’en débrouillent. Il ne prend plus
la parole que pour causer de vivre-ensemble,
de confiance et de sociétal.
- Lundi il ira inaugurer la Cité
nationale de l'histoire de l'immigration. Inaugurer ! En fait, ce Musée
existe et est ouvert depuis fin 2007 ou 2008 ! Mais Sarko avait refusé d’y
aller, certains "historiens" nommés au comité scientifique du machin ayant
démissionné pour protester contre la création d’un Ministère de l’Immigration et de l’identité française… Et voilà que
brusquement on fait une inauguration officielle ! Et l’Elysée fait dire
que "Hollande prend un soin particulier à préparer son discours"…
- Mardi, il va aller à Boulogne/Mer et à Lens "s’adresser aux
habitants des quartiers"… Et présentera à cette occasion un nouveau programme de renouvellement
urbain doté de 5 Milliards d’euros. Dotation dont je ne sais d’où elle
sort, avant ou après les arrangements
budgétaires avec Bruxelles…
- Mais surtout, aujourd’hui, le Pédalonaute a reçu les auteurs du Rapport sur la fin de vie. Le rituel est
toujours le même pour la remise de tels rapports, qu’on y donne suite ou
qu’ils finissent dans un tiroir : Petit discours en petit comité dans un salon
de l’Elysée, échange de ronds de jambes, photo du rapporteur et du Président le
rapport dans les mains… Cette fois-ci, le François a sorti le grand jeu, un
inédit hors protocole : Il a convoqué la presse et fait une quasi
conférence de presse sur le sujet qui lui
tient particulièrement à cœur, etc. Bref, ce fut THE news de la journée jusqu’à l’irruption de la décision du Conseil d’Etat
sur la GPA. On parlera plus tard de la grève des routiers.
Il ressort de toussa, que le Pédalonaute a renoncé à lutter (la finance, l’emploi,
la courbe, l’Europe, etc.) Il a renoncé à l’avenir.
Même s’il l’habille encore de social,
il n’a plus comme horizon que le sociétal.
Il sait qu’on ne le débranchera pas
avant vingt-huit mois. Alors il anticipe : Être d’ici-là plongé dans le
sociétal lui assurera le confort d’une sédation profonde continue, il ne
demande que ça.
" Mourir dans la dignité, c'est profiter pleinement de la vie " François Hollande, Présiflan de la République, le 12 décembre 2014.
RépondreSupprimerAh oui ! Je l'avais lu celle-là ! Il n'en rate pas une. C'est devenu tellement banal que je l'ai oubliée ce soir en m'asseyant pour claviéter...
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