Jadis
plutôt que naguère, il y avait un je-ne-sais-quoi que l’on appelait le
"savoir-vivre", je crois. Il y avait même des manuels pour codifier
ça. Ça contribuait amplement, avec divers autres trucs (dont un qu’on appelait
la "galanterie") à entretenir,
comment dire ?, une ambiance
générale ? Disons un état qui
n’allait pas forcément de soi en bien des circonstances mais qui allait
quand-même suffisamment de soi pour qu’on n’ait même pas besoin de lui donner un
nom pour savoir de quoi on parle. Avec des aléas divers et variés au fil des
siècles, cet état dont je cause sans
trop savoir comment le nommer tenait à peu-près debout depuis des temps
immémoriaux du fait – ne rêvons pas – du respect
de codes, tant il est vrai que, comme
le disait Albert Camus, "un homme,
ça s’empêche"…
Grâce aux
efforts de libération déployés par la
fée Egalité, à la nouvelle devise gravée aux frontons virtuels de la République
des Acurabas ("C’est
Mon Droit – C’est Mon Choix – Parce que Je le vaux bien") et à divers autres facteurs sur
lesquels je ne m’étends pas, cet état est heureusement – dit-on – devenu optionnel et même parfois
incompréhensible au commun. Du coup, il a fallu se décider à lui donner un nom
et, comme il est d’usage, en parler d’autant plus que ce qu’il est sensé
désigner est aux abonnés absents… Bref, on lui a trouvé un nom, quelque chose
de joli qui ne mange pas de pain :
C’est le vivre-ensemble™
Nous avons
tous eu l’occasion de nous trouver en immersion dans ce vivre-ensemble, d’en
goûter les richesses, d’apprécier son attention aux autres, ne serait-ce que
dans la rue ou le métro. Tout à l’heure, dans le métro justement, une dame
âgée, assez décharnée, branlante et semble-t-il plutôt malvoyante, n’a eu qu’un
zest de retard à l’allumage pour sortir de la rame ; rien qu’un zest. Eh
bien elle a failli reste dedans, repoussée par la horde qui montait sans se
gêner de la repousser à l’intérieur. Je vois encore qui lui a flanqué un brutal
coup d’épaule pour la virer de Son
chemin : une mamie-cabas affairée bien-de-chez-nous… Bon.
Où en
étais-je ? Ah oui ! Sortant moi-même du dit métro et retrouvant l’air
libre, je me disais que ces genres de
comportements n’étaient pas que l’apanage des richesses importées et du vulgaire
commun autochtone. La transmission de la culture (à qui le savoir-vivre
était une sorte de ceinture de sécurité)
s’évapore à tous les étages. A cet égard, les concierges des palaces à cinq
étoiles comme les huissiers de grandes maisons et les shampouineuses de chez
Alexandre en ont sûrement des gratinées à raconter…
En
revanche, mes souvenirs anciens aidant, je me disais qu’on devait encore échapper
à ces miasmes en fréquentant l’air pur des sommets. Là, les efforts à fournir
pour y baguenauder étaient censés opérer une sélection naturelle éliminant les
butors et la grande masse des egobodies j’y-ai-droit-puisque-je-paie…
Las !
Mes coronaires ne me permettant plus d’avaler comme un jeune homme les
dénivelés nécessaires, ce n’est plus que de bons souvenirs. Bien sûr, je me
souviens de quelques cas assez gratinés mais justement tellement ponctuels qu’on
les garde en mémoire. Désormais, la butorderie et le chacun-pour-soi, Saint-Trop-pèze
et le Neuf-Trois ont atteint les sommets !
La saison d’été
étant bien finie, on peut en faire le bilan. Et cette année, le recensement des
faits de société sur la voie normale d’accès on Mont Blanc a dépassé
toutes les espérances. Pour citer quelques exemples : 2 polonais brisent
avec leurs piolets la fenêtre de l’abri hivernal de Tête Rousse pour y pénétrer
alors que le refuge est à 100 m. Au refuge du Goûter, la liste est longue :
3 belges qui n’avaient pas réservés forcent, en pleine nuit, la porte du
réfectoire et prennent tranquillement leur petit-déjeuner. Des russes, à qui
pourtant il a été conseillé de ne pas partir vers le sommet, s’en vont quand
même en volant la corde d’un guide et 2 cordes du refuge. Une américaine accompagnée
de 2 espagnols, qui n’avait pas réservé, exige des équipements pour dormir et
insulte les gardiens. Des hollandais discutent les prix qu’ils connaissaient
avant de monter. Dans le refuge gardé le plus haut d’Europe, avec tout ce que
ça implique pour l’approvisionnement, des clients réclament un régime sans
gluten ou sans lactose…
Bref, c’est
fini. L’avantage, c’est que je n’ai plus aucun regret de ne plus pouvoir aller
découvrir le nouveau refuge du Goûter, merveille HQE à 3835 m d’altitude. Je
garde le souvenir de l’ancien [à gauche de la photo] :
Et encore,
de l’ancien avant l’extension annexe qui n’a guère plus de vingt ans. Ancien que
la logique administrative impose au CAF de démolir, ce que le maire de Chamonix
refuse compte tenu du prix pharamineux que ça coûterait là-haut. Mais sans
doute est-ce nécessaire par principe de
précaution pour… éviter d’éventuelles poursuites en responsabilité pénales par
de probables squatteurs qui s’y feraient bobo…
Il y a bien longtemps que les parents, l'école et le rythme de la vie ont baissé les bras pour élever, éduquer, les enfants. Ceux-ci s'éduquent sur le tas, dans la rue et on voit ce que cela donne. Revenons aux apprentissages d'antan qui non seulement éduquaient mais formaient un enfant à devenir adulte mais on va nous taxer de rétrogrades, de réac, de vieux cons..........
RépondreSupprimerLe sans gêne en montagne ne date pas d'aujourd'hui.
RépondreSupprimerEn août 1960, j'ai été contraint avec mes compagnons de cordée de me réfugier dans le refuge Vallot, les conditions météorologiques rendant brutalement impossible l'ascension du Mont-Blanc.
Nous avons découvert un véritable dépotoir qui témoignait du peu de scrupules de ceux qui nous avaient précédé.
La nuit précédente avait déjà été éprouvante au refuge du Goûter, à cause de l'arrivée inopinée de tout un groupe qui n'avait évidemment pas réservé !
C’était bien déjà pour ça que vers la fin des seventies j’ai commencé à éviter les courses m’imposant de fréquenter les refuges de haute-montagne trop fréquentées : trop de "terroristes viking m’a-tu-vu au bandeau sur le front"…
Supprimer"Mont-Blanc: un père et son fils de 5 ans interceptés à 3.200 mètres"
Supprimerhttp://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/08/09/01016-20140809ARTFIG00117-mont-blanc-un-pere-et-son-fils-de-5-ans-interceptes-a-3200-metres.php
On aurait dû le plâtrer...
Supprimerhttp://leplouc-emissaire.blogspot.fr/2012/07/le-pegeachem-et-les-russkofs.html
Ce n'est pas Albert Camus qui disait "un homme, ça s'empêche", mais son père…
RépondreSupprimerExact, cher maître. Mais c'est parce que son fils l'a répété que nous le savons...
Supprimerl'an dernier,le regrettable hubert huertas ( prononcer "houertach" ) sur vronze cul avait eu cette phrase mémorable a propos des querelles de chef à l'ump "camus a dit - un nhomm' ça s'empèche- hé bien ,un parti politique ,ça devrait s'empêcher aussi"
Supprimerça devrait ?
de quel devoir nous parlait le minimissime houertach?
et surtout pourquoi convier camus père et fils dans l'affaire?
ah! l'univers impitoyable de la montagne! jeune j'étais parti en raid CAF avec un encadrant bénévole fou furieux qui nous faisait crapahuter en nous enguelant dans une tempête de neige , on se serait cru à la Légion! quant aux refuges, promiscuité, puanteur, beuark!
RépondreSupprimeroui il y a effectivement des sports maudits.
RépondreSupprimerun homme monte sur un cheval et devient instantanemment un con imbuvable
un honnète bourgeois sur son bateau se transforme en micro-nazi
et en montagne dés qu'ils sont plus de deux en incroyables emmerdeurs
paco
Rien n'empêche le cavalier, le yachtman et l'alpiniste d'avoir un minimum de "savoir-vivre", Môssieu...
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