"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 2 décembre 2014

Vivre-ensemble, du métro au Goûter…



Jadis plutôt que naguère, il y avait un je-ne-sais-quoi que l’on appelait le "savoir-vivre", je crois. Il y avait même des manuels pour codifier ça. Ça contribuait amplement, avec divers autres trucs (dont un qu’on appelait la "galanterie") à  entretenir, comment dire ?, une ambiance générale ? Disons un état qui n’allait pas forcément de soi en bien des circonstances mais qui allait quand-même suffisamment de soi pour qu’on n’ait même pas besoin de lui donner un nom pour savoir de quoi on parle. Avec des aléas divers et variés au fil des siècles, cet état dont je cause sans trop savoir comment le nommer tenait à peu-près debout depuis des temps immémoriaux du fait – ne rêvons pas – du respect de codes, tant il est vrai que, comme le disait Albert Camus, "un homme, ça s’empêche"…   
Grâce aux efforts de libération déployés par la fée Egalité, à la nouvelle devise gravée aux frontons virtuels de la République des Acurabas ("C’est Mon Droit – C’est Mon Choix – Parce que Je le vaux bien") et à divers autres facteurs sur lesquels je ne m’étends pas, cet état est heureusement – dit-on – devenu optionnel et même parfois incompréhensible au commun. Du coup, il a fallu se décider à lui donner un nom et, comme il est d’usage, en parler d’autant plus que ce qu’il est sensé désigner est aux abonnés absents… Bref, on lui a trouvé un nom, quelque chose de joli qui ne mange pas de pain :  
C’est le vivre-ensemble

Nous avons tous eu l’occasion de nous trouver en immersion dans ce vivre-ensemble, d’en goûter les richesses, d’apprécier son attention aux autres, ne serait-ce que dans la rue ou le métro. Tout à l’heure, dans le métro justement, une dame âgée, assez décharnée, branlante et semble-t-il plutôt malvoyante, n’a eu qu’un zest de retard à l’allumage pour sortir de la rame ; rien qu’un zest. Eh bien elle a failli reste dedans, repoussée par la horde qui montait sans se gêner de la repousser à l’intérieur. Je vois encore qui lui a flanqué un brutal coup d’épaule pour la virer de Son chemin : une mamie-cabas affairée bien-de-chez-nous… Bon.

Où en étais-je ? Ah oui ! Sortant moi-même du dit métro et retrouvant l’air libre, je me disais que ces genres de comportements n’étaient pas que l’apanage des richesses importées et du vulgaire commun autochtone. La transmission de la culture (à qui le savoir-vivre était une sorte de ceinture de sécurité) s’évapore à tous les étages. A cet égard, les concierges des palaces à cinq étoiles comme les huissiers de grandes maisons et les shampouineuses de chez Alexandre en ont sûrement des gratinées à raconter…

En revanche, mes souvenirs anciens aidant, je me disais qu’on devait encore échapper à ces miasmes en fréquentant l’air pur des sommets. Là, les efforts à fournir pour y baguenauder étaient censés opérer une sélection naturelle éliminant les butors et la grande masse des egobodies j’y-ai-droit-puisque-je-paie…

Las ! Mes coronaires ne me permettant plus d’avaler comme un jeune homme les dénivelés nécessaires, ce n’est plus que de bons souvenirs. Bien sûr, je me souviens de quelques cas assez gratinés mais justement tellement ponctuels qu’on les garde en mémoire. Désormais, la butorderie et le chacun-pour-soi, Saint-Trop-pèze et le Neuf-Trois ont atteint les sommets !

La saison d’été étant bien finie, on peut en faire le bilan. Et cette année, le recensement des faits de société sur la voie normale d’accès on Mont Blanc a dépassé toutes les espérances. Pour citer quelques exemples : 2 polonais brisent avec leurs piolets la fenêtre de l’abri hivernal de Tête Rousse pour y pénétrer alors que le refuge est à 100 m. Au refuge du Goûter, la liste est longue : 3 belges qui n’avaient pas réservés forcent, en pleine nuit, la porte du réfectoire et prennent tranquillement leur petit-déjeuner. Des russes, à qui pourtant il a été conseillé de ne pas partir vers le sommet, s’en vont quand même en volant la corde d’un guide et 2 cordes du refuge. Une américaine accompagnée de 2 espagnols, qui n’avait pas réservé, exige des équipements pour dormir et insulte les gardiens. Des hollandais discutent les prix qu’ils connaissaient avant de monter. Dans le refuge gardé le plus haut d’Europe, avec tout ce que ça implique pour l’approvisionnement, des clients réclament un régime sans gluten ou sans lactose…

Bref, c’est fini. L’avantage, c’est que je n’ai plus aucun regret de ne plus pouvoir aller découvrir le nouveau refuge du Goûter, merveille HQE à 3835 m d’altitude. Je garde le souvenir de l’ancien [à gauche de la photo] :


Et encore, de l’ancien avant l’extension annexe qui n’a guère plus de vingt ans. Ancien que la logique administrative impose au CAF de démolir, ce que le maire de Chamonix refuse compte tenu du prix pharamineux que ça coûterait là-haut. Mais sans doute est-ce nécessaire par principe de précaution pour… éviter d’éventuelles poursuites en responsabilité pénales par de probables squatteurs qui s’y feraient bobo… 


11 commentaires:

  1. Il y a bien longtemps que les parents, l'école et le rythme de la vie ont baissé les bras pour élever, éduquer, les enfants. Ceux-ci s'éduquent sur le tas, dans la rue et on voit ce que cela donne. Revenons aux apprentissages d'antan qui non seulement éduquaient mais formaient un enfant à devenir adulte mais on va nous taxer de rétrogrades, de réac, de vieux cons..........

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  2. Le sans gêne en montagne ne date pas d'aujourd'hui.
    En août 1960, j'ai été contraint avec mes compagnons de cordée de me réfugier dans le refuge Vallot, les conditions météorologiques rendant brutalement impossible l'ascension du Mont-Blanc.
    Nous avons découvert un véritable dépotoir qui témoignait du peu de scrupules de ceux qui nous avaient précédé.
    La nuit précédente avait déjà été éprouvante au refuge du Goûter, à cause de l'arrivée inopinée de tout un groupe qui n'avait évidemment pas réservé !

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    1. C’était bien déjà pour ça que vers la fin des seventies j’ai commencé à éviter les courses m’imposant de fréquenter les refuges de haute-montagne trop fréquentées : trop de "terroristes viking m’a-tu-vu au bandeau sur le front"…

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    2. "Mont-Blanc: un père et son fils de 5 ans interceptés à 3.200 mètres"

      http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/08/09/01016-20140809ARTFIG00117-mont-blanc-un-pere-et-son-fils-de-5-ans-interceptes-a-3200-metres.php

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    3. On aurait dû le plâtrer...
      http://leplouc-emissaire.blogspot.fr/2012/07/le-pegeachem-et-les-russkofs.html

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  3. Ce n'est pas Albert Camus qui disait "un homme, ça s'empêche", mais son père…

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    1. Exact, cher maître. Mais c'est parce que son fils l'a répété que nous le savons...

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    2. kobus van cleef03/12/2014 21:05

      l'an dernier,le regrettable hubert huertas ( prononcer "houertach" ) sur vronze cul avait eu cette phrase mémorable a propos des querelles de chef à l'ump "camus a dit - un nhomm' ça s'empèche- hé bien ,un parti politique ,ça devrait s'empêcher aussi"
      ça devrait ?
      de quel devoir nous parlait le minimissime houertach?
      et surtout pourquoi convier camus père et fils dans l'affaire?

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  4. ah! l'univers impitoyable de la montagne! jeune j'étais parti en raid CAF avec un encadrant bénévole fou furieux qui nous faisait crapahuter en nous enguelant dans une tempête de neige , on se serait cru à la Légion! quant aux refuges, promiscuité, puanteur, beuark!

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  5. oui il y a effectivement des sports maudits.
    un homme monte sur un cheval et devient instantanemment un con imbuvable
    un honnète bourgeois sur son bateau se transforme en micro-nazi
    et en montagne dés qu'ils sont plus de deux en incroyables emmerdeurs
    paco

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    1. Rien n'empêche le cavalier, le yachtman et l'alpiniste d'avoir un minimum de "savoir-vivre", Môssieu...

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