Cette
année encore, la flemme consubstantielle au Ploukèm’ ne m’a pas permis d’élaborer
une galerie subjective de photos symbolisant l’An 226 du passage de l’ombre à
la lumière (ou
1435 de l’Hégire). L’an
dernier, déjà, pour résumer l’année chue,
je m’étais contenté de vous montrer Justin Bieber, vu qu’en bon disciple de Saint
Martin de Tours je me devais de le rhabiller pour l’hiver.
De
fait, cette idée de vouloir faire une rétrospective
est à jeter dans les poubelles de l’histoire ; seul comptant dorénavant le
présent rêve métissé dans l’éternel
futur comme l’a écrit un jour un communicant
payé pour ça avec nos sous par un édile socialo-coco post-stalinien… D’ailleurs,
la sinistrose ambiante et la déprime généralisée se lisent bien sur Fesse-bouc où les acurabas manifestent
leur ras-le-bol des rétrospectives que
leur imposent leurs amis avec leurs
photos de vacances pendant que les fins de mois sont difficiles et que la richesse encombre les correspondances à
Châtelet-les-Halles… Mais je m’égare.
Donc,
"que faire ?" comme disait Vladimir Ilitch. Quelle photo pour illustrer,
sinon l’état du monde, du moins la deuxième année pleine de l’actuel lustre franco-fwançais ? Mélange de
réel et de subjectivité nauséabonde, j’ai opté pour celle de cette chère Philae
dont l’arrivée chez nous vient couronner une année riche en réformes et actions
de la République exemplaire :
-
Déjà, c’est un migrant. Oui, une
personne d’origine étrangère. Elle
est venue nous enrichir de sa présence, contrainte de quitter son pays à l’insu
de son plein gré. Mieux encore, elle est black ; ce qui est un plus car ce
n’était le cas d’aucun de ses prédécesseurs dans la fonction (l’emploi a été créé
par Georges Pompidou)
-
Ensuite, si elle n’a pas la chance d’être sans-papiers, ses papiers sont faux,
ce qui rassure. En effet, on ne nous fera jamais croire qu’elle n’a que deux
mois et demi. Plutôt quatre ou six sans doute. Là aussi on voit bien que, même
pour s’introduire à l’Elysée et s’y faire attribuer un logement, on s’abstient
d’effectuer d’outrageants contrôles au
faciès…
-
Ensuite encore, regardez sa posture et sa tronche. Je lis dans ces yeux ce qu’elle
pense (d’ailleurs,
Pluto m’a traduit, ce qui m’a évité quelques contresens) : « - Putain la loose !
Je fais quoi là ? Le carrelage est froid. Je sens que le type là avec sa
chaîne et sa queue de pie va me flanquer un coup de tatane dès que les photographes
auront le dos tourné. Bon, j’ai compris, je sers de faire-valoir sur les photos
au type grassouillet qui a la manchette qui dépasse. Mais va pas falloir
compter sur lui quand il n’y a pas la presse, ni pour des causeries au coin du
feu, ni pour me donner ma pâtée… Un sucre, peut-être devant un invité ?
Bon, je vais essayer d’adopter l’esprit de cette maison ; Maman m’a dit qu’en
général c’est ce qu’il faut faire pour être tranquille. Bon, c’est quoi le
style ici ? Z’ont tous l’aire déprimé, j’ai qu’à faire pareil en restant
allongé, avachi avec une tronche de chien battu qui fait pitié ; ils ont
tous l’air comme ça, donc ça doit leur réussir…
Il
y a quand-même un truc qui m’inquiète : Tous ces types à tronche d’enterrement
qui chuchotent dans les couloirs, en causant d’eux et de ceux qui ne sont pas
là, quand ils ne parlent pas de trucs qu’ils se font entre mâles, je ne les
entends parler que de position démissionnaire ! Déjà que je n’ai
pas vu un seul chien dans cette boutique, comme Maman m’a expliqué que quand je
serai grande ce sera en levrette, je
crains de ne pas avoir de descendance. Eux le craignent aussi, je crois… »
Cépatout. Cette photo est un concentré de
symboles :
-
Le tabouret empire doré sur tranche
sous-cul de velours. Sert-il et à qui ? L’huissier à chaîne et gants
blancs a-t-il le droit de s’asseoir dessus entre deux ronds de jambes sur le
perron ? C’est peu probable. Ce n’est sans doute qu’un accessoire meublant purement décoratif, ni plus ni moins que nombre de guignols entrant et
sortant par ce perron, notamment les jeudis. Bref, sans pour autant être une installation contemporaine, cet objet
inerte incarne, avec plus de discrétion et de tenue que d’autres, la raison sociale actuelle de l’établissement.
-
Le drapeau de la Nation est largement masqué par l’espèce de drap de lit bleu
Bugatti dont on ne sait plus trop ce qu’il symbolise avec ses douze étoiles
dont on a perdu le sens. De plus, vous noterez que, dans l’ordre protocolaire, notre drapeau cède le pas à l’autre truc
qui est le plus près de la porte.
-
L’arbre de Noël des fêtes de fin d’année, le communicant a sûrement
voulu qu’on le voit, vue que Philae est un cadeau au pied du sapin pour l’hôte
du lieu. Et puis ça met un peu de couleur dans cette cour minérale où rien ne
pousse et rien ne luit. Qu’on le voit
mais pas trop, hein ! Faut ménager les Loges et les mosquées…
-
Enfin, le plus important, le truc que la stagiaire de première année en bac pro
de script-girl ou d’attaché de presse n’aurait pas laissé passer : Les
deux parapluies ! C’est-à-dire les seuls trucs à peu près utiles dans le
décor. Les plus parlants : D’abord,
ce n’est pas une photo volée comme on
en a déjà tant vues, c’est une photo diffusée par le Service de presse de la
Présidence de la République. Une photo où, en principe, chaque détail est passée
au contrôle du plan-com’. Si c’est voulu pour renforcer le côté proximité du locataire
qui-est-comme-vous-et-moi, c’est raté ! Du premier 14 juillet à Ouessant,
le parapluie est devenu la marque du quinquennat.
Bien qu’il ne soit même plus capable de couler un Rainbow Warrior… Il y en a un
caché dans la pénombre de la colonne, comme s’il avait honte ; on comme s’il
ne serait plus guère, qu’il y avait de moins en moins de visiteurs, qu’un seul
servait désormais pour les sorties solitaires du locataire. D’ailleurs, l’autre
qui se découpe tout seul sur un ciel gris a un quelque chose de point d’interrogation…
C’est
fou ce qu’on peut arriver à lire sur une photo après une bouteille de
Chardonnay.
N'arrête surtout pas la Chardonnay ! Meilleurs voeux pour cette nouvelle année... même en Socialie
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