"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mercredi 11 mai 2011

La casserole et la transcendance…

Dans la série "Art con-tent de soi subventionné", je ne saurais vous priver d’une œuvre qui vaut moins par sa débilité intrinsèque que pour l’illumination que j’ai eue en lisant le texte de présentation-justification commis par le taulier de "l’établissement" qui l’héberge.

Il s’agit de la "colonne Pascale" qui orne la nef de l’église Saint Bonaventure de notre bonne ville depuis la Semaine Sainte et qu’on va sans doute se farcir jusqu’à la fête de la Visitation. Je mets rarement les pieds dans ce sanctuaire non paroissial qui ne présente pour moi que l’avantage occasionnel d’y trouver un clergé inconnu et sans insuffisances cardiaques susceptible d’entendre à confesse mes crimes et péchés récurrents contre le spirituellement-correct…

La "colonne Pascale" donc. Ayant ouï dire la chose et la saison aidant, j’avais pensé, naïf et con, qu’il s’agissait d’une expression artistique contemporaine symbolisant le Cierge Pascal et n’y songeais plus. Heureusement pour l’enrichissement de ma kultur, un événement gravissime m’a rappelé à l’ordre : l’œuvre en question a été sauvagement renversée par un inconnu (le Musée d’Art Contemporain prêteur de la chose a porté plainte et l’enquête piétine d’autant plus que je n’y suis pour rien) L’œuvre (on dit l’installation, je crois) ayant été restaurée dans sa splendeur, je me suis fait un devoir d’aller la visiter entre Picard et Monoprix.

Aucun rapport avec le cierge, je tiens à rassurer vos sensibilités laïques. Il s’agit d’une création originale de Pascale Marthine Tayou. C’est un artiste belge, figurez-vous, et de surcroît un mâle d’origine camerounaise, pas un de ces fruits du Congo qui fascinaient tant Vialatte. L’église très centrale de Saint-Bonaventure a donc convié l’artiste à y dresser sa "colonne Pascale" de 7 mètres de haut. Elle est constituée d’un lot de marmites made in China dont la livraison doit manquer aux ménagères de certains villages africains. La procession eucharistique dans l’allée centrale n’a qu’à faire un détour…


Heureusement, la notice rédigée par le prêtre recteur du lieu m’a apporté un éclairage essentiel. Je vous en donne ci-dessous un aperçu compacté :

Accueillir une oeuvre d’art contemporain dans une église n’est pas simplement la prolongation du geste de nos anciens qui ont toujours voulu associer la célébration de la liturgie chrétienne à la convocation du beau voire du spectaculaire, car (…) l’acte humain de création s’empare des éléments créés par Dieu pour les agencer d’une manière inédite, relève de la pleine liberté humaine, voulue par le Créateur, et participe même d’une forme de collaboration à Son activité permanente et gracieuse. (…)

… il y a un rapprochement évident entre le prénom de l’artiste et le sommet de la vie chrétienne (…) entre la mort et de la résurrection de Jésus-Christ et l’installation que nous avons le privilège d’accueillir. (…) plus intime encore, [le rapprochement] entre la "colonne Pascale" et ce que l’Église célèbre à Pâques tient au matériau choisi pour constituer la colonne. Il n’y a pas qu’un renvoi à la culture africaine, dont il est quand même temps de prendre conscience de son importance pour notre pays, mais il y a surtout l’usage d’éléments du quotidien que l’accumulation conduit à transcender. Ces casseroles empilées renvoient aux incertitudes actuelles sur la capacité des humains à suffire à leur subsistance, tout en désignant le lieu même où s’actualise pour nous le relèvement de l’humanité. (…) Et la taille même des ustensiles choisis conduit à penser à un repas qui annonce le festin ultime de l’humanité tout en exigeant de nous un partage qui est toujours le signe de la maturité humaine.

(…) C’est bien au mystère constitutif de notre vocation que renvoie la "colonne Pascale" en nous aidant à lever les yeux vers ce qui éclaire l’humanité tout en poussant au partage avec ceux qui, pour diverses raisons, se sentent en bas. (…) …qu’il me soit permis de remercier vivement l’artiste, le Musée d’art contemporain (…) Saint-Bonaventure veut ainsi manifester sa disponibilité pour accueillir ce qui peut être signifiant pour tous au coeur de nos hésitations partagées.


Eclairage essentiel, disais-je. Le papier du critique d’art sur la Virgin Mother de Damien Hirst (cf. ici), lui, suait son pensum lucratif sorti à la chaîne par un plumitif cultivé payé à la ligne pour faire la promo de l’œuvre sans croire un mot de ce qu’il écrit. Là, en revanche, j’ai enfin mieux compris que la valeur artistique (et pécuniaire) d’une œuvre ne tient pas au talent, à l’inspiration, à la dextérité, aux intentions ou au ressenti de son créateur, mais exclusivement à ce qu’elle suscite chez son admirateur. Bref, c’est comme tout bien de consommation.

Y a de l’avenir dans l’art contemporain… Tout est dans l’étude de marché…

7 commentaires:

  1. kobus van cleef11/05/2011 16:56

    effectivement , ça rejoint la valeur d'éloge si chère à muray
    des marmites afwicaines comme ça , j'en ai vu , mais en chine
    à xian pour être précis
    et elles sont revendues en afrique
    bref
    tant qu'on est dans les célébrations , hier , le 10 mai c'était la saint-cocu (ses seïdes disent "la saint-françois" ou la "saint-peupleudeugaucheu") et aujourd'hui , le 11mai c'est la saint gueule de bois

    RépondreSupprimer
  2. L’Eglise catholique me fait penser à feu le PCF, l’idée c’est de foutre la honte à ses adeptes et à ses compagnons de route, comme ça il ne reste plus qu’à conter les purs, les vrais militants, parce qu’entendre qu’un adepte de l’installation est flanquée par la Grâce divine et figure au nombre des élus, je ne dis pas seulement que c’est absurde, je dis que ça atteint un niveau de cordicolisme hors-classe

    RépondreSupprimer
  3. Ah les cons.
    Sauf le sauvage renverseur de colonne sacrée, bien entendu.

    RépondreSupprimer
  4. On a envie de le lui enfoncer dans le pétrus, son
    empilement de casserolles à ce sale connard!

    RépondreSupprimer
  5. J'ai assisté à la messe, de passage à Lyon, a Saint Bonaventure.
    Le coup de pied salvateur m'a démangé. Je n'ai pas osé.

    Popeye

    RépondreSupprimer
  6. kobus van cleef15/05/2011 12:47

    @ mémento
    comme homme assez fortuné , il m'arrive de cotoyer toutes les classes sociales , tous les milieux , bref tout le monde et de tailler une bavette avec tout le monde ( surprenant , vous m'auriez dit ça il y a seulement 20ans....comme quoi ....)
    les cathos ( les cathos modernes pratiquants , s'entend , hein pas les autres , pas les cathos en peau de lapin qui ont été baptisés qui vont à la messe de noël ou au mariage de leur fille , comme ...comme moi , tiens )s'infligent toute une série de souffrances , de mutilations , de tortures qu'ils portent ensuite vers le seigneur pour gagner le paradis
    un peu comme les cathares ou comme les dévots de 17ème ( "laurent , serrez ma haire avec ma discipline..."crie tartuffe à son valet , pour forcer la main d'orgon , genre "je vais offrir mes souffrances à dieu un peu plus loin , comme ça le bénéfice en sera pour un autre")
    et , tiens aussi , comme ces cagoles qui proclament qu'elles ne sortent qu'avec des blaques et des beurs , alors qu'elles savent au fond d'elles même que ça pourra pas marcher
    elles offriront leurs vergétures après leurs grossesses comme autant de stigmates sur l'autel du culte de la différence
    pareil pour leurs coquards ou leurs dents déchaussées et pareil pour celles qui tombent mal , par exemple sur des petits malins qui les font tourner
    vous me direz que je généralise ?
    ben oui
    à partir d'un cas familial voyez , une de mes cousines ( heureusement la plus moche , mais c'est vrai qu'on a du mal à les départager ) a vu son existence saccagée par un magnifique samir , venu d'outre-méditérannée , faisant sienne la propagande que sa mère ( éduc nat) et son père (socialisse)lui avaient fourrée de force dans la caboche
    quelques années plus tard , ses deux mouflets envolés au pays avec leur père , l'appart acquis chèrement ( communauté de biens , la conne ! TOUJOURS faire un contrat de mariage , le plouc vous le confirmera )revendu par le mecton , il ne lui reste que le vide
    vide de la place du lit à coté
    vide du compte épargne
    vide de la chambre des gosses
    et encore , le mec était quasi réglo , il la tabassait pas

    RépondreSupprimer
  7. Que voulez-vous!
    Un vieux reste de pudeur judéo-chrétienne, un zeste de respect humain, la crainte d'être celui par qui le scandale arrive (est révélé, plutôt). C'est sûr que le mouvement de colère qui soulage était tentant.

    Popeye

    RépondreSupprimer