Parking d’avenir…

En suite à des appels d’offre, l’UGAP, la centrale d'achat de la fonction publique, a passé commande aujourd’hui de 2.600 voitures dans la continuité du plan de relance de la filière automobile présenté par l'Etat en juillet. Cébien.

Oui, cébien car il arrive toujours un moment où il faut renouveler la flotte avant qu’elle ne coule. On ne peut pas faite éternellement rouler les fonctionnaires dans des Ford T (ou des Mégane Prestige plus cotées à l’Argus). Et manque de pot si ça tombe en période de restriction budgétaire ; quand y faut y faut… Et coup de pot si ces besoins pressants tombent pile-poil comme de juste dans la foulée du plan de relance conjoncturel de la filière ; plan qui a notamment étendu aux acheteurs publics les bonus à l'achat de véhicules électriques et hybrides. On partira du principe qu’il y a bien 2.600 caisses des administrations et personnes morales assimilées qui ont besoin d’être remplacées à brève échéance. Déjà que, d’après Jean-Marc, c’est nous qui "inventons de la cacophonie", on ne va pas en plus mégoter…

C’est le troisième lot du genre depuis l’annonce gouvernementale de ce fameux plan. Le premier prévoit la livraison par Renault de 15.600 fourgonnettes pour les collectivités locales, la Poste et d’autres entreprises publiques. Le second, de petites Peugeot et Citroën en version commerciale pour EDF, AREVA et d’autres entreprises publiques "et privées" (?) Quant à la Police, je ne sais pas si elle va devoir faire durer de vieilles guimbardes depuis que notre divin Arnaud, ministre du Viagra industriel, a vertement tancé l’UGAP qui a eu le front d’attribuer le renouvellement d’une partie des voitures de flics au groupe FORD, à la fois mieux disant et répondant le mieux au cahier des charges. Accessoirement, il est curieux que Montebourg ne se soit pas fait gronder par Bruxelles, les caisses en question étant fabriquées dans l’U.E. Mais je m’égare…

Sur les 2.600 bagnoles (électriques celles-ci) commandées hier, il y a évidemment 2.100 petites Renault. Et… 500 Mia… Kékséksa ?

Ce sont des voiturettes construites chez Heuliez par Heuliez, maison bien connue pour laquelle j’ai toujours eu de l’affection en regardant passer ses minibus et ses voitures de pompiers. Mais qu’est-elle devenue ? Heuliez a fait faillite comme toute affaire industrielle française un jour ou l’autre. Drame social, recherche d’un repreneur, etc.

Le repreneur s’appelle Mia. Il a repris… la seule partie "à potentiel", c’est-à-dire le département voitures électriques avec le bureau d’études et les plans et brevets qui vont avec. Et c’est passé de 150 à 250 salariés ; cool ! (pour ce département, le reste passant de je ne sais pas combien à zéro) Cébien, pour une fois qu’on ne s’échine pas à sauver des emplois sans avenir en s’interdisant d’en créer d’autres, ça nous change.

Résumons :   

  

- Qui est Mia ?-  Une société qui appartient à 68,8% à un groupe allemand. Accompagné par un autre actionnaire à hauteur du reste, soit 31,2%, qui est… la Région Poitou Charentes et ses contribuables qui mettent chaque année au pot pour rembourser l’emprunt…

- Et la bagnole ? - Small is beautiful et on ne va pas le lui reprocher. Le modèle "de base" est annoncé à 19.500€ TTC pour 80 km d’autonomie ; mais ramené à 15.920€ aide nationale déduite….

- La prévision estimée de ventes ? -  10.000 exemplaires. OK

- Et… la répartition prévisionnelle des ventes par segment de marché ? – Euh. "Collectivités" 50%, "Flottes captives (sic)" 30%...

Bref, voilà une opération de redressement industriel exemplaire : Menée avec un investissement fourni pour le tiers par l’argent public, elle permet de commercialiser des produits dont chaque unité livrée bénéficie d’une subvention publique de près de 20% de son prix. En outre, au moins 50% et probablement 80% du chiffre d’affaires sera réalisé avec des services publics. Je vous laisse calculer la contribution des contribuables…

Comme dit l’autre, j’ai rien contre… Mais je ne peux pas m’empêcher de penser aux Contrats d’Avenir…