Ah
le poids des dépenses publiques ! "Chez nous", il absorbe dorénavant
57% du Produit Intérieur Brut. Il y a bien dix ans qu’a été allègrement franchie
la barre des 50% qui est encore aujourd’hui la moyenne chez tous nos voisins
européens ; et la petite bébête continue de grimper, grimper…
Bon.
Une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit de la nature de la dépense publique. A la louche, il y a là-dedans deux
grandes catégories de dépenses : celles qui relèvent de ce qu’on appelle
les missions régaliennes de l’Etat
et… le reste.
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Dans le régalien, on trouve tout ce
qui relève de la Défense, la Police, la Justice et la Diplomatie…
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Dans le reste, d’une part, il y a
tout un inventaire à la Prévert de monopoles, combinats, offices de tutelles,
etc., qui vont des hôpitaux et des écoles à l’administration des Monnaies et
Médailles et à l’Institut du Monde Arabe…Bien sûr, il y a là-dedans une
fraction (très
petites fraction…) des
dépenses qui relèvent de fait aujourd’hui du quasi-régalien : On n’est
plus sous Louis XIV et la collectivité doit logiquement garder un œil pour la
cohérence d’ensemble sur certains domaines, qu’il s’agisse de normes sanitaires
ou de ce que je qualifierais de "Voierie-Réseaux-Divers" (réseaux
d’infrastructures, routier, ferroviaire, d’énergie, de flux numérique,
régulation aérienne…)
Mais entre contrôler et faire soi-même il y a de la marge…
Et
d’autre part, il y a l’Etat Providence qui, comme Maman, fait lui-même à la place de ses chers petits, que ce soit soigner,
enseigner, ramasser les poubelles, définir la hauteur des appuis de fenêtres…
Enfin,
il y a les transferts sociaux,
l’énorme essoreuse à salade qui ventile les sous au titre de ce qu’on appelle
le modèle social français (dont je n’ai pas
trouvé la définition se réduisant à aucune autre et je m’en excuse)…
Pourquoi
vous causer de toussa que vous savez
déjà ?
A
cause de la répartition de cette foutue dépense publique entre le régalien et le reste. Et de son évolution :
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En 1960, dépense publique à 35,0% du PIB : 6,5% pour le régalien
et 29,5% pour le reste.
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En 1990, dépense publique à 49.5% du PIB : 4,5% pour le régalien
et 45,0% pour le reste.
-
Aujourd’hui, on en est à 57% du PIB : 2,8%* pour le régalien et 54,2% pour le reste…
*
Ces 2,8%
se décomposant ainsi : 1,6% pour la Défense, 0,7% pour la Police, 0,3% pour
la Justice et 0,2% pour la Diplomatie…
Pour
ce qui est du reste, il est
incontestable que la majeure partie de son contenu pourrait, le cas échéant, relever
d’opérateurs privés et, dans bien des cas, avec une meilleure efficacité et
qualité du service rendu.
En
revanche, qui pourrait imaginer un pays qui resterait un Etat de droit en
n’étant doté que d’armées privées, de polices ou milices privées, de justice
privée et d’une diplomatie confiée au pas forcément moins disant sur appel
d’offre à quelque ONG ou société de services ? (bon, ok, c’est déjà
le cas sans que je sache trop si c’est à Goldman Sachs ou au Département
d’Etat…)
C’est
formidable ! Le dépérissement de l’Etat dont les vieilles barbes Marx et
Engels avaient rêvé dans leurs divagations les plus folles, le modèle social français™, avec son vivre ensemble™ et son rêve métissé d’un éternel futur© est en
voie de le réaliser !
Au
rythme de régression de la part du PIB consacré au régalien observé de trente
ans en trente ans, dans une génération, disons en 2045, on ne consacrera plus
que moins de 1% du PIB au régalien. Tout juste de quoi entretenir les ors, les
bagnoles de fonction et gardes du corps d’une potiche quelconque conservée pour
"avoir l’air de…". L’Etat - de droit ou pas - aura enfin disparu !
Et,
la nature ayant horreur du vide, il y aura quoi à la place ? Peut-être quelque chose comme une sorte de multinationale humanitaire croyant naïvement gérer
sur le papier des distributions symboliques de rations de survie à la tête du client et la reconnaissance, au titre du fait accompli, des droits de prédation que se
seront appropriées des mafias locales…
L’avenir
est serein…
Interessantes analyses au plaisir de vous lire Plouc'em.
RépondreSupprimerDom.
La santé peut faire parti du régalien aussi. Sans avoir l'arme de fonctionnaires et le lobby des infirmières/infirmiers guadeloupéens (true story). Il suffit que l'Etat construise et administre des hôpitaux dont les employés seront en CDI.
RépondreSupprimerj'aime bien le détournement de l'affiche
RépondreSupprimertellement....vrai? bien vu?