Jeudi, ce qui nous sert de Président de la République nous a fait l’effet d’un
petit fonctionnaire. Le petit fonctionnaire
qui se la joue actif et affairé devant les usagers assujettis à son
administration ("Votre réclamation a retenu toute mon
attention, gnagna, etc. Cependant…") Mais le petit fonctionnaire, surtout, qui sait in petto se trouver par hasard affecté à un poste excédant
largement ses compétences. Du coup, protégé par son statut, il se contente d’expédier les affaires courantes et planque
dans les tiroirs, en-dessous des suspens,
les dossiers trop compliqués qu’il ne sait pas traiter ; et même parfois
auxquels il ne comprend rien. En espérant qu’on ne vienne pas trop souvent lui
demander où ça en est… Et tous les matins, il noue sa cravate et va au bureau
en attendant la retraite ; encore deux ans et sept mois à tirer.
Tranquille Baptiste…
L’embêtant, c’est qu’il y a les séminaires
périodiques avec les collègues qui, eux, (en général) ne sont
pas aussi incompétents, qui le lui font sentir et le bousculent un peu trop à
son goût.
C’est ainsi que l’autre jour, il lui fallait figurer à ce truc de l’OTAN.
Pas question de se mettre en congé maladie… Et là, il savait qu’on allait le
bassiner, le harceler pour qu’il annule la livraison de deux BPC de la classe
Mistral au méchant de Moscou.
Tant sur un plan commercial et industriel que de haute politique (diplomatie, défense, choix stratégiques
à long terme, etc.) l’affaire
était chez nous pliée, actée, justifiée, argumentée et personne n’y trouvait à
redire. De plus, décidée fin juillet par l’U.E., l’interdiction d’exporter du
matériel militaire vers la Russie n’est pas rétroactive et ne s’applique pas
aux contrats conclus avant le 1° août. Bref, n’étant pas en guerre contre le client, les conditions permettaient de rester
ferme sur ce dossier et de ne pas céder aux pressions des Rosbifs et autres
caniches Polonais des amerloques... Mais voilà, comment se distinguer par une voix
discordante quand on ne pèse pas un minimum de poids ? C’est-à-dire quand
on ne peut pas afficher aux yeux des collègues
un minimum de résultats dans le métier ? Et qu’en plus on a confié sa
politique étrangère aux collègues, en gérance libre et sans contrepartie ?
C’est compliqué. Alors, pour qu’on lui fiche la paix durant ces deux jours,
pour qu’on le laisse tranquille, le petit fonctionnaire annonce d’entrée de jeu
à ses collègues qu’il ne livrera la marchandise que lorsque les conditions seront réunies… Et qui déterminera si les
conditions seront réunies ou pas ? Les collègues,
évidemment…
Tout baigne pour le petit fonctionnaire. Il aura quand-même pris la parole
pour dire quelque chose puis est rentré à la niche des caniches. Grâce à son annonce, il a obtenu qu’on le laisse
tranquille jusqu’à la fin du séminaire ; tranquille dans son coin…
Bon. Reprenons. Il s’agit d’un contrat signé en 2011 entre deux entités privées, l'agence russe
d'exportation d'armements Rosoboronexport
et la DCNS, pour la livraison de deux navires pour un coût estimé à 1,2 milliard d’euros. Les deux parties signataires ont convenu que les
litiges éventuels devraient être traités au tribunal de commerce de Londres,
conformément au droit britannique. La survenance incidente de sanctions unilatérales n'étant pas un
cas de force majeure, le constructeur naval pourrait donc être pénalisé.
Si la partie française ne respectait pas les délais de livraison, aucune
pénalité ne serait appliquée les trente premiers jours. Ensuite, jusqu'à 120
jours d'attente, la pénalité s'élèverait à près d'un million de dollars par
jour. Et si, ce délai passé, le constructeur n'avait toujours pas effectué la
livraison, la partie russe serait en droit de renoncer à l'achat et d'exiger le
remboursement de tous les versements antérieurs avec les pénalités.
Le premier BPC, "Vladivostok", doit être remis à la Russie le 1er
novembre 2014. Et les conditions
permettant la livraison sont désormais confiées au bon vouloir de Washington et
des collègues.
Si ça traîne au-delà du 1° décembre, il en coûtera dans les 775 000 €
par jour à retrancher de la marge.
Si ça traîne au-delà du 1° mars 2015, le méchant pourra refuser les bêtes
et tout annuler. Ce qui est de plus en plus souvent évoqué par les sites russes
à sa botte…
Résumons.
- Perte d’une recette de 1,2 milliards d’euros pour nos chantiers navals,
- Remboursement en cash d’environ 900 millions d’euros déjà versés par l’acquéreur
et paiement, selon les experts, d’environ 251 millions de pénalités.
- Nécessité de trouver à qui fourguer en braderie pour un milliard de
boulot déjà fait se retrouvant en stock,
- Perte, pour un bon moment de plan de charge pour mille emplois,
- Perte de toute crédibilité auprès de la clientèle quant à la fiabilité de la
filière française d’armement…
Pas dramatique en cette période de croissance…
Mais tout baigne : Le petit fonctionnaire a pu passer deux jours
tranquilles et Washington garde la main sur le jeu…
Cette affaire est tellement pitoyable que même les blogueurs de gauche hollandolâtres sont restés à son sujet d'une discrétion exemplaire.
RépondreSupprimeren même temps,que vouliez vous qu'ils disent?
Supprimeron est gouverné par un bouffon?
mais tout le monde le sait!
eux aussi !
eux surtout !
mais le reconnaître ...le reconnaître , avouer qu'ils ont porté aux nues le président du conseil général des comices agricoles de corrèze ( plutôt que l'autocrate du zambèze )...ça ,non,ils peuvent pas..
C'est encore bien pire. Les poupes des navires ont été fabriquées en Russie à Saint-Petersbourg et livrées aux chantiers de Saint Nazaire pour être montées sur les BCP. En cas de défaut de livraison, les russes sont en droit (en théorie) de demander qu'on leur restitue les poupes des deux navires les rendant ainsi totalement inutilisables et donc invendables.
RépondreSupprimerOn a déjà fait les soudures... Les Russes ajouteront la facture à leur mémoire aux juges de Londres. Et pas au prix de la ferraille. Comme la justice british est à la fois vraiment indépendante du pouvoir politique et soucieuse de sa réputation mondiale dans les affaires, on en prendra plein la gueule tout en payant les frais de maintenance des 2 rafiots en rade sous séquestre pendant des années de procédure... Dans dix ans, devenus obsolètes, on les fourguera un ferrailleur indien ou pour un dollar symbolique à la Corée du Nord...
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