Phobie administrative !

Mr Thomas Thévenoud estime que ses errements ne sont que les effets secondaires inconscients sur son comportement d’une affection bénigne, la phobie administrative et qu’il n’y a pas là de quoi fouetter le chat ou consulter un spécialiste.      

Phobie administrative ! Une pathologie enfin reconnue mais non répertoriée dans la nomenclature de la Sécu et qui ne le sera pas. Cette pathologie n’est cependant ni nouvelle ni rare ; j’en suis personnellement atteint et je ne suis pas le seul… La part que l’administratif a absorbé de ma vie active, avec ses formulaires, rapports, statistiques, analyses, notations, contrôles et conclusions à établir au détriment de mes priorités, aurait dû me valoir une majoration de pension au titre des maladies professionnelles…Ben non.

Trop heureuse de l’aubaine de se voir livré sur un plateau la brebis galleuse, le parfait bouc-émissaire, aussi minable soit-il, la meute se déchaîne donc à bon compte contre ce triste crétin tout enflé de lui-même. Enfin de quoi meubler sans causer de ce qui fâche vraiment ! Enfin, aussi, une occasion donnée à n’importe quel second rôle de se pousser du col et de pouvoir parler de soi en comparant son propre civisme à celui de Thévenoud (on a les étalons de mesure qu’on peut…)

Bref, autant dire qu’en dépit de l’occasion de taper sur ce gouvernement fait de bric et de broc, je n’avais pas l’intention de crier avec les loups en revenant sur cette lamentable pantalonnade d’un Exécutif et d’un Parti dont on comprend un peu mieux qu’ils aient milité pour le CV anonyme à l’embauche…

Mais je n’ai pas résisté aux déclarations faites par deux guignols de la même mouvance. Car, bien entendu, les envoyés spéciaux comme les localiers payés à la tâche se sont précipités pour recueillir avec gourmandise les réactions de ces individus dont l’avis sur la question était attendu avec impatience par, allons, soyons bons, 0,001% de la population… Notez qu’on attend toujours ce qu’en pense Nabila…

- Jérôme Cahuzac, tout d’abord. Je le cite : "- Moi, j'avais une chance que mon histoire ne soit jamais connue. J'ai fait une connerie il y a 22 ans [le compte en Suisse], et, si mon épouse ne m'avait pas dénoncé à Plenel, il n'y aurait jamais eu d'affaire. Thévenoud, lui, a reproduit la même faute chaque année, pendant trois ans, et il n'y avait aucune chance pour que ça ne se sache pas."  

Traduction : Moi, j’étais intelligent. Sans la trahison d’une femme (chose à la mode…) ça passait sans problème. Finalement je suis une victime. L’autre con, lui, n’avait pris aucune précaution. Il suffit de ne pas se faire prendre… Propos tenus avec fierté par un gus ayant fait fortune dans les implants capillaires et qui a été sélectionné en son temps comme ministre du budget en Socialie…

- Bernard Roman ensuite. Vous ne savez pas qui c’est ? C’est pas grave. Député PS, il fut le dauphin de Pierre Mauroy pour la mairie de Lille jusqu’à l’irruption de Martine Aubry sur le manège en 1995 et il est depuis dix ans Vice-président du Conseil régional en charge des finances, du personnel, de l’administration générale et de la communication du Nord-Pas-de-Calais. Je le cite : - Si on devait faire le procès sur la place publique de tous les députés qui ont été en délicatesse avec l’administration... (…) S’il avait menti, triché, volé, certes, mais là, il n’y a pas une faute pénale. Il n’a commis qu’une négligence coupable en n'envoyant pas sa déclaration, négligence qu'il a déjà assez payé…"

Traduction : Le fait d’oublier de faire sa déclaration d’impôts trois ans de suite au point d’être taxé d’office après moult rappels ; le fait, gagnant 9.000€ par mois, ne pas payer son loyer durant trois ans et de ne s’acquitter rubis sur l’ongle de ces trois ans d’arriérés qu’à la veille d’être expulsé, contrariété qui a dû coûter son lot de temps et de frais de procédure à un proprio qui, lui, devait payer ses impôts ; enfin, cerise sur le gâteau, le fait, paraît-il, d’oublier de payer ses amendes, ne sont que négligences vénielles pour un baron de la Socialie. Ces faits n’étant ni délictuels ni criminels, toussa ne saurait en rien entacher la confiance qu’un administré peut avoir dans la consciencieuse rigueur et la compétence de son représentant siégeant en son nom à la commission des finances et ci-devant membre ou rapporteur dans des commissions d’enquête sur des fraudes fiscales…

Virez-les tous.