"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

samedi 20 septembre 2014

2 jours tranquilles à 40 millions de l’heure…



Jeudi, ce qui nous sert de Président de la République nous a fait l’effet d’un petit fonctionnaire. Le  petit fonctionnaire qui se la joue actif et affairé devant les usagers assujettis à son administration ("Votre réclamation a retenu toute mon attention, gnagna, etc. Cependant…") Mais le petit fonctionnaire, surtout, qui sait in petto se trouver par hasard affecté à un poste excédant largement ses compétences. Du coup, protégé par son statut, il se contente d’expédier les affaires courantes et planque dans les tiroirs, en-dessous des suspens, les dossiers trop compliqués qu’il ne sait pas traiter ; et même parfois auxquels il ne comprend rien. En espérant qu’on ne vienne pas trop souvent lui demander où ça en est… Et tous les matins, il noue sa cravate et va au bureau en attendant la retraite ; encore deux ans et sept mois à tirer. Tranquille Baptiste…
L’embêtant, c’est qu’il y a les séminaires périodiques avec les collègues qui, eux, (en général) ne sont pas aussi incompétents, qui le lui font sentir et le bousculent un peu trop à son goût.
C’est ainsi que l’autre jour, il lui fallait figurer à ce truc de l’OTAN. Pas question de se mettre en congé maladie… Et là, il savait qu’on allait le bassiner, le harceler pour qu’il annule la livraison de deux BPC de la classe Mistral au méchant de Moscou.
Tant sur un plan commercial et industriel que de haute politique (diplomatie, défense, choix stratégiques à long terme, etc.) l’affaire était chez nous pliée, actée, justifiée, argumentée et personne n’y trouvait à redire. De plus, décidée fin juillet par l’U.E., l’interdiction d’exporter du matériel militaire vers la Russie n’est pas rétroactive et ne s’applique pas aux contrats conclus avant le 1° août. Bref, n’étant pas en guerre contre le client, les conditions permettaient de rester ferme sur ce dossier et de ne pas céder aux pressions des Rosbifs et autres caniches Polonais des amerloques... Mais voilà, comment se distinguer par une voix discordante quand on ne pèse pas un minimum de poids ? C’est-à-dire quand on ne peut pas afficher aux yeux des collègues un minimum de résultats dans le métier ? Et qu’en plus on a confié sa politique étrangère aux collègues, en gérance libre et sans contrepartie ? C’est compliqué. Alors, pour qu’on lui fiche la paix durant ces deux jours, pour qu’on le laisse tranquille, le petit fonctionnaire annonce d’entrée de jeu à ses collègues qu’il ne livrera la marchandise que lorsque les conditions seront réunies… Et qui déterminera si les conditions seront réunies ou pas ? Les collègues, évidemment…  
Tout baigne pour le petit fonctionnaire. Il aura quand-même pris la parole pour dire quelque chose puis est rentré à la niche des caniches. Grâce à son annonce, il a obtenu qu’on le laisse tranquille jusqu’à la fin du séminaire ; tranquille dans son coin…

Bon. Reprenons. Il s’agit d’un contrat signé en 2011 entre deux entités privées, l'agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport et la DCNS, pour la livraison de deux navires pour un coût estimé à 1,2 milliard d’euros. Les deux parties signataires ont convenu que les litiges éventuels devraient être traités au tribunal de commerce de Londres, conformément au droit britannique. La survenance incidente de sanctions unilatérales n'étant pas un cas de force majeure, le constructeur naval pourrait donc être pénalisé.
Si la partie française ne respectait pas les délais de livraison, aucune pénalité ne serait appliquée les trente premiers jours. Ensuite, jusqu'à 120 jours d'attente, la pénalité s'élèverait à près d'un million de dollars par jour. Et si, ce délai passé, le constructeur n'avait toujours pas effectué la livraison, la partie russe serait en droit de renoncer à l'achat et d'exiger le remboursement de tous les versements antérieurs avec les pénalités.

Le premier BPC, "Vladivostok", doit être remis à la Russie le 1er novembre 2014. Et les conditions permettant la livraison sont désormais confiées au bon vouloir de Washington et des collègues.
Si ça traîne au-delà du 1° décembre, il en coûtera dans les 775 000 € par jour à retrancher de la marge.
Si ça traîne au-delà du 1° mars 2015, le méchant pourra refuser les bêtes et tout annuler. Ce qui est de plus en plus souvent évoqué par les sites russes à sa botte…    

Résumons.

- Perte d’une recette de 1,2 milliards d’euros pour nos chantiers navals,
- Remboursement en cash d’environ 900 millions d’euros déjà versés par l’acquéreur et paiement, selon les experts, d’environ 251 millions de pénalités.
- Nécessité de trouver à qui fourguer en braderie pour un milliard de boulot déjà fait se retrouvant en stock,
- Perte, pour un bon moment de plan de charge pour mille emplois,
- Perte de toute crédibilité auprès de la clientèle quant à la fiabilité de la filière française d’armement…

Pas dramatique en cette période de croissance

Mais tout baigne : Le petit fonctionnaire a pu passer deux jours tranquilles et Washington garde la main sur le jeu…

4 commentaires:

  1. Cette affaire est tellement pitoyable que même les blogueurs de gauche hollandolâtres sont restés à son sujet d'une discrétion exemplaire.

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    1. kobus van cleef21/09/2014 12:12

      en même temps,que vouliez vous qu'ils disent?
      on est gouverné par un bouffon?
      mais tout le monde le sait!
      eux aussi !
      eux surtout !
      mais le reconnaître ...le reconnaître , avouer qu'ils ont porté aux nues le président du conseil général des comices agricoles de corrèze ( plutôt que l'autocrate du zambèze )...ça ,non,ils peuvent pas..

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  2. C'est encore bien pire. Les poupes des navires ont été fabriquées en Russie à Saint-Petersbourg et livrées aux chantiers de Saint Nazaire pour être montées sur les BCP. En cas de défaut de livraison, les russes sont en droit (en théorie) de demander qu'on leur restitue les poupes des deux navires les rendant ainsi totalement inutilisables et donc invendables.

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    1. On a déjà fait les soudures... Les Russes ajouteront la facture à leur mémoire aux juges de Londres. Et pas au prix de la ferraille. Comme la justice british est à la fois vraiment indépendante du pouvoir politique et soucieuse de sa réputation mondiale dans les affaires, on en prendra plein la gueule tout en payant les frais de maintenance des 2 rafiots en rade sous séquestre pendant des années de procédure... Dans dix ans, devenus obsolètes, on les fourguera un ferrailleur indien ou pour un dollar symbolique à la Corée du Nord...

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