Jacques Bichot a publié le 3 Décembre sur Liberté Politique un article dont voici le début (un peu contracté) :
La réflexion publique sur la prise en charge de la dépendance s'engage sous de mauvais auspices : en déconnectant ce « cinquième risque » de l'assurance vieillesse, dont il devrait constituer un segment, on va ouvrir la fenêtre aux dépensiers auxquels la loi du 9 novembre a (presque) fermé la porte.
Comme souvent, l’astuce consiste à cadrer le débat de façon à en exclure la ou les vérités de bon sens. S’agissant de la dépendance des personnes âgées, voici la vérité que l’on occulte : devenir dépendant est une étape normale du processus de vieillissement, une étape par laquelle les êtres humains passent majoritairement avant de mourir, si bien que sa prise en charge relève tout naturellement de l’assurance vieillesse – dont on ne peut augmenter indéfiniment la facture.
L’assurance vieillesse fut à l’origine une assurance dépendance
Initialement, les pensions de vieillesse constituèrent une assurance contre le risque de ne plus pouvoir vivre de son travail, et par conséquent de ne plus être indépendant. Le dôme des Invalides se dresse au dessus du quartier des ministères, mais nul ne semble se souvenir que sa construction fut motivée par la volonté de fournir une fin d’existence décente aux serviteurs de L’État devenus incapables d’exercer leurs fonctions. L’invalidité, conséquence de blessures de guerre ou de la sénescence, est la première raison d’être de la retraite.
Celle-ci a depuis considérablement élargi ses fonctions : elle permet de bénéficier de très longs congés payés à un âge où il est encore possible de croquer la vie à belles dents. Les « jeunes retraités » exercent des activités bénévoles, voyagent, s’amusent, se cultivent, consacrent du temps à leur famille et à leurs amis : fort bien ! Mais est-ce une raison pour oublier que la retraite est aussi destinée aux personnes dont, l’âge venant, l’arthrose rend les déplacements difficiles, dont la vue baisse, dont l’ouïe décline, dont le cœur devient fragile, dont les vertèbres subissent des tassements successifs, dont les neurones ne fonctionnent plus correctement, ou qui luttent avec difficulté contre un cancer ou une maladie de Parkinson ?
La dépendance n’est pas réservée aux personnes âgées : on peut naître aveugle ou trisomique, perdre l’usage de ses jambes à 20 ans, souffrir d’une sclérose en plaques à 30 ans, ou être rendu inapte au travail à 40 ans par un accident ou une maladie. Mais ces inaptitudes accidentelles ne doivent pas être confondues avec celles qui proviennent du vieillissement. Leur couverture relève d’une assurance contre le handicap, contre les accidents de la vie. Cette garantie fait partie de l’assurance maladie et invalidité ainsi que de l’assurance accidents du travail et maladies professionnelles, tandis que les incapacités venues avec l’âge relèvent logiquement de l’assurance vieillesse.
Diviser pour dépenser
Pourquoi alors vouloir créer une branche spécifiquement destinée à un soi-disant « cinquième risque » ? Tout simplement parce qu’un risque nouvellement reconnu échappe à la discipline budgétaire qui s’impose à la couverture des risques anciennement étiquetés. Traiter la dépendance des personnes âgées dans le cadre de l’assurance vieillesse aboutirait nécessairement à des réformes de celle-ci plus vigoureuses que la loi du 9 novembre 2010 : il faudrait en effet trouver dans un relèvement de l’âge moyen de départ à la retraite les ressources requises pour réaliser les améliorations souhaitées de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Les dépensiers veulent éviter cela.
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