"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

mardi 15 mars 2011

Oui, Raspail est des nôtres…

Lorsque j’ai lu sur ILYS le billet commis par XP sur Raspail et son Camp des Saints, j’ai ressenti un certain euh… énervement. Il y a dans la réacosphère (et pas seulement…) des intellectuels, des bibliophiles de grande culture, des amateurs éclairés de la littérature qui ne peut s’écrire selon eux qu’avec un L majuscule. J’apprécie souvent leurs analyses et critiques que je prends pour argent comptant s’agissant de ce que je n’ai pas lu. Je sais qu’à bien des égards je ne leur arrive pas à la malléole et, pourtant, je ne m’estime pas inculte (sauf pour la musique^^)
Fort de leur vivacité d’esprit et de leurs talents, ce sont aussi parfois de grandes gueules qui négligent avec mépris ce qui ne relève pas à leurs yeux de la Littérature mais seulement de ces petites choses besogneuses qui se commettent depuis Gutenberg. A les entendre, la production littéraire respectable et utile se limiterait exclusivement aux œuvres dont la qualité littéraire indiscutable est reconnue par une élite de sachants. On est réacs mais on se croirait chez Bernard Pivot…
Il n’y a pas que l’élite non de Dieu ! (la preuve, déjà, il y a moi…) Et il n’y a pas non plus que des romans de gare ou de Christine Angot. Le style de Raspail est peut-être aussi lourd que celui de Jules Verne ou de Victor Hugo, aussi banal que celui de Wolkoff et sa prose moins élevée que celle de Psichari, mais elle donne du sens accessible au plus grand nombre.

Ascensio (the Stalker) peut bien étaler son savoir comparatif pour flinguer le bouquin, il est dans son job de critique Littéraire (n’oubliez pas la majuscule), mais XP m’a énervé. D’autant plus énervé que ma (très relative) vivacité d’esprit qui s’étiole avec l’âge jointe à mon inculture (sic) m’avaient retenu de poster un commentaire pour le seul plaisir de me faire descendre en flamme…

Merci donc à Aquinus pour son commentaire que je reproduis in extenso ci-après :
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XP, vous exagérez et cela vous fait dire n’importe quoi. Je suspecte que c’est parce que vous avez vu que votre grand ami J Leroy, tenait en haute estime Le Camp des Saints. Faut arrêter.
J’ai lu le Camps des Saints il y a 6 mois. J’ai été déçu par le roman, le style, la pesanteur. Parfois le bouquin me tombait des mains, les interminables descriptions de la foule indienne par exemple. Lourd. Certes.
Mais je vais vous expliquer en quoi c’est un roman occidental, d’autant plus précieux qu’il est écrit à une époque de basses eaux assez extrêmes dans notre pays.

1/ Raspail spécule sur l’avenir. Au moment où la France n’a jamais été aussi sereine, riche, active et tournée vers l’avenir (1973), il raconte une invraisemblable histoire de remplacement soudain de la population européenne par de misérables tiers-mondistes débarqués par bateau. Un fou, il est passé pour un fou et un illuminé raciste. 40 ans plus tard, c’est un prophète. Ca ne vous rappelle pas un peu Dostoïevski? Raspail est l’opposé d’un sociologue, il ne cherche pas à romancer ce qui est mais à deviner ce qui va être, et cela non pas au retour d’un voyage aux Indes mais simplement en regardant l’incroyable lâcheté des compatriotes qui l’entourent, de leur esprit livresque et figé.

2/ C’est lorsqu’il dépeint le portrait des Amis du Désastre qu’il excelle. Rien que pour ça faut lire le roman. Il invente Ségolène Raspail, Noël Mamère et Dominique de Villepin avant même qu’ils déboulent sur la scène politique. Il en dépeint les ressorts vicieux, il écrit à l’avance les dépêches AFP que l’on nous sert en ce moment même, les déclarations des lobbies. La lâcheté, la trouille, la couardise, les faux-semblants de ces gens, leur bassesse, leur trahison tout en se drapant de grands mots, y compris de la grandeur éternelle de la France – ce qui devrait vous mettre la puce à l’oreille. Raspail en 1973 flanque par terre la grandeur de la France et nous annonce 40 ans à l’avance qu’elle sera un fer de lance de l’éradication du peuple français. Là encore -> Dostoïevski.

3/ Il attaque là où ça nous fait, et là où ça lui fait, le plus mal : l’Eglise. Imaginez-vous un communiste s’en prendre ainsi au Parti dans un roman, ou un musulman au Coran? Non. Lui le fait, il peint les clercs de son temps en promoteurs numéros de la grande trahison et de la grande invasion, va jusqu’à débusquer leur hérésie, leur met des mots inouïs dans la bouche, les force à renier le Christ alors qu’ils agonisent et à révéler leur nature diabolique. C’est très saisissant et tellement vrai.
Pour toutes ces raisons et sûrement d’autres, comme le fait d’aller droit au but en nous plaçant devant notre futur : « tirer ou disparaître », Le Camp des Saints est un roman occidental. A lire et faire lire, par simple curiosité de lire un prophète de notre temps.

13 commentaires:

  1. Moi aussi ça m'a crispé donc voici mon avis sur la question: http://amiralwoland.wordpress.com/2011/03/15/xp-le-camp-des-saint-et-autres-considerations-sur-la-litterature/

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  2. D'accord avec vous, Plouc, ainsi qu'avec Aquinus, Dxdiag et Woland.
    Est-il encore temps de faire de subtiles distingo alors que l'heure est au rassemblement?
    Les malpensants ont-ils envie de perdre une fois de plus ?
    Je partage le coup de mou de Dixie .

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  3. Pas d'accord : un roman, un bon roman doit vous retourner un homme. Ce roman de Raspail ne convainc que des gens déjà convaincus. En cela il ne m'intéresse pas.
    Mais je comprends parfaitement votre énervement, par ailleurs.

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  4. "Est-il encore temps de faire de subtiles distingo alors que l'heure est au rassemblement?"

    Mais pourqoui voulez-vous que l'on se rassemble? Qu'est-ce que c'est que cette histoire?
    En quoi des textes devraient servir à ce ce que des gens se rassemblent?
    Vous oseriez demander à un peintre "à quoi sert sa toile" si elle est utile pour que les gens "se rassemblent"? Alors pourquoi n'accordez vous pas le même respect à ceux qui écrivent?

    Mais ceci dit, chère amie, ce billet sur Raspail s'avère très utile: il démontre que nous ne sommes absolument pas du même camps. Vous êtes dans celui des militants, qui vous rapproche plus de n'importe quel autre militant que de moi.

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  5. XP tel qu'en lui-même...

    Et on viendra nos dire que nous n'aimons pas la diversité !!

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  6. Ah ben vla ti pas que les billets sur ilys sont des oeuvesdart. Ben mon vieux j 'men étais point apercue à ctheure. Croyons qu cétait juste ben écrit et que j 'avions affaire à des articles.
    comme si qu 'jaurai confondu la joconde zavec les dessins à konk.

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  7. La Crevette – D’accord avec vous "dans l’absolu" (enfin, dans l’espace-temps hors sol du cœur et des tripes de chacun qui est unique…) : "Un bon roman doit vous retourner un homme" Ouais… Mais quoi retourne qui ? L’un reçoit la grâce devant une Piéta où derrière un pilier d’église vide, l’autre dans des latrines à Calcutta et les voies du Seigneur sont impénétrables…Réconforter "l’exilé de l’intérieur" qui se découvre n’être pas seul est déjà un peu plus que rien. Ressassement d’un discours que nous connaissons par cœur depuis des décennies, certes, mais le comparer au réel d’aujourd’hui peut éveiller le questionnement de quelques-uns uns. Qui sait ? Il y a tant de brebis perdues… Non contente de faire la moue quant aux "qualités littéraires" de la bête, en disant "ne convainc personne, donc ne m’intéresse pas", vous sortez de la "contemplation de l’Art" pour faire preuves d’un utilitarisme aux relents "libertarien" et de cette dérive militante qu’XP reproche à Carine ^^
    Sans rancune…

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  8. XP, c'est évident que les temps qui viennent clarifieront les choses.
    Nous ne sommes pas dans le même camp ? j'en prends acte.
    Pour moi, les textes (et toutes les formes d'art) n'ont de valeur que pour ce qu'ils disent et leur manière de le dire, bien sûr.
    L'art pour l'art, oui, bien sûr, sauf que c'est hors de l'espace et du temps et que cela n'existe pas. N'a jamais existé. Céline était un maître du style, mais il disait aussi quelque chose, que ce quelque chose plaise ou non. Il ne s'agit pas de l'occulter.
    Tous les grands artistes ont oeuvré pour quelqu'un, pour leur époque ou pour la postérité. Ou pour leurs ascendants.
    Mais jamais, jamais dans le vide.
    En tout cas, un art qui serait vide de sens (impossible) ne m'intéresserait pas.

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  9. oué Dxdiag ! Pour qui se prennent-ils en plus ^^
    Un peu d'humilité que diantre.

    Plouc: je ne dis pas qu'une oeuvre d'art (mais nous ne parlons pas des billets d'untel ou d'untel ici, si ?) doive être créée dans un but "utilitaire".
    Mais quand elle dit quelque chose (une idée, une émotion, un partage, une communication, un rebrousse-poil, une chair de poule, que sais-je…), n'est-ce pas tant mieux pour elle et son créateur ? Un artiste n'est pas obligé d'être un militant, mais les observateurs condescendants dans leurs tours d'ivoire n'ont jamais tenu bien longtemps.
    Laisser faire le sale boulot par les autres, je ne trouve pas ça très noble.
    Et un artiste, ce devrait être un être noble.

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  10. J'ajoute que Raspail n'a jamais eu de prétention d'artiste. Essayiste, écrivain, lui vont très bien et je pense qu'il s'en contente.

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  11. @Le plouc Emissaire

    "XP tel qu'en lui-même..."

    C'est comme ça que vous m'appreciez, avouez^^

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  12. Plouc : "vous sortez de la "contemplation de l’Art" pour faire preuves d’un utilitarisme aux relents "libertarien" et de cette dérive militante qu’XP reproche à Carine ^^ "

    .... vous avez raison. Le fait que moi, lectrice, cherche un sens, une signification, (parfois plus) dans un livre est normal. Ce qui ne l'est pas, à mon sens, est lorsque l'écrivain lui-même cherche à donner du sens à son oeuvre.
    Je ne sais si je me fais vraiment bien comprendre. Le sens d'une œuvre d'art, (livre, toile ou autre)surgit naturellement si l'artiste a réussi à faire (à peu près, jamais complètement) ce qu'il souhaitait dans sa forme.

    Or il me semble que Raspail était animé avant tout d'une volonté d'ameuter les personnes sur un problème(l'immigration massive en gros). Il n'était pas avant tout animé par le souhait profond d'écrire. C'est cela qui me gêne chez lui.
    Il n'est donc pas écrivain au sens strict du terme, c'est à dire un artiste. (parce qu'évidemment, Carine, un écrivain est un artiste! Au même titre qu'un musicien ou un peintre...)

    C'est tout ce que je voulais signifier : je ne remets pas en cause le bien fondé du livre de Raspail, mais il ne s'agit pas d'un roman au sens strict du terme.

    Maintenant, il est évident que je vous rejoins dans l'assertion "l'Esprit souffle où Il veut". N'importe qui peut être "touché" par n'importe quoi (ceci surtout d'un point de vue d'une illumination spirituelle). J'ai lu ces jours -ci la belle petite biographie de Bizot "Catholiques anonymes" et il décrit assez bien sa conversion à partir de réunions de catéchèse d'une médiocrité hallucinante...

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  13. « Raspail en 1973 flanque par terre la grandeur de la France et nous annonce 40 ans à l’avance qu’elle sera un fer de lance de l’éradication du peuple français ».
    La France trahie, manipulée comme une arme contre son propre peuple : quelle pertinence!

    «Il attaque là où ça nous fait, et là où ça lui fait, le plus mal : l’Eglise.»
    Ah ça... Bon, je file à Saint-Nicolas du Chardonnet.

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