Putain de temps à la con !
Je déprime… Jamais vu un temps pareil ici au mois
d’août ! La virée au vide-grenier de là-bas est à l’eau ; la brocante
d’ici est dans l’eau ; 9° sur la terrasse au petit-dej’ : 39° à
l’intérieur de Mr Dante et on
marche sur les Lego dans le bureau…
Même pas un bon remontant après la messe et le Magnificat
que les estivants chantaient faux…
Pour en être pardonné par la Madone, j’avais voulu - une fois n’est pas coutume
- aller me décaper le gosier au bar chic du douar de banlieue où c’est que sont
les snobs. Il est réputé pour ses coquetèles.
En fait, ils n’y connaissent rien, tout au plus la vodka-red-bull et ces sortes
de choses… Ça se dit barman et ça ne connaît pas le lansquenet blindé ! Il a fallu que je lui explique :
Trois doigts de rhum Négrita, deux doigts de cognac premier prix, tu patauges
un jaune d’œuf et deux feuilles de persil plat, t’ajoutes deux doigts de
curaçao pour la couleur, tu noies au Vittel-menthe avec un comprimé d’Alka-seltzer,
tu secoues au shaker et tu sers bien frappé avec une olive noire dénoyautée… La
taule était assez luxueuse et soucieuse de ses clients pour avoir un
défibrillateur dans le couloir du fond entre les portes encore marquée H et F,
mais le mec n’avait pas d’Alka-seltzer, j’te jure ! Et encore, j’avais été
raisonnable : en principe il faut ajouter un dé à coudre de tsouïca pour le goût et le coup de fouet
aux amygdales, mais même le barman du Ritz n’en a pas… Bref, même ça j’ai dû m’en passer…
Et l’autre con avec ses commémorations !
Rentré trempé mais le gosier sec, j’ai retrouvé la douce
tiédeur d’édredon que procure la certitude rassurante que le pays est
gouverné : Heureusement qu’avec le centenaire qui va durer quatre ans, il
y a aussi les septantièmes larmoyants ! Aujourd’hui, on célèbre le D-Day
bis de Provence. C’est toujours ça de pris. François II Pédalonaute soi-même a
donc présidé la commémoration entouré de douze rois nègres et de Son Altesse
Sérénissime le Prince Souverain de Monaco pour faire bon poids. C’est vrai
qu’on ne peut pas avoir à tous les coups la reine d’Angleterre, Obama et
l’autre, là, le dictateur du Kremlin ; ils ont déjà donné en ayant eu la
gentillesse de venir l’autre fois.
Bon. Sur les 450.000 hommes qui débarquèrent alors en
Provence, il devait bien y avoir quelques dizaines de milliers de tirailleurs
sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains. Donc, on a bien veillé à
ne pas mélanger les torchons et les serviettes :
Après que le ministre Kader Arif ait décoré une brochette
de gandouras, on a fait ce matin au Mont Faron une cérémonie "strictement nationale" pour rendre
hommage, vite fait, aux soldats alliés, aux FFI et aux résistants d’cheu nous. Comme on était sensés y
être "entre nous" et s’agissant de commémorer le passé, le Président
a pu se permettre d’affirmer sans risquer de faire rire l’assistance que "la France, cinquième puissance économique
mondiale entendait le rester"…
L’après-midi, en revanche, a été consacré à une grandiose
revue navale avec défilé aérien et un dîner
d’Etat offert à bord du porte-avions Charles De Gaulle aux chefs d’Etat
Tunisien, Camerounais, Burkinabé, Gabonais, etc., sans oublier le Prince volage qui n’est pas rancunier…
Heureusement qu’il y a ces obligations mémorielles pour meubler l’actualité si vide.
Tiens ! A ce propos, avez-vous remarqué qu’on ne
parle plus, mais alors plus du tout, de la composition de la Commission
européenne, des remplaçants d’Ashton, Van Rompuy, etc. ? Mais je m’égare…
Nous allons voir si les plus hautes autorités de l’Etat
sauront tenir leur rang dans les jours qui viennent :
- demain lundi 18 : 70° anniversaire de la
libération du camp de Drancy,
- vendredi 22 : centenaire des combats de Rossignol
(le jour le plus meurtrier de l’histoire de l’armée française ; 27.000
morts en 24h)
- dimanche 24 : 442° anniversaire de la
Saint-Barthélemy,
- lundi 25 : 70° anniversaire de la libération de
Paris et aussi du massacre de Maillé (un genre Oradour en Indre et Loire)
- mardi 26 : 225° anniversaire de la Déclaration des
droits de l’homme et du citoyen…
Espérons qu’ils n’oublient rien…
L’avantage de vous avoir écrit toussa, c’est que la pluie s’est arrêtée !
Bon, je sors…
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