Comme nous le savons, la commémorationite aigüe n’est pas une pathologie mais une forme d’action (à peu près la seule, d’ailleurs) dans laquelle nos actuels gouvernants font preuve d’une relative efficacité.
Il n’est
donc pas douteux qu’en dépit de la saturation qu’impose la nécessaire mais pas
suffisante liturgie post-Charlie, il
restera sûrement demain de la place pour célébrer le vingtième anniversaire de
la mort de François Mitterrand. Il me paraît impensable, notamment, que François
II Pédalonaute s’en tienne à un simple communiqué de l’Elysée pompant trois
ligne sur la notice Wikipédia de Michel Delpech. L’occasion est trop belle de
se poser en héritier et gardien du temple.
Bon.
Ceci-dit et, quoi que vous puissiez en penser, François-le-premier est une
figure considérable de l’Histoire de France. Un homme qui, pas sa seule volonté
et son savoir-faire, a transformé ce vieux pays et l’a fait entrer dans la
modernité. Un homme qui laissera sans doute avec le temps des traces aussi
indélébiles qu’un Napoléon et plus encore qu’un De Gaulle. Il mérite sa statue
sur toutes nos places de village. Oui Madame, oui Monsieur.
Rappelez-vous.
Après les années De Gaulle et Pompidou, Giscard ne fut que le Précurseur comme
les orthodoxes appellent parfois Jean le Baptiste. Giscard avait deux grandes
qualités : D’abord, il voulait faire moudern’
en étant le "Kennedy français", moudern’
par tous les moyens, à n’importe quel prix et au prix de n’importe quoi ;
ensuite, les ors de l’Elysée étant confortables, il a trouvé sympa d’endosser
les habits d’un monarque à la Louis XV, ce que n’auraient jamais imaginé ses
prédécesseurs mais qui a bien amorcé la pompe pour son successeur. Au demeurant,
quelque part, Giscard "y croyait" En dépit de son
addiction prioritaire à tout ce-qui-faisait-moderne, c’était encore en toute
bonne foi qu’il pensait agir dans l’intérêt du Pays et-pour-son-bien…
Mitterrand,
lui, a su faire faire à la France ce saut qualitatif brusque qui l’a fait
entrer d’un pas assuré dans le III° millénaire avec des institutions de fait que le Monde nous envie :
C’est
lui le premier qui, avec un art consommé, a réussi à remplacer l’ancienne
raison d’être, devenue obsolète de la politique
en générale et de l’action publique en particulier par une autre, nouvelle et d’une
efficacité redoutable :
Désormais,
grâce à lui, "L’objectif suprême n'est pas la chose publique - res publica -, le bien commun, l'intérêt général, mais avant tout la
conquête et la préservation du pouvoir ou de ses attributs. La politique en
tant que recherche du meilleur gouvernement possible de la cité passe au second
plan. Elle n'est plus principalement au service du pays, de ses habitants mais
avant tout d'une ascension personnelle."
Véritable
inspirateur de la vie politique française depuis sa mort, par son intelligence,
son état d’esprit, son mode de raisonnement, "il
s'impose comme la référence, le modèle indépassable des responsables
politiques contemporains, toute tendance confondue, de l'extrême droite à
l'extrême gauche, dans l'exercice du pouvoir comme dans l'opposition."
Après lui, plus rien
n'a été comme avant.
De Manuel Valls à
Marine Le Pen, de Duflot à Bayrou, de NKM à Bertrand, de Royal à Hollande, de
Juppé à Sarkozy, tous sont ses héritiers, tous sont ses disciples…
Je vous invite, si ce
n’est déjà fait, à aller lire chez Agoravox le billet de notre ami Maxime Tandonnet intitulé "Peut-on sortir du mitterrandisme".
Et puis de vous
remémorer (pas
commémorer, hein !)
le déroulé de ces vingt dernières années de politique française…
Bon courage…
j'attend qu'il commémore la mort de david bowie
RépondreSupprimerpourquoi pas , après tout?
chirac, le dernier roi fainéant avait fait un communiqué pour celle de michel petruciani en titrant "mort d'un grand pianiste" ( ouais , 50 cm , quoi )