S’agissant de la politique
industrielle, des gros mots comme "l’Etat stratège", toussa,
on a vraiment l’impression que l’impouvoir exécutif court de droite et de
gauche comme le lapin pris sur la route dans les phares de la bagnole… Je sais
bien que rien n’est simple, mais quand-même ! Quand on voit comment l’Etat
a, du jour au lendemain, "réglé le problème" dans le cas d’Alstom
Belfort, on a de quoi être inquiet ! Confronté au pied du mur à une
situation non anticipée par lui dans une entreprise dont il est actionnaire, c’est
en catastrophe et en dehors de toutes règles des marchés publics que l’Etat
passe commande à nos frais pour des centaines de millions de matériel inutile
et coûteux qui sera sous-employé. Et cela, en empêchant du même coup la
nécessaire restructuration de l’entreprise, pour le seul profit de différer
le transfert de 400 emploi à 200 km… Au moins jusqu’après les Présidentielles…
Après un coup pareil, on
peut se demander ce que Bercy et les communicants de l’Elysée vont nous
inventer pour les chantiers navals de Saint-Nazaire ! Là, le carnet de commande
est bien garni d’ordres à marges correctes et il n’y a pas a priori de risques
de suppression massive d’emploi à court terme. Encore que… Le problème est
plutôt celui du risque élevé de transfert de technologie ailleurs et de
détournement progressif des plans de charge vers d’autres cieux. Sans compter (mais si
quand-même), pour
la symbolique cocorico, de l’éventuel effet désastreux avant ces foutues
Présidentielles de l’arrivée d’un nouveau proprio exotique (ce qui
était déjà le cas) Vu le
cas d’Alstom, on peut s’attendre à ce que l’impouvoir actuel soit capable de
faire n’importe quoi pour peu qu’il puisse s’en vanter d’ici mai prochain…
Où
est le problème ? Le chantier naval de Saint-Nazaire et ses 2 600
employés, affiche une forme insolente, avec en carnet quatorze paquebots de
croisière à construire dont le plus grand du monde…
Oui mais voilà. Le chantier de
Saint-Nazaire est le principal site d’exploitation de STX France (siège
sur place) dont on a déjà
parlé à l’occasion du psychodrame (pas seulement psycho…) des deux vaisseaux polyvalents Mistral refusés aux Russes et bradés à l’Egypte
dans des conditions financières qu’on ignore (rassurez-vous pour STX, les con-tribuables
et l’Arabie Saoudite ont couvert la différence…) Et si l’Etat français est actionnaire pour environ 30%, l’affaire
appartient à 66% à STX Europe (Norvégien basé à Oslo), lui-même filiale de STX Offshore
& Shipbuilding (Corée du Sud), énorme constructeur de porte-conteneurs, pétroliers,
vraquiers, ferries, navires de guerre, etc. ; lequel n’étant lui-même que le
département naval de STX System Technology Excellence
(Séoul), conglomérat de
participations croisées également présent
dans le commerce international, les minerais, la construction et les énergies…
Or,
fortement endettée en raison de la
chute majeur des commandes de navires due au ralentissement prolongé du secteur
de la construction naval depuis la crise de 2008, STX Offshore & Shipbuilding, qui est côté en bourse, est dans une situation intenable et sous la
menace depuis avant l’été d’une procédure du genre liquidation judiciaire dans
son pays où ça ne rigole pas… Que faire pour reconstituer des liquidités, sinon
vendre STX France dont la bonne santé devrait rapporter gros ? C’est déjà
fait pour les chantiers de Lorient (repris par un arrangement
entre Français où la DCNS met au pot) Mais reste de très loin le plus gros morceau : Saint-Nazaire.
Et là, pour éviter une vente à la découpe qui serait l’amorce de la
mort lente du site, on ne voit guère d’autres perspectives que de voir
débarquer des Chinois (passque les Qataris, hein…), seuls aptes, s’ils le
veulent, à être les mieux-disant pour une opération de cette taille. Et STX
Offshore & Shipbuilding n’aura pas d’états d’âme pour leur vendre ses
parts…
Les petits bonshommes jaunes viendront alors pomper la techno avec
gourmandise et préparer le glissement progressif des commandes vers l’Empire du
Milieu. Joie de la mondialisation heureuse tant vantée par nos dirigeants. Et
pourtant, interrogés sur ce dossier par les journalistes économiques (il y en a encore qui font leur boulot mais on ne les voit pas au 20h), les gnomes de Bercy ont
évoqué que "L’Etat peut monter au capital pour
prendre la majorité de STX France le temps qu’il faudra"… Au prix fort…
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