On a vu se succéder
cette année nombre de "résultats surprises" lors de scrutins au
suffrage universel, résultats inattendus,
surprenants… Des résultats laissant l’opinion
publique "groggy", du moins si l’on en croit les commentateurs
autorisés… C’est ainsi, par exemple, que l’on a vu les scores de l’AfD dans
quelques élections locales d’Allemagne inquiéter
tout le Landerneau européen plus encore que ceux du FN en France pourtant plus
consistants. Il est vrai que l’Allemagne est une puissance sérieuse avec
laquelle il faut compter, alors que la Fwance, hein... Surtout, on a vu le
candidat "d’esstrême-drouâte" autrichien ne rater que de l’épaisseur du trait d’être élu Président
Il a heureusement été coiffé au
poteau grâce au sursaut citoyen d’une
multiplication jamais vue des votes par correspondance de dernière minute...
Et, apothéose dans le registre de la panique rédactionnelle, nous avons vu l’impensable
victoire du leave ouvrant la voie au "Brexit…"
Tout ceci est
contrariant. Ce qui l’est surtout, c’est que dans ces deux cas exemplaires de l’élection
présidentielle autrichienne et du referendum rosbif, on se trouve chaque fois
pas très loin du 50/50 avec au moins un des deux camps en présence se refusant
à tout compromis raisonnable avec l’autre… J’exagère sûrement pour les besoins
de la démonstration en ce qui concerne les Britishs, on peut leur faire
confiance pour arriver à un arrangement conforme à leur intérêt commun, fusse
sur le dos des électeurs. En Autriche, en revanche, le souci louable de
maintenir le vivrensemble nonobstant
l’Etat-de-droit semble les mettre dans une impasse… Les motifs bidon inventés pour repousser l’élection
n’ont qu’une explication : On se doute, voire même on est sûr, que le
résultat précédent sera inversé et que, dans cette hypothèse, le camp des
perdants ne l’acceptera pas ; et cela d’aucune façon !
Nous avons là une
preuve supplémentaire de la nocivité du principe consistant à confier au
suffrage universel direct le choix du personnage incarnant le pays et missionné
pour être le gardien de son unité. A fortiori, comme c’est le cas chez nous,
lorsqu’il est en même temps le vrai chef de l’exécutif en charge de gouverner selon
une politique…
Il n’y a pas que la
vieille Europe confrontée aux contrariétés découlant de la consultation
inconsidérée du bas peuple. Nous en avons aujourd’hui un autre exemple avec la
Colombie.
Le 26 septembre
dernier, après quatre années de négociations, le gouvernement de Bogotá a signé
un accord de paix avec les FARC. Aussi sec, toute la presse de l’entre-soi
bisounours a salué cette avancée et
on voyait déjà dans le Président colombien et le chef des FARC des lauréats du
Prix Nobel de la paix faisant un peu plus sérieux que bien de ceux couronnés
les années précédentes !
Las ! Cet accord a
été inconsidérément soumis à referendum populaire ce dernier dimanche 2
octobre. Bien qu’on ait fait ça vite-fait sans laisser aux acurabas locaux le temps de se poser de questions, l’accord a été
rejeté par plus de 50% des suffrages ! Surprise et incompréhension ! La
Colombie s’est réveillée groggy
titrait un quotidien…
Comment la moitié des
électeurs avaient-ils pu dire "non à la paix" après 52 ans de
massacres et de tueries ? Personne ne s’y attendait !
Au sommet de sa
puissance dans la période 1995-98, contrôlant alors d’immenses territoires, les
FARC commencèrent leur déclin avec la chute de l’URSS communiste (comme c’est curieux…) C’est alors que,
outre l’habituel vol de bétail, le recours des FARC aux enlèvements de civils avec
demande de rançons est passé au stade industriel pour compléter leurs
ressources qu’ils tiraient alors déjà principalement du trafic de drogue depuis
le début des années 1980. Parallèlement, ils se maintenaient grâce à la terreur
en ensemençant les villages de mines anti-personnel et en "recrutant"
de plus en plus d’enfants-soldat… Minés par les défections de cadres et les
désertions, les FARC en sont donc venues en 2012 à s’asseoir à la table des
négociations.
L’accord prévoyait
notamment la démobilisation de ses troupes amnistiées et leur retour à la vie
civile dans la "paix des braves"... Comment peut-on être contre ?
C’était oublier que si
les FARC sont bien issues de révoltes rurales remontant à loin (certes avivées par des
idéologues communistes mais néanmoins légitimes), ça fait au moins plus de trente ans que,
sous la façade romantique d’une guérilla militarisée ayant aligné jusqu’à
17.000 combattants, ce n’est plus qu’un gang maffieux vivant de la cocaïne et
de rapines en terrorisant les populations. "Détails" qu’ont voulu
ignorer leurzélites mais que le péon et le citadin de province ont vécu
dans leur chair depuis plus d’une génération !
Et ceux-là n’ont pas
accepté l’accord en raison des clauses stipulant non seulement qu’aucun des
membres de cette "armée du peuple" n’ira en prison mais que leurs
chefs et sous-fifres iront siéger au Parlement ! Sans doute en finançant
leurs campagnes électorales sur leurs ressources mises de côté ! **
Rassurez-vous, on va
trouver un arrangement. Tout le monde
y a intérêt.
Qu’en retenir ? –
Si vous voulez avancer, il ne faut
jamais consulter le peuple !
** [d’une étude portant sur
l’année 2003, il ressort que leurs "recettes" représentaient, en
millions de dollars, plus du double de leurs dépenses d’entretien des troupes
et achats d’armes...]
Fut un temps où une certaine jeunesse française braillait:"Crac, boum, tagada, anarchie vaincra!" et aussi: "élections, piège à cons".
RépondreSupprimerIl est aisé de se rendre à l'évidence, aussi bien en Colombie qu'en France, que le bordel est institutionnalisé et que les cons ne sont pas ceux que l'on croyait.
C'est pas grave. On fera voter et revoter les pas-si-cons jusqu'à ce que, de guerre lasse ou bidouille, le résultat soit conforme à la conformité.