Une fois
passé au scanner des experts les plus avisés, le garçon s’était révélé aussi
prometteur que Paul Gerbé l’avait soupçonné. Ce dernier décida alors d’être son
Pygmalion, de formater à sa main ce Schemeun qui était encore assez jeune pour
qu’il puisse le reprendre à zéro et
le modeler à sa façon. Il était persuadé d’avoir trouvé là le futur
mâle dominant qui saura poursuivre son œuvre diabolique. Et qui sera aussi le
bras armé, la prothèse, dont il aura besoin pour continuer à tout
contrôler jusqu’à la fin en dépit de son vieillissement inéluctable… mais
encore lointain… Il est vrai que l’implacable mécanique cérébrale de Gerbé
commençait à être un peu embrumée par l’âge…
On ne résiste
pas à Paul Gerbé. Et tout alla très vite. Il n’y a pas que chez les
Romanichels que certains vendent leurs enfants ou en louent l’usage. Solveig
Sweborg se retrouva manager d’une des
galeries d’art les plus en vue d’Upper East Side. Quant à Edmond Zorglub, il décrocha
contre toute attente la sinécure de chef du Bureau du financement des
industries culturelles au Ministère de la Culture, à la seule condition
expresse de ne pas traîner son épouse dans les cocktails officiels. Sabrina
divorça l’année suivante.
On ne
s’étendra pas sur la formation dont bénéficia alors Schemeun. Tout à la fois
scolaire et déjà universitaire, idéologique et dialectique, financière et commerciale,
littéraire et artistique, accélérée et approfondie, elle lui fut dispensée par
les meilleurs professeurs des écoles les plus cotées. L’élève était brillant et son adolescence peut se résumer ainsi :
- A quatorze
ans, "vu son éloignement et l’absence de parent 2" le juge des affaires familiales avait accédé à la
demande de sa mère d'en confier la tutelle à Paul Gerbé.
- A quinze
ans, il s’installa définitivement chez son mentor. On jasa, mais seulement dans
des milieux mal intentionnés qui ne comptaient pas. Et il obtint son bac cette année-là, avec mention
TB en candidat libre.
- A seize
ans, il était émancipé et Gerbé commença à imposer sa présence muette aux réunions
de travail et conseils d’administration de ses affaires.
- A dix-huit
ans, son adoption simple par Gerbé passa pour une simple formalité. Il
maîtrisait alors déjà tous les arcanes des affaires du vieux et les subtilités
de sa Fondation. Laquelle, à l’instar
de Jacob et Delafon ou BNP-PARIBAS s’appelait toujours Fondation Paul Gerbé et
Yvan Saint-Lolgenre.
Mais le temps
passait en faisant son œuvre.
- A vingt
ans, Schemeun appréhendait chaque jour que Paul se prenne les pieds dans le
tapis avec son déambulateur. Et, lorsque celui-ci tenait encore à assister à une réunion de conseil d’administration, il veillait toujours à rectifier lui-même son nœud de
cravate et à lui essuyer les lèvres avant de pousser le fauteuil roulant dans la salle…
Oui, à vingt
ans, c’était désormais lui, Schemeun Sweborg, qui gérait la fortune du vieux,
qui arbitrait les placements, décidait les investissements et contrôlait
l’affectation des fonds de la Fondation. Et cela en s’entourant de juristes, de
financiers, de consultants en marketing et de conseillers en opinion qui ne
s’inscrivaient pas toujours dans la ligne
souhaitée par la mouvance.
La
"mouvance" ? L’ensemble informel d’individus constituant la
clientèle de la galaxie Paul Gerbé. Il y avait certes là des gens brillants,
notamment dans le tour de table de la Fondation. Mais leur éclat ne tenait
qu’aux projecteurs complaisamment braqués sur eux et Gerbé ne les utilisait que
pour amuser la galerie. La plupart étaient en effet aussi vains et creux que
les seconds couteaux gravitant autour. Souvent issus des nurseries entretenues
par la fondation ou d’autres pépinières de cons comme Uneffable-Idée, ces seconds couteaux étaient rarement foutus
d’intégrer le secteur marchand. Ils constituaient une armée de parasites
subventionnaires vivant grassement sur la bête, rémunérés par des associations
sans contenus mais chouchoutées par les médias car porteuses de légitimes nouvelles revendications d’avancées sociétales.
Schemeun
restait très respectueux de la ligne idéologique promue par la Fondation. Mais,
soucieux d’efficacité, il n’hésitait pas si nécessaire à retirer son soutien à
tel groupuscule dès lors qu’il en estimait le rendement nul, voire contre-productif. Ce que Paul, de plus en plus
amorti, avait fini par renoncer à faire.
L’aigreur de la mouvance à l’égard de
Schemeun devint palpable lorsqu’il laissa tomber les Fémènnes, micro-bidule hystérique en déclin trop longtemps maintenu
à bout de bras. Ces pétasses n’arrivaient plus à recruter du sein neuf et les "sauteries"
d’un stock en dépréciation rapide n’émoustillaient plus personne.
Chacun dans
la mouvance craignit alors de perdre
un jour sa propre sinécure…
( à suivre... )
Alors c'est une femmène qui l'a flingue ?( avec un accent aigu, mais la tablette ne le fait pas....)
RépondreSupprimerOu alors une responsable d'une assoce spoliée ?
Dites pas que je me goure
Ne croyez-vous pas que ce serait trop simple ?
SupprimerVous m'avez l'air bien pressé que j'en finisse (moi aussi peut-être...)
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerKobus, cher ami, je vous aime bien mais je viens d’interroger ma Direction pléonasiquement réunie avec moi-même et la conclusion est sans appel : Nous agréons les commentaires, remarques, critiques et observations sur notre production "littéraire", mais refusons de publier ici, au-delà de 350 signes et espaces, les ébauches de feuilletons inédits produits par des tiers, aussi "intéressants" soient-ils. Et gratos en plus ! (en ces temps de crise, n’est-ce pas ?)
SupprimerPour ce genre de feuilleton, nous vous invitons donc à les publier sur une maison d’édition qui vous soit propre où nous les lirons avec beaucoup d’intérêt.
Bien entendu, ceci étant clair entre nous, il va de soi que nous comptons continuer à répondre à vos attentes comme à celle de notre vaste clientèle. Veuillez croire, blabla, etc.
350 signes, ça fait pas lourd
Supprimerme voici fort déçu
Gare à vous si je retrouve l'idée sous une autre forme dans le feuilleton de la vie de Scheumen......nous irions sur le pré....
Tiens, ça ne se fait plus, ça,en Afrance, aller sur le pré, on peut injurier les gens sur touitere comme l'assistant parlementaire du sénateur machin ( voir le blogueu de Koltchak),mais aller causer avec du fer à la main, entre 4 témoins, aux tristes aurores, c'est passé de mode chez l'élite....
Faut dire que c'était une tradi de gens qui se piquaient d'honneur, ce qui, est un peu incompatible avec les termes"élites" et "actuelles"
Pensez vous que je devrais ouvrir un blogueu ?
Mais j'aurais jamais la patience, voyons !