Ses parents
l’avaient appelée Solène et elle avait horreur de ce prénom.
Ils n’ont jamais
compris pourquoi. C’était un couple de leucodermes autochtones tout à fait très comme il faut. Lui était
encore jeune prof’ de SVT quand il a
rencontré sa compagne venue faire son stage d’élève-professeur de français moderne dans le même collège à Maubeuge.
Ils avaient très vite cohabité et
fini par se pacser après son deuxième
mois d’aménorrhée. Revenus par ancienneté
à Paris dont ils étaient originaires, ils avaient la chance d’habiter un appartement
coquet du parc immobilier de la Mutuelle des Educateurs, rue du Tibet-libre
dans le 20°. Ils échappaient ainsi à la contrainte d’habiter un pavillon en
placo’ à rembourser sur trente ans au milieu des Dupont-la-joie aux terminus
des RER…
Bien que
fidèle et hétéro, donc désespérément désuet, ce couple d’enseignants sans
histoire et syndiqué avait toujours milité au comité Toi qui viens, sois notre chance et "fait" toutes les
grèves et les manifs’ de la Bastille à la Nation. Lui ne manquait aucune
réunion spontanée des collectifs d’indignation
et elle donnait des cours de soutien individuels aux Enfants de la nouvelle Euro-Méditerranée. Soucieux de donner la
meilleure éducation à leur fille unique, ils suivaient attentivement sa
scolarité et lui faisaient partager autour de la table familiale leurs
soucis pour l’avènement de la sociale
avec une confondante bisounourserie.
Comment
pouvait-il leur être arrivé une chose pareille ?
La gamine
était bonne en classe mais avait un caractère rebelle qui commença à s'affirmer avec l’adolescence. Il ne s’agissait pas pour elle, comme souvent, de
prendre le contre-pied systématique de ses parents. Bien au contraire. Elle les
trouvait trop mous du genou dans leurs convictions, avec une volonté d’aller
plus loin encore, dans l’action sans faire aucune concession.
Après ses
années de fillette tranquille à l’école Jacques Prévert, on l’inscrivit au collège
Nelson Mandela de la rue Missak Manouchian. Pour situer, c’était le lendemain de
son entrée en cinquième que le prof principal avait infligé à sa classe une minute de
silence à la mémoire de Paul Gerbé décédé la veille. C’est donc à Delenda Nelson, comme maugréait dans sa
barbe le vieux Principal revenu de tout, qu’elle commença à suivre une bande d'allumées. Des petites hystériques aux hormones non régulées qui passaient leur
temps à mettre le bronx en classe et à susciter des débuts de grèves en cour de
récréation. Le tout en postillonnant des slogans auprès desquels les harangues
éructées quinze ans plus tôt par l’ancien ministre Mélenchon seraient passées
pour des homélies du Pape Benoît XVI.
C’est au
cours de cette période qu’elle imposa aux profs de l’appeler Sarah ; prénom qu’elle s’était
choisie elle-même. Elle déniait à quiconque le droit de l’appeler Solène,
prénom dont l’usage trahissait "une volonté petite-bourgeoise de maintenir
l'insupportable chape de plomb de la soumission aux règles écrasant ma liberté…"
Une fois en
seconde au Lycée Stéphane Hessel, elle sollicita son admission au sein du
mouvement semi-clandestin des GAF. Lorsqu’elle apprit qu’elle était cooptée,
elle pensa que c’était le plus beau jour de sa vie.
Les GAF, les "Gouines Antifa" comme leur nom l’indique,
menaient des actions courageuses et risquées indispensables pour l’avenir de l’espèce : Vandaliser les
dernières églises encore ouvertes, taguer les bâtiments municipaux, racketter
et tabasser à dix contre un ceux qui n’affichaient pas de conscience sociale, etc. Et cela en
bénéficiant de la passivité débonnaire
de flics dépêchés sur place pour assurer
leur protection contre d’éventuelles agressions
par des bandes de nervis obscurantistes. Eventualités toujours virtuelles,
les seuls étant venus une fois les importuner ayant été une brochette de traîne-savates
plus foncés qu’obscures à la
recherche de jeunes toubabes avides,
c’est bien connu, de frétillements clitoridiens et plus si affinité. Ils ont
été déçus.
C’est en
arrivant en fac que les choses commencèrent à se gâter.
Les GAF n’imposaient plus
leur loi. Elles n’étaient plus là que la moins musclée des multiples composantes des
forces de progrès. Quant à l’Uneffable-Idée
officielle, elle n’avait pas plus de poids et de volonté que François Hollande,
un éphémère polichinelle dont elle se souvenait que ses parents parlaient encore parfois à
table quand elle était toute petite. Désormais, pour agir, elle qui n’avait jamais négocié
devait composer avec les diverses sensibilités
du collectif "unitaire" auquel elle avait évidemment adhéré…
( à suivre...)
j'y suis
RépondreSupprimerle flinguage de scheumen lui a été imposé comme rite initiatique
à l'issue de la révolvérisation, elle pourra grimper dans l'organigramme de l'organisation ( de simple porteur-e de tablier à , par exemple ,chevalier porte glaive ou chevalière porte couilles ou sous sous sous sous maîtresse....)
bien......les jeunes révolté-e-s voire arrivistes de cette farine sont apprécié-e-s en haulieu ( comme il existe un haut mal ) , pas pour exercer des responsabilitées, mais comme chair à canon
N'écrivez pas la suite, c'est pas la peine...
Supprimermais j'ai pas l'intention d'écrire la suite
Supprimerc'est votre chez vous , je me garde bien d'être si discourtois
je ne fait qu'émettre des hypothèses
et repréciser certains trucs
tiens ,comment la flicaille de base s'est elle démerdée avec nos fruits d'afwique qui quémandait une 'tite allocation pour se purger de l'horrible vision du mort tout frais ? sur le mode "et kès qu'on voit pas de nos jours dans not' pauv' fwance msieur l'agent"
difficile pour l'enquéteur de les envoyer chier...quoique , il y a trois décennies un bref "estimez vous heureuses de pas avoir morflé une bastos perdue" aurait suffit mais en 34...