"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

vendredi 25 octobre 2013

Mûrissement et changements


C’était un de ces "amphis" bordéliques où toutes les sensibilités étaient réunies (entendez celles plus à gauche que la "gauche" laïque-(pré)islamique-mondialiste-friquée au pouvoir) Elle s’était emparée du micro. Sa jactance était parfaitement dans la ligne et aurait dû entraîner l’adhésion de la salle, que ce soit par conviction ou par crainte d’un retour de batte de base-ball. Or, sur plus de la moitié des travées avait régné un silence glacial. Malaise…
Le soir même, elle était convoquée au local (60 m² de bureaux mis à la disposition du "collectif"  par l’Université) A sa grande surprise, elle s’y trouva en face d’un véritable tribunal… Après l’avoir félicitée pour la justesse de son intervention, on exigea d’elle, dans l’intérêt de la Cause, qu’elle… change de prénom !
Pourquoi ? Confuses et alambiquées, les raisons invoquées ne satisfaisaient pas Sarah. A force d’échanges du tac au tac pour les contraindre à reformuler, elle finit par obtenir d'eux une réponse claire et nette : "- Sarah, ça fait juif ! On sait que tu ne l’es pas mais ça brouille tes messages pour la majorité des forces vives. Trouve donc autre chose…" Il y en a même eu un, le plus cultivé, qui lui a dit "- J’sais pas moi, appelle-toi Agar par exemple…"
Perplexe mais bonne fille prête à tout pour faire avancer la Révolution, elle repassa le lendemain pour annoncer qu’elle s’appellerait dorénavant Sophia. Elle tomba sur le permanent habituel. C’était un mec sympa qui avait bien dans les vingt-cinq ans. Il devait sans doute à sa nationalité indéterminée et à son statut de porte-parole du "collectif" sa bourse de quatrième première année de DEUG. Le gars gomma Sarah dans le fichier et écrivit Sofia. Comme elle le reprenait en épelant, il insista, trouvant qu’un "f" faisait mieux. "- Et pourquoi ne choisirais-tu pas plutôt Safia ? On pourrait-même l’écrire Safyah ?  En signant comme ça tes tracts, ça attirerait plus l’œil avec un a priori favorable…"
Elle l’envoya foutre et en resta à Sophia. Merde ! Déjà, Sophia était un pis-aller mais elle l’avait décidé. Point. C’était joli Sarah. Qu’est-ce qui leur a pris de dire que "ça faisait juif ?"
Pour Solène Sarah Sophia, ce fut sûrement le premier déclic…

C’est à partir de ce jour-là qu’elle s’est mise à regarder autour d’elle avec un œil neuf.
Elle n’avait jamais remarqué à quel point "le monde universitaire" dans lequel elle baignait n’était pas aussi "unitaire" qu’elle croyait. Il suffisait pourtant d’ouvrir les yeux pour constater que cette addition de guignols présumés "tous égaux" et interchangeables se répartissait en plusieurs groupes distincts qui ne se mélangeaient pas.
Le plus important - quantitativement - était celui où évoluaient ses potes Tarik et Toufik. Mais étaient-ils vraiment ses potes ? Ils savaient se montrer sympas et un brin enjôleurs parce qu’elle était assidue aux cours et leur forwardait ses prises de notes les vendredis et pendant le Ramadan. Mais à part ça ? Ils restaient dans leur groupe, entre eux. Et s’il lui prenait alors l’envie de les aborder, ils l’ignoraient ou, pire, l’éconduisaient avec un air de condescendance amusée. Ayant, comme le reste, "extrêmisé" l’euro-repentance institutionnelle distillée à la table familiale, elle ne s’en formalisait pas et trouvait ça compréhensible de leur part
Et voilà qu’elle commençait à se demander si elle n’était pas un peu conne…
Et puis, il y avait son groupe à elle, le "collectif unitaire". On n’y voyait pas de djellaba ou de burqa, seulement des jeans unisexe plutôt crades. Et une écrasante majorité de looks caucasiens comme disent les amerloques. Eux, au moins, consacraient le plus gros de leur temps et de leurs efforts à l’avènement de la justice, du vivre-ensemble, de l’égalité, de l’éradication des obscurantismes, du fascisme, des croyances religieuses, toussa… Bref, c’était bien.  Mais, pratiquement, ça se traduisait par quoi ? Ils ne faisaient que répéter inlassablement les mêmes slogans sur l’avenir métissé dans l’éternel futur. Des mots déclencheurs d’émotions comme la sonnette du chien de Pavlov. Répétées ensuite en boucle par les journalistes, ces formules souvent tautologiques devenaient des évidences ne faisant pas débat, personne n’osant passer pour un affreux en les critiquant. Et du coup, le Collectif se prenait pour l’avant-garde de l’Avenir…
Il aura suffi de cette bête histoire de prénom ou de pseudo pour qu’elle commence à se poser des questions sur son appartenance à ce groupe. Car en vérité, pourquoi étaient-ils tous gênés par son blaze de Sarah ? La réponse, il n’y en avait qu’une et une seule :

Le "groupe" de Tarik et Toufik. Ils en avaient peur

Ils en avaient peur, physiquement peur. Tout bien réfléchi, ces grandes gueules d’arrière-salle de cafés qu’elle admirait n’avaient jamais eu à argumenter, à démontrer, la justesse de leurs actes de foi qui allaient de soi. Seule la virulence de leur vocabulaire les distinguaient de ses parents et des molles autorités morales, mais sans plus d'effets concrets. 
Bien sûr, ils semblaient moins mous puisqu'il leur arrivait d'aller à la baston contre ceux qu’on appelait les fascistes. Mais ce n'était jamais à moins de trois contre un, rassurés par la présence complice de la police du pouvoir prête à intervenir s'ils ne prenaient pas le dessus. 
Mais en revanche, face à l’obscurantisme machiste des potes de Tarik et Toufik, ils regardaient ailleurs et "y allaient mollo" comme des diplomates compassés de la haute bourgeoisie. Finalement, ce n’étaient eux aussi que des tigres de papier.
A force de regarder le réel autour d'elle, Sophia se mit à "passer au marbre" l'une après l'autre les revendications auxquelles elle avait toujours adhéré. Et même à s'interroger sur ces fameux fachos si inquiétants et pourtant si rares en chair et en os... 

Quand on se met à enlever une pierre, tout le mur commence à se lézarder et les pierres à s’en échapper une à une. Six mois plus tard, il n’en restait rien et elle décida de s’appeler Soledad… 
( à suivre... )

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