Alain Resnais ? Mais oui mais c'est bien sûr ! "L'année
dernière à Marienbad"…
Je devais avoir quelque chose comme 18 ans. J'y suis allé tout seul. Ben oui, après Hiroshima... Donc sans greluche à "sortir" pour s'occuper les mains... Bref, je prends mon ticket. Déjà plus d’ouvreuse dans ce petit ciné "Art & Essais" décor rouge-sang-de-bœuf vieillissant à trois encablures de chez moi dans ma rue. Je me souviens qu’il a plus tard été remplacé par un commerce genre cave à grands vins et whisky. Ensuite, je ne sais plus… Bref, je m’installe. Une demi-douzaine de couples et quelques autres guignols dans la salle…
"L'année dernière à Marienbad", donc. L’écran s’allume. Je m'en souviens très bien : Au bout de trois minutes, je me dis "C'est le générique, l'action va commencer"... 10 mn après, idem : "C'est encore le générique, l'action va commencer"… Faut dire que je suis bon public. Plus tard ("pris par l’intrigue", je ne regardais pas ma montre…), je me suis encore dit : "Ne nous énervons pas, le générique est long mais ça va bien venir..." C’est alors qu’est apparu le mot FIN. La lumière est revenue et... j'étais tout seul dans la salle...
En plus, avec l'autre con à l'écran qui alignait ses allumettes devant Delphine Seyrig, j'avais une furieuse envie d'en gratter une pour m'allumer une clope….
Plus tard, bien plus tard, sans doute avais-je déjà 40
balais au compteur, un de ces soirs de désœuvrement solitaire en déplacement
professionnel, dans une chambre d’hôtel, j’ai allumé la télé… Y avait dedans que
ce qu’il y avait… C’est ainsi que pour ne pas mourir idiot j’ai regardé "Muriel"…
Qu’en dire ? Rien. Juste repenser à ce qu'écrivait
Michel Mourlet :
"L'objet le plus anecdotique se trouve sur le même plan que le plus
important" ; " Aucune
connaissance de l'acteur, aucun empire sur le décor, les éléments, aucun sens
du récit, rien que de pauvres petits essais d'intellectuels qui jouent
gravement à faire du cinéma" ; ou encore "que pour s'ennuyer une heure trente, d'un
ennui noir, dense, irrémédiable, des foules puissent piétiner devant la porte
et payer... C'est par des considérations de cet ordre que l'intérêt de L'Année dernière à Marienbad apparaît considérable"…
Bon, cépatout.
Donc Alain Resnais est DCD. A 91 ans, ça peut arriver à tout le monde. Vu le
palmarès du bonhomme et la nécessité de meubler
en ces temps de calme plat, on comprend que François se soit fendu d’un
communiqué en forme de nécro. Mais
que l’huitre de Matignon ait jugé nécessaire d’exprimer son "infinie tristesse", et la
sinistre de la kultur sa "profonde
émotion" à l'annonce du "décès
de cet immense artiste", nous montre une fois de plus qu’on ne
sait pas où s’arrêtera le dévoiement du sens des superlatifs dans la jactance
officielle.
Toussa pour causer du décès d’une personnalité dont le pronostic vital était quand-même
nettement plus engagé sous François
Hollande que sous Gaston Doumergue. Et sans qu’on puisse le reprocher au
Pédalonaute (à
Sarko, je sais pas)…
Faut dire que de nos jours, les politiques ne peuvent
plus se permettre de faire moins de bruit avec leurs bouches que tous les
pingouins boboïdes qui se dandinent dans le sérail, à qui en rajoutera plus que
le voisin.
Evidemment, Gilles
Jacob devait se distinguer : "-
Si l'Etat ne
fait pas à cet artiste modeste et modèle des funérailles nationales, ce serait
un abandon de gloire"… Mais
c’est vrai qu’il a joué son propre rôle dans "Grosse fatigue" de Michel Blanc…
Mais la palme revient quand-même à Pierre
Arditi : "- Je suis dévasté"…
Putain ! Quel adjectif aurait-il employé pour exprimer son ressenti
vrai si Resnais avait été brusquement et accidentellement emporté à 50 ou 60
ans ?
Bon, c’était le billet d’humeur du jour du Plouk-em’.
Rien qu’un billet d’humeur…
tiens, nous sommes parfaitement en phase, il me semble
RépondreSupprimerC'est par ton premier billet d'hier que j'ai appris cette perte immense...
SupprimerEt moi, dévasté que j étais , il m a fallu bien 36 heures pour en faire un petit billet
Supprimerje dirais bien qu'on a chacun les dévastations que l'on mérite...je ne connais pas ce monsieur et je n'ai jamais vu ses films ,l'un est dévasté par la mort d'un vieillard, l’autre est humilié parce qu'il a pris un but, les français sont racistes parce qu'ils préfèrent la potée au couscous, ou homophobe parce qu'ils font la différence entre une paire et un couple ...
RépondreSupprimerva falloir réécrire tout le dictionnaire pour donner aux mots, un sens qui permette de donner à des événements insignifiants , la portée inter sidérale que le socialisme leurs accorde .
et si ces grands blablateurs allaient planter les patates , c'est bientôt la saint Joseph; et cette action leur remettra les idées en place !
"L'année dernière à Marienbad", donc. L’écran s’allume. Je m'en souviens très bien : Au bout de trois minutes, je me dis "C'est le générique, l'action va commencer"...
RépondreSupprimerJ'allais justement raconter la même. C'était l'époque où on suivait la critique, film pour QI d'exception, Alain Robbe-Grillet, Lion d'Or à Venise..., pétaing que ce fut long !
Ouf, je me sens moins seule ! je n'ai vu que Marienbad et Hiroshima et franchement, je me suis autant fait ch..que dans un film de Bergmann et un livre de Duras,
RépondreSupprimerPour Bergmann ça se discute. Pour Duras... la seule chose que j'ai "lue", c'est son magistral petit roman : "La possibilité du semi-remorque", vu que c'est moi qui l'ai inventé pour les besoins du scénario d'une de mes "oeuvres divagatoires" publiée ici il y a bientôt 4 ans^^
Supprimerhttp://leplouc-emissaire.blogspot.fr/2010/07/diversions-sceniques-et-devoirs-de.html
et
http://leplouc-emissaire.blogspot.fr/2010/07/diversite-et-mesaventures-de-nestorio.html