"Si la capacité des cons à s'auto-éliminer ne doit pas être négligée, la volonté effarante du monde moderne et de l'Etat-providence à les sauver rend vain tout espoir de sélection naturelle"

"Il y a deux aristocraties : celle du haut et celle du bas. Entre les deux, il y a nous, qui faisons la force de la France.

lundi 7 octobre 2013

Rue Guy Môquet...



Schemeun Sweborg ne les avait pas vues venir, celles-là…

Chemisées d’acier recyclé dans les sous-sols bétonnés de la rue Vassil Levski à Sofia, elles avaient attendu bien longtemps dans l’obscurité d’une caisse en bois de chêne goudronné. Finissant par se convaincre qu’elles ne serviraient jamais à rien, elles s’étaient faites à l’idée de finir dans une unité de dépollution et de récupération de vieux métaux en application de quelque désarmant caprice onusien.
Pourtant, contre toute attente, elles furent un jour bousculées dans leur emballage de carton et sentirent qu’elles partaient en voyage, secouées au gré des souffrances de lames de suspension prêtes à rendre l’âme. Revint ensuite un temps où on les laissa reposer comme le bon vin. Elles, toutefois, ne faisaient pas de dépôt…Et voilà qu’hier soir des mains sont venues se saisir d’elles. Auraient-elles vécues dans le monde qu’elles auraient su qu’il s’agissait de mains féminines, des mains aux longs doigts nerveux, mais curieusement moites et fébriles. Ces doigts les ont sorties de leur boîte et mises en place, la première devant alors monter dans la chambre conformément à son destin…Et voilà qu’elles viennent de quitter la chambre, aussi sec, pour achever en apothéose leur carrière d’objets manufacturés.

Deux bastos de 9 mm Parabellum dans le buffet de Schemeun Sweborg. Deux...

C’est ainsi qu’on meurt parfois à vingt-huit ans. Un peu la faute à pas de chance. D’abord, le vieux Zastava M60 aurait pu s’enrayer. Il n’avait que très peu servi, une fois au stand de tir et il y avait bien longtemps. D’ailleurs, la fille aurait été bien incapable de le démonter et de le remonter. Ensuite, elle n’avait jamais tiré ! Bien sûr, elle le tenait à deux mains, comme elle avait vu faire dans un vieux reportage sur l’entraînement du GIGN, rediffusé sur la chaîne mémorielle Télé 29 (dans la série "Souvenez-vous des HLPSDNH")…
Elle tremblait comme une feuille et ça aurait dû partir dans tous les sens : La fille sur les fesses, poignet luxé ; avec peut-être, vidangées sur le trottoir, les tripes d’une ou deux afwicaines deux tonnes par essieux en boubous qui papotaient à trois heures de la cible…
Ben non. Aucun gaspillage…
Peu importe dans quel ordre à l’arrivée, les deux bastos étaient "létales direct" : L’une lui a explosé le sternum et pirouetté dans le poumon, l’autre a traversé le ventricule gauche (avec geyser, oh la belle rouge !) et transformé une côte en tas de cure-dents. Du bel ouvrage…
Comme les douilles étaient tombées dans le caniveau et que le cantonnier Malien avait ouvert la vanne en orientant efficacement la flotte avec son boudin de serpillère pour s’éviter de balayer, elles sont parties dans les égouts, de concert avec trois mégots et un préservatif usagé, au gré du flot d’eau sale et d’urine de chiens. 
"- Du travail de pro" qu’ils ont dit les flics…

C’était rue Guy Môquet dans le 17°, devant un magasin de produits exotiques. Il était exactement 19 h 41’ 32’’ et nous étions le 18 Dix 252. Ah oui ! C’est vrai que vous êtes gâteux et faites comme vos aïeux dont vous vous moquiez quand ils parlaient en anciens francs : Le 18 février 2041, donc… Dans un souci de respect de la laïcité, il y a un bail que la République a abandonné le décompte "Après Ji.Cé." au profit du point germinal suggéré par un certain Vincent Peillon, ce qui est d’ailleurs la seule raison qui fait qu’on se souvienne de lui. On a aussi abandonné les noms des mois, trop connotés antiquité gréco-romaine. Les chiffres, c’est plus pratique, même si les vieux se trompent souvent depuis que le 1°Un est l’ancien premier Mai pour mieux faire du passé table rase… Enfin bref.

Le 19 Dix au matin, une fiche relatant le meurtre figurait comme de coutume dans le parapheur de la ministre de l’Intérieur et de la prévention du vivre-ensemble. Térébenthine Duclos-Cantamerlo la parcourut, la tourna, la retourna, hésita encore et l’annota enfin d’un "SS" au crayon bleu : "Sans Suites"…
Il faut dire que Térébenthine était la seule ministre 100% leucoderme du gouvernement. Le Président Abderrahmane l’avait imposée au titre des quotas ethniques, mais avec un portefeuille régalien aussi important, cela avait eu du mal à passer. Sweborg étant aussi un leucoderme pur jus, Térébenthine avait donc jugé inopportun de faire diligenter une enquête par crainte d’être soupçonnée de conflit d’intérêt.
Il est vrai que les assassinats en pleine rue étaient si fréquents qu’on devait de plus en plus classer les affaires sans suites bien que les victimes soient presque exclusivement bronzées. Et cela faute de trouver encore assez de suspects suffisamment souchiens pour être présentables...

Pourtant, ce Schemeun Sweborg, ça lui disait vaguement quelque chose…  


(à suivre)

5 commentaires:

  1. Il y a du style...
    "les africaines en boubou deux tonnes par essieu" ayant ma préférence.

    Popeye

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  2. Voila le type "d'attaque" qui donne envie de lire la suite!

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  3. Pauvre Térébenthine !

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  4. kobus van cleef08/10/2013 20:47

    Moi aussi, ce nom à habiter en dehors du frankistan, Scheumen ( pour Schumann ? Maurice, peut être ?) Sweborg ( montagne suédoise ?), ça ne m'est pas inconnu
    J'attends que vous m'en disiez plus, qu'on puisse confirmer tout ce sentiment ( le déjà vu, déjà entendu, c'est comme l'insécurité, ça procède du sentiment)

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    1. Pour le patronyme, "Sweborg" est une contraction de "Swedenborg", principauté du Prince Eric de Serge Dalens.
      Pour le prénom, réponse dans la page d'aujourd'hui^^

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